C’est quoi le sol ? 

Nous marchons dessus, nous bâtissons et cultivons dessus, mais le connaissons-nous vraiment ? Les sols, issus de l’altération des roches sous l’effet du climat, du relief et des organismes vivants, forment « l’épiderme de la Terre ». Épais de quelques centimètres à plusieurs mètres, ils ont été considérés pendant longtemps comme un support physique et un réservoir d’éléments minéraux nécessaires à la croissance et au développement des plantes. Aujourd’hui, la dégradation des sols est jugée comme une véritable catastrophe écologique. En effet, « en plus de produire 95 % de notre alimentation, ils fournissent silencieusement la quasi-totalité des services et des fonctions écosystémiques qui permettent à la vie d’exister sur Terre. Cette fine couche est responsable du nettoyage, filtrage et stockage de l’eau, du recyclage des nutriments, de la régulation du climat et des inondations ainsi que de l’élimination du dioxyde de carbone », rappelle-t-on aux Nations-Unies.

Un quart de la biodiversité mondiale et un immense réservoir de carbone

Le sol est un des principaux réservoirs de biodiversité, puisqu’il héberge environ un quart de la biodiversité totale de la planète. Des milliards d’insectes, de protozoaires, de bactéries, de champignons, de petits mammifères… vivent sous nos pieds. A titre d’exemple, un sol en bonne santé peut compter de 2 à 4 tonnes de vers de terre à l’hectare, soit 100 à 400 individus par mètre carré.

Sans oublier que « les sols sont les réservoirs de carbone parmi les plus importants de la planète. Ils contiennent 2 fois le montant de carbone contenu dans l’atmosphère et 3 fois celui contenu dans la végétation », indique l’organisme public de recherche IFP Energies nouvelles. Mais plus un sol est dégradé, moins il est capable d’absorber du CO2. En France, les stocks les plus élevés (plus de 100 tonnes de carbone par hectare) sont observés dans les zones de prairies notamment en Bretagne et les zones d’altitude (Alpes, Pyrénées, Jura, Vosges, Massif Central), suivies des sols forestiers. Les plaines de culture intensives, qui sont les plus dégradées, sont aussi les plus pauvres (25 à 50 tonnes de carbone par hectare).

75 % des terres dégradées dans le monde 

En 2018, le centre commun de recherche de l’Union européenne a estimé que 75 % des terres étaient déjà dégradées à l’échelle mondiale, avec une possibilité que 90 % des terres puissent l’être d’ici à 2050. Même constat dans l’Union européenne, où on estime qu’aujourd’hui environ deux tiers des sols sont altérés.

« Une superficie totale égale à la moitié de la superficie de l'Union européenne (4,18 millions km²) est dégradée chaque année, l'Afrique et l'Asie étant les continents les plus touchés. La perte de rendement des cultures due à la dégradation des terres et aux changements climatiques devrait atteindre environ 10 % au niveau mondial d'ici 2050. Cette perte de rendement se fera surtout sentir en Inde, en Chine et en Afrique subsaharienne, où la dégradation des sols pourrait réduire de moitié les récoltes. », indique le rapport.

Le sol, une ressource non renouvelable

On considère aujourd’hui que le sol est une ressource non renouvelable. Et pour cause : « un sol d’une profondeur d’1 mètre à 1,50 mètre se forme en 10 000 à 100 000 ans. », rappelle l’office français de la biodiversité.

Un véritable enjeu car chaque année en France, les sols perdent en moyenne 1,5 tonne de terre par hectare en raison du ruissellement des eaux. Une situation provoquée et aggravée par l’intensification de l’agriculture, le surpâturage, la déforestation et l’imperméabilisation.

De petits gestes pour un grand impact

Pour préserver le sol à votre niveau, vous pouvez dans votre jardin :

  • Apporter au pied de vos arbres et de vos massifs de fleurs, de la matière organique sous forme de compost maison (provenant de vos résidus végétaux compostés) ou de mulch (composé de tontes, de feuilles mortes…).
  • Limiter vos déplacements dans votre jardin les jours de pluie pour éviter les piétinements et les tassements. Un terrain compact n’est plus suffisamment aéré pour un bon développement de la vie du sol.
  • laisser les plantes spontanées et quelques « mauvaises herbes » s’installer sur votre terrain. Celles-ci aèrent les sols et leur rendent leurs propriétés.

Bon à savoir : rien d’anodin dans ces gestes puisqu’on comptabilise près d’1 million de jardins privés en France, soit près d’1,2 millions d’hectares.

L’artificialisation des sols

L’artificialisation des sols, soit le fait de transformer des sols naturels en espaces urbains (habitats, commerces, parkings, équipements publics…), est la première cause d’extinction de la biodiversité mondiale. Et en France, le problème est important. « Sur la décennie précédente (2011-2020), 24 000 hectares d’espaces naturels, agricoles et forestiers ont été consommés chaque année en moyenne, soit près de 5 terrains de football par heure. », rappelle-t-on aux ministères des Territoires, de l'Écologie et du Logement. Un phénomène qui affecte notamment les prairies, des écosystèmes très riches et qui représentent le premier type de milieux détruit par l’artificialisation. De la même manière, la construction de réseaux routiers fragmente les espaces et empêche les déplacements des espèces animales, donnant lieu à leur disparition sur le territoire.

Pour tenter d’enrayer le phénomène, la loi Climat et résilience votée en 2021 a pour objectif de réduire par deux le rythme de l’artificialisation des espaces naturels, agricoles et forestiers d’ici 2030 par rapport à la consommation mesurée entre 2011 et 2020. Et d’atteindre d’ici 2050, le « zéro artificialisation nette ».

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