1. Un arbre a besoin d’être élagué

« En arboriculture ornementale et urbaine, on parle de "taille" plutôt que "d’élagage". Ce dernier terme, l’élagage, est propre au domaine forestier. Les arbres ont-ils besoin d'être taillés ? Pas dans la nature. En effet, les arbres sont des êtres vivants génétiquement programmés pour gérer de manière autonome le développement de leur houppier* sans intervention humaine. Ils s’adaptent naturellement aux conditions de leur environnement, rendant la taille inutile en milieu naturel. Cependant, lorsque les arbres sont intégrés dans des milieux contraints (environnements urbains, espaces restreints, proximité de bâtiments, réseaux aériens, passages piétons et circulation automobile), des travaux de taille peuvent parfois devenir nécessaires au cours de leur vie. », explique David Chevet.

*Un houppier ou couronne est la partie d'un arbre constituée d'un ensemble structuré de branches situées au sommet du tronc.

2. Après une taille sévère, l’arbre est plus vigoureux 

« C’est tout le contraire qui se produit ! Un arbre est génétiquement programmé pour atteindre une certaine hauteur à maturité (selon les conditions de croissance). Une taille excessive déclenche plusieurs phénomènes :
- Le retrait d'un volume important de bois vert perturbe gravement son fonctionnement physiologique. En supprimant des branches charpentières*, des rameaux et, surtout, des feuilles, l’arbre perd une partie essentielle de son système (stockage de CO2, photosynthèse, production d'O2). Cette perte conduit à une diminution de sa masse et à l’épuisement de ses réserves.
- L’arbre va mobiliser une part importante de ses réserves pour reconstituer rapidement son houppier, afin d’atteindre de nouveau la hauteur pour laquelle il est programmé, sacrifiant ainsi d'autres besoins qui pourraient être cruciaux dans son environnement urbain. Cette croissance rapide peut donner l’impression d’une vigueur accrue, mais c’est une illusion.
- La reformation du houppier se fait de manière plus désordonnée. Les nouvelles branches se développent sur des zones affaiblies ou déjà altérées, souvent à la suite de la taille sévère sur de gros diamètres. En grandissant, ces nouvelles branches augmentent les risques de déchirures et de ruptures. Ainsi, l'arbre, souvent taillé pour des raisons de sécurité, devient en réalité plus dangereux qu’avant. », indique David Chevet.

* Les branches charpentières d'un arbre sont celles qui partent directement du tronc. Sur ces branches se développent des branches secondaires et des rameaux.

3. On ne peut tailler un arbre qu’en hiver

Nous sommes en effet beaucoup à croire que la bonne saison pour tailler un arbre est en hiver. Oui, globalement, mais tout dépend des travaux pratiqués. « Pour la plupart des tailles, il est conseillé d’intervenir en hiver, pendant la période hors feuilles. Il faut attendre que les feuilles tombent complètement et que les réserves migrent progressivement des feuilles vers les charpentières. Selon l’essence de l’arbre, ces réserves s’accumulent ensuite à la base des charpentières ou dans le bas du tronc, prêtes à remonter au printemps pour favoriser la croissance de l’arbre. Il est donc essentiel de ne pas tailler trop tôt et de respecter la période idéale, généralement de novembre à fin février, en fonction des conditions météorologiques. Cependant, les tailles d’entretien dites « architecturées » sur bois vert (comme les tailles en rideau) peuvent également être pratiquées en été, de juin à août. Pour des interventions de retrait de bois mort, dans le cadre d’une taille de mise en sécurité, celles-ci peuvent être réalisées toute l'année. », indique David Chevet.

4. L'étêtage ne nuit pas à la santé des arbres, bien au contraire 

L'étêtage est une intervention qui consiste à supprimer la cime voire tout le houppier d'un arbre. Comme l’indique la société internationale d’arboriculture : « L’étêtage constitue probablement la méthode de taille la plus dommageable qui soit pour les arbres. Et pourtant, cette pratique demeure courante ». En effet, l’étêtage déclenche un mécanisme de survie : l’arbre active les bourgeons dormants, forçant la pousse rapide de nombreuses tiges pour produire rapidement de nouvelles feuilles en compensation. L’arbre s’affaiblit, et les jeunes branches fines et cassantes augmentent les risques de chutes et de casses. C’est d’autant plus contre-productif qu’à terme, l’arbre pousse plus haut que la cime originelle, ce qui nuit à l’intention première : réduire sa hauteur !

En plus, « une réduction drastique pose de sérieux problèmes pour l’avenir de l’arbre. En réponse au manque de feuillage, il va produire rapidement de nombreux rameaux, ce qui entraîne plusieurs symptômes : feuillage de grande taille, abandon des zones où la circulation de sève est coupée, diminution des réserves, mortalité de certaines branches et racines, et dégradation rapide des tissus endommagés. Cette fragilisation rend l’arbre plus vulnérable à long terme et peut même le rendre potentiellement dangereux. », ajoute David Chevet.

Des obligations en matière de taille

Il est possible de faire pousser librement vos arbres, à condition de respecter certaines règles. Tout propriétaire ou locataire est en effet tenu de tailler ses arbres avant qu’ils ne deviennent une gêne pour le voisinage.

Votre voisin peut ainsi vous contraindre à les tailler, mais il n'a pas le droit de les couper lui-même.

Vous avez également l’obligation de couper les branches qui dépassent sur la voie publique (gêne pour le passage sur les trottoirs, la circulation des voitures). Si l’entretien n’est pas effectué, la mairie peut s’en charger et vous demander le remboursement des frais.

De la même manière, si l’arbre en poussant se rapproche d’une ligne électrique, la commune ou les réseaux en charge ont le droit de couper les arbres et les branches proches.

Sachez-le : vous êtes responsable des arbres présents sur votre terrain et des accidents qu’ils pourront entraîner, notamment en cas de chute de branches.

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