Matériaux compostables, biodégradables : qu’est-ce que c’est ?
Un matériau biodégradable (papier, aliment…) se décompose sans intervention humaine, sous l'action d'organismes vivants (bactéries, champignons, animaux...) en dioxyde de carbone ou méthane, en eau et en biomasse. La durée de biodégradation dépendra de la quantité d'oxygène, du taux d'humidité et de la température. Ainsi un légume est biodégradable en quelques jours ou semaines, un papier en quelques mois et une canette en aluminium en plusieurs décennies.
Un matériau compostable est d'abord biodégradable. Il se biodégrade en un certain temps et dans des conditions définis par l’homme (temps, température). Le produit se transforme rapidement en un compost de qualité dans une plateforme de compostage industriel ou à domicile si ces conditions sont respectées. À l’inverse, un produit biodégradable n’est pas forcément compostable. Par exemple, une grosse branche d’arbre est biodégradable mais ne se composte pas.
Des matières plastiques « biodégradables » et « compostables » mais sources de pollution
D’après l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (Anses), même pour celles qui se revendiquent « biosourcées, biodégradables ou compostables », ces matières plastiques peuvent ne pas totalement se dégrader dans les composteurs domestiques. Ainsi, lorsqu’un particulier utilise son compost dans son potager, il est possible qu’il contamine l’environnement ou les cultures locales.
Stéphane Leconte, coordonnateur de l’expertise à l’Anses, explique : « Cette contamination peut provenir des différents constituants des matériaux, ou de microplastiques issus de leur dégradation. Les constituants concernés peuvent être des polymères, des monomères résiduels, des additifs ou des charges inorganiques présentant des dangers potentiels aussi bien pour la santé humaine que pour l’environnement. »
L’Anses recommande donc de ne mettre aucune matière plastique, même « biodégradable » et/ou « compostable » dans les composteurs domestiques et collectifs. L’agence appelle les consommateurs à privilégier la collecte et le tri de toutes les matières plastiques pour qu’elles soient compostées au niveau industriel, comme pour les autres déchets
Cependant, comme le rappelle un expert de l’éco-organisme Citeo dans notre enquête sur les emballages, le compostage n’est pas la solution de fin de vie idéale pour tous les emballages et devrait être limité aux emballages liés aux biodéchets (sacs de fruits et légumes, capsules et dosettes de café, sachets de thé ou étiquettes de fruits et légumes) : « Dans la hiérarchie des fins de vie, le réemploi et le recyclage sont plus pertinents que le compostage ».
L’interdiction du terme « biodégradable » en 2023
Point positif, la loi AGEC prévoit un encadrement de l’utilisation des termes « compostable » et « biodégradable ». Les produits et emballages en plastique dont la compostabilité ne peut être obtenue qu’en plateforme de compostage industriel ne pourront plus porter la mention « compostable » . Depuis le 1er janvier 2023, il est interdit de faire figurer sur un produit ou un emballage les mentions « biodégradable », « respectueux de l’environnement » ou toute autre mention équivalente.
La compréhension de ces notions par les consommateurs est essentielle afin de ne jamais laisser penser qu’un emballage dit biodégradable, compostable ou biosourcé peut se retrouver dans la nature sans lui causer de torts.
Avis de l’Anses. Rapport d’expertise collective : Usages de matières plastiques biosourcées, biodégradables et compostables. (Octobre 2022)
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