Une petite éolienne chez soi ? Pourquoi pas. Surtout si vous habitez à la campagne, dans une région ventée où « poussent » déjà les grandes éoliennes. Mais actuellement, c’est en milieu urbain que des commerciaux démarchent les particuliers pour leur vendre des éoliennes fixées en pignon ou en toiture… censées s’amortir par l’économie d’électricité.
Et là, de mauvaises surprises sont à craindre. En effet, la production électrique de ces installations est très éloignée des promesses des vendeurs. Des dommages peuvent survenir sur les pignons ou toits auxquels ont été fixés les mâts supports. Enfin, le fonctionnement des petits aérogénérateurs peut créer des problèmes de voisinage.
Déconvenues
Plus précisément, dans leur quasi-totalité, les installations de petites éoliennes en milieu urbain n’ont pas pris en compte la réalité physique des flux éoliens en environnement bâti : les vitesses de vent y sont bien plus faibles que dans la campagne avoisinante.
Pour retrouver la densité énergétique du vent observée à une hauteur de 10 mètres en rase campagne, il faut se placer à 45 m en banlieue et à 72 m en ville, comme le soulignent deux notes publiées par l'Association française des professionnels du petit éolien (AFPPE), qui regroupe les principaux acteurs de la filière dont Pôle Energies 11, l’association qui porte le site expérimental du petit éolien national, unique en France.
La fixation d'une éolienne au bâti (qui nécessite au passage le dépôt d’une déclaration préalable en mairie) est donc fortement déconseillée, pour plusieurs raisons :
- déjà réduite par la faiblesse du vent, la production d'électricité deviendra ridicule : un aérogénérateur ainsi installé fournit, au mieux, le quart des kWh attendus.
- les efforts transmis par le support de l'éolienne au bâtiment créent des efforts horizontaux qui entraînent des phénomènes de « déconstruction » dans le cas d'une fixation à des structures maçonnées.
Outre le gaspillage assuré de l'argent public (crédit d’impôt) investi dans le développement d'une énergie renouvelable, c'est surtout une grosse déception qui menace les particuliers en quête d’un investissement judicieux sur le plan environnemental.
La pertinence du petit éolien se vérifie quand la hauteur de mât est adaptée à un terrain bien dégagé. Un aérogénérateur installé sur un mât d'une vingtaine de mètres produira d'ailleurs la plupart du temps 50 % d'électricité en plus que la même machine placée à une dizaine de mètres.
Quelques conseils
Pour évaluer la réalité de l'argument commercial du type « l'éolienne va couvrir 40 % de votre consommation d'électricité », dites-vous qu'une bonne machine, installée dans les règles de l'art dans une région ventée, peut produire en moyenne 1 500 kWh par an et par kW (si l'éolienne affiche une puissance de 500 W, elle produira donc environ 750 kWh dans l'année). Ce chiffre peut être bien inférieur si l'on est au milieu des arbres ou en milieu bâti, les maisons voisines freinant le vent et générant d'importantes turbulences.
Aujourd'hui, faute d'un tarif d'achat du kWh pour le petit éolien, l’amortissement de votre investissement résultera des économies d’électricité à raison de 0,12 € par kWh non consommé sur le réseau. C'est donc avant tout une démarche militante, menée dans le cadre d'une réflexion sur la consommation et la production d'énergie à l'échelle d'un foyer.
Si vous entrez dans ce cas de figure, et que votre terrain se prête à l'éolien, vous pouvez vous lancer dans l'aventure en toute connaissance de cause… En n'oubliant pas de vous informer auprès de l'Espace info énergie (EIE) le plus proche de chez vous, seul service indépendant de conseil pour les particuliers.