La Stratégie nationale pour l’alimentation, la nutrition et le climat (SNANC) est un document stratégique qui constitue une feuille de route essentielle pour accompagner la transformation nécessaire de nos systèmes alimentaires face aux enjeux environnementaux, agricoles, sociaux et de santé publique. Elle est soumise à consultation publique jusqu’au 4 mai.
Cette consultation offre à chacun et chacune l’opportunité de s’exprimer sur les orientations proposées. Dans ce contexte, 58 organisations non gouvernementales, dont la CLCV, ont élaboré un carnet de décryptage et de recommandations : Carnet de décryptage_de la stratégie nationale pour l’alimentation, la nutrition et le climat (SNANC).pdf
Consommateurs, consommatrices, faites entendre votre voix ! Participez à la consultation publique avant le 4 mai
La SNANC pose des bases utiles, mais reste trop floue, trop peu dotée, et trop timide face à l’urgence de transformer notre système alimentaire. La CLCV et 57 associations et organisations formulent des recommandations pour renforcer cette stratégie, et encouragent les citoyen·nes à contribuer à la consultation publique en cours.
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Des fondements partagés, une dynamique interministérielle encourageante
La CLCV salue la cohérence générale de la SNANC avec les recommandations portées de longue date par la société civile. Un des points positifs majeurs est la volonté affirmée de ne pas faire reposer l’intégralité des efforts sur les seuls consommateurs, mais aussi sur les industriels, les distributeurs et le secteur de la restauration hors foyer pour améliorer la qualité des produits qu’ils proposent. Cette reconnaissance des responsabilités partagées est un pas important vers une transition plus juste et plus efficace.
Des insuffisances préoccupantes pour la santé publique
Certaines mesures ne sont pas à la hauteur des enjeux de santé publique actuels, comme le manque d’action visant à renforcer le cadre réglementaire pour réduire l’exposition des jeunes aux publicités pour les produits gras, salés, sucrés (publicité/marketing), ou la non-obligation d’afficher le Nutri-Score sur les publicités alimentaires dans les différents types de médias.Les engagements volontaires des entreprises, sans cadre contraignant, se sont déjà révélés largement insuffisants dans le passé. Il est urgent de passer à des mesures réellement structurantes, ambitieuses et opposables. Allez plus loin pour répondre aux enjeux
Mesures timides ou absentes, le carnet de décryptage insiste sur le fait que de nombreuses mesures, pourtant soutenues par l’opinion publique, devraient être intégrées dans la SNANC.
Par exemple, selon un baromètre Toluna Harris Interactive :
- 83% des Français sont favorables à l’interdiction de la publicité pour les produits alimentaires les plus nocifs pour la santé et la planète ;
- 90% des Français sont favorables à une obligation pour les distributeurs de limiter leurs marges sur les fruits et légumes et les produits biologiques ;
- 78% des Français sont favorables à une aide financière pour les ménages modestes pour pouvoir acheter des aliments bons pour la santé ;
- 85% des Français sont favorables à des campagnes encourageant à consommer moins de viande et à avoir une alimentation plus végétale ;
- 87% des Français sont favorables à un étiquetage environnemental sur les emballages des produits alimentaires, qui affiche une note sur les impacts écologiques et indique le mode d’élevage.
Par ailleurs, la SNANC ne présente ni plan d’action concret, ni budget dédié, ce qui affaiblit sa portée. Pour avoir un véritable impact, une politique publique de cette ampleur doit s’accompagner d’un calendrier clair, d’objectifs chiffrés, de leviers opérationnels et d’une mobilisation financière à la hauteur des enjeux. Les intentions affichées ne peuvent produire d’effets sans des moyens concrets pour les mettre en œuvre.
Autre faiblesse majeure : la gouvernance. Bien que la stratégie évoque un pilotage interministériel – indispensable vu la transversalité des enjeux – elle n’en définit ni les modalités ni les mécanismes de coordination. Les organisations signataires insistent sur l’importance d’une gouvernance claire, structurée et inclusive, associant activement les collectivités territoriales, les professionnels du secteur alimentaire et la société civile, afin d’assurer cohérence et efficacité.
Une stratégie qui manque de vision structurante pour le changement
La SNANC n’interroge pas en profondeur les logiques actuelles de production et de consommation. Elle reste timide face aux déséquilibres systémiques qui favorisent la production de masse, les produits transformés et les modèles intensifs. Une stratégie ambitieuse devrait soutenir activement les filières agricoles durables, valoriser les productions locales, et garantir un revenu digne aux agriculteurs engagés dans des pratiques respectueuses de l’environnement.
Les signataires du carnet de décryptage appellent à mieux articuler les dimensions sociales et environnementales. L’accès à une alimentation de qualité pour tous, en particulier pour les plus précaires, doit être au cœur des politiques alimentaires. Il est impératif de lutter contre les inégalités alimentaires, tout en favorisant des pratiques agricoles soutenables et la transition vers des régimes sains et respectueux du climat.
Nos recommandations
La CLCV insiste sur la nécessité d’encadrer strictement le secteur agroalimentaire pour des produits meilleurs pour la santé et l’environnement. Nous plaidons depuis des années pour un encadrement plus strict du marketing alimentaire ciblant les enfants, qui est essentiel pour limiter l’influence des industriels et des distributeurs. Les engagements volontaires des industriels sont très insuffisants pour assurer une prévention efficace. Une version antérieure de la SNANC faisait la proposition la plus ambitieuse jamais faite en France en matière de régulation du marketing ciblant les enfants : cette mesure doit être réintégrée. Nous recommandons l'interdiction de la publicité et du marketing pour des produits trop gras, trop sucrés et trop salés, en particulier lorsque ces activités ciblent les enfants. La CLCV milite également pour l’obligation d'affichage du Nutri-Score sur les emballages des produits alimentaires et dans toutes leurs publicités. Le Nutri-Score a fait ses preuves, il doit être généralisé.
Consommateurs, consommatrices, faites entendre votre voix ! Participez à la consultation publique avant le 4 mai
La SNANC pose des bases utiles, mais reste trop floue, trop peu dotée, et trop timide face à l’urgence de transformer notre système alimentaire. La CLCV et 57 associations et organisations formulent des recommandations pour renforcer cette stratégie, et encouragent les citoyen·nes à contribuer à la consultation publique en cours.
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Crédit photo : © timolina - stock.adobe.com