Satisfaits… Avec des réserves notables
Du 3 juin au 6 juillet 2024, l’Agence nationale de contrôle du logement social (ANCOLS) a recueilli auprès de 3 988 locataires leur avis sur leur quartier, leur logement, et leur perception du logement social de son attribution jusqu’à leur situation actuelle. Seuls les titulaires ou les cotitulaires du bail ont été interrogés. Ils habitent sur l’ensemble du territoire (zones tendues et détendues) et dans tous les types de quartiers ( quartiers en politique de la ville (QPV) et hors QPV). La première conclusion de l’enquête est que l’immense majorité des locataires interrogés apprécient leur quartier ainsi que leur logement, avec des résultats stables depuis 2021. Ainsi, près de 8 locataires sur 10 ont répondu être satisfaits (dont 45 % tout à fait) du quartier dans lequel ils vivent actuellement. Toutefois, cette satisfaction varie selon le type de quartier (QPV ou hors-QPV). Dans les QPV, la satisfaction est en moyenne de 70 % (dont 38 % de tout à fait satisfait), contre 85 % hors QPV (55 % de tout à fait satisfait). Le taux d’insatisfaction est particulièrement élevé en QPV (18 % de pas du tout satisfait, contre 6 % hors QPV). Cette amélioration peut être due à une accélération des réhabilitations en QPV via le renouvellement urbain, mais une étude approfondie est nécessaire pour en être certain.
Insatisfactions chroniques
Un des facteurs d’insatisfaction du logement est le nombre de pièces. Ainsi, 36 % des familles avec enfants considèrent ne pas avoir assez de pièces pour vivre convenablement, soit 3 fois plus que les personnes seules et les couples sans enfant. Mais la principale insatisfaction autour du logement est la vétusté (46 %), suivi du manque d’isolation (34 %). Il y a certes une amélioration sur la vétusté (61 % d’insatisfaction en 2022, soit une amélioration de 15 points), mais elle reste un problème majeur. Le recul du nombre de travaux (38 % en 2024, contre 43 % en 2023) est un indicateur inquiétant alors que le besoin en travaux demeure très élevé. Les travaux les plus fréquents demeurent la salle de bains et les fenêtres, même si l’on constate une hausse des travaux plus lourds tels que l’isolation et le changement des sols, murs et plafonds (20 % et 30 % respectivement). Concernant l’immeuble, le principal problème reste les pannes d’ascenseurs. 34 % des ménages indiquent que leur ascenseur est souvent en panne, et 43 % parfois en panne. Cela engendre directement une insatisfaction du logement. Ainsi 54 % des ménages où les pannes sont fréquentes ne sont pas du tout satisfaits de leur logement, et 29 % plutôt pas satisfaits. Concernant le quartier, les principaux problèmes demeurent la délinquance (53 %), et le voisinage (46 %). La situation est donc inversée par rapport à 2023 en termes de difficulté prioritaire mais demeure malheureusement haute. La propreté et l’entretien connaissent une légère amélioration (23 % en 2024 contre 25 % en 2023).
Difficultés financières critiques
La situation financière des ménages, elle est très négative. 59 % des locataires rencontrent des difficultés financières (dont 29 % souvent). 4 ménages sur 10 ont du mal à boucler leurs fins de mois depuis 2 ans, et 67 % depuis un an. La moitié des ménages fait face à des restrictions alimentaires (8 % ne mangent pas assez, et 47 % ne mangent pas toujours les aliments qu’ils souhaitent). 21 % des locataires estiment déjà être pauvres, et 23 % craignent de le devenir d’ici 5 ans. Ces craintes se reflètent au niveau des loyers. 25 % des locataires interrogés ont rencontré des difficultés pour payer leurs loyers en 2023, 13 % ont eu un impayé dans l’année. La situation est d’autant plus critique selon les régions (4 ménages sur 10 en Outre-Mer, 27 % en Île-de-France). L’impayé est directement lié aux difficultés alimentaires. 15 % des ménages en impayé sont inscrits à l’aide alimentaire, et 23 % indiquent ne pas avoir assez à manger. Cette situation est malheureusement vraie également pour les ménages sans impayé (8 % et 15 % respectivement). Face à cela, 52 % des locataires concernés ont obtenu une solution de leur bailleur, très largement un échelonnement de paiement des loyers (84 %), suivi d’un accompagnement social (11 %).
Les résultats du baromètre 2024 coïncident avec nos propres observations et vos remontées locales. Le nombre de litiges liés à des difficultés financières augmente, souvent en lien avec des charges très élevées ou erronées. Nous avons rencontré à ce titre le directeur général de l’ANCOLS le 27 janvier pour lui exposer nos inquiétudes. Il partage notre constat et souhaite travailler avec nous sur plusieurs sujets, notamment améliorer le signalement des bailleurs manquant à leurs obligations. Nous lancerons bientôt une enquête en ce sens pour que des contrôles chez les bailleurs soient mis en place rapidement.
Accédez à l'enquête annuelle sur les ménages du parc social 2024 de l'ANCOLS en cliquant ici
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