Le principe consiste à compenser ses propres émissions de CO2 par le financement de projets de réduction d’autres émissions ou de séquestration de carbone. Il peut s’agir de la plantation d’arbres ou de soutien à des projets de protection d’écosystèmes naturels, bien souvent dans les pays en voie de développement.
Le recours à ce mécanisme par des entreprises soulève plusieurs difficultés :
1/ La neutralité carbone se définit selon le GIEC par le fait de séquestrer autant de gaz à effet de serre que nous en émettons, de manière à stabiliser leur niveau de concentration dans l’atmosphère et ainsi limiter l’augmentation de la température globale de la planète. Cette définition exclut en principe, une application de la neutralité carbone à une autre échelle et notamment au niveau d’un produit qui émet toujours des gaz à effet de serre durant sa production, son transport, etc. (voir en ce sens l’avis de l’ADEME sur la neutralité carbone ).
2/ La « compensation » permet en théorie aux entreprises de se contenter d’acheter des « crédits carbone » * sans forcément élaborer de stratégie de réduction à la source des émissions de gaz à effet de serre. Or, la réduction des émissions est le levier prioritaire pour réduire les effets du réchauffement climatique et limiter la hausse de la concentration en gaz à effet de serre dans l’atmosphère. La compensation ne peut jouer qu’un rôle subsidiaire.
3/L’efficacité de la compensation carbone sur la réduction des émissions de gaz à effet de serre n’est pas prouvée. Dans le cas de la plantation d’arbres en particulier, alors que les émissions de gaz à effet de serre générées par l’entreprise sont immédiates et permanentes, il faudra plusieurs décennies pour que le carbone soit absorbé au cours de la croissance de l’arbre, avec des risques qu’il soit relâché à cause de coupes ou d’incendies par exemple.
4/ Cette démarche volontaire n’est pas régulée et de nombreuses entreprises s’y engagent avec des niveaux d’engagements très variables. En France, la loi dite « Climat et Résilience » et l’un de ses décrets d’application impose dorénavant quelques critères minimums à respecter par les projets de compensation carbone** .
La compensation présente donc un potentiel élevé de pratique commerciale trompeuse : sa complexité, son caractère virtuel, sa fragilité rendent ce concept difficilement traduisible de façon loyale dans un message forcément très bref sur une étiquette, une affiche ou dans une publicité.
* Les crédits carbone certifient qu’un projet est susceptible de réduire, séquestrer ou éviter des émissions de carbone. Tout acteur intéressé peut en faire l’acquisition pour ensuite se prévaloir, parfois de façon abusive, des bienfaits du projet.
** Articles L. 229-55, R. 229-102-1 et D. 229-109 du code de l’environnement
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