Les chenilles processionnaires, qu’est-ce que c’est ?

Deux espèces coexistent en France métropolitaine : la chenille processionnaire du pin, originaire du pourtour méditerranéen et qui colonise principalement les pins (pin sylvestre, pin noir, pin parasol, pin d’Alep, cèdre de l’Atlas…) et celle du chêne, commune en Europe centrale et du sud, que l’on retrouve sur les chênes pédonculés et sessiles. Classées comme nuisibles depuis avril 2022, « ces deux espèces ont été identifiées sur l’ensemble de la métropole. Il n’y a plus aucun département qui échappe à l’une ou l’autre de ces espèces. », rappelle l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (ANSES).

Ce n’est pas tant sur la forêt qu’elles posent problème (leur présence peut influer sur la croissance de l’arbre et l’affaiblir, mais n’amène pas à sa mort), mais plutôt sur les risques pour notre santé et celle de nos animaux domestiques (chiens et chats).

Quels sont les risques ?

Les risques proviennent essentiellement de leurs poils urticants, qui contiennent une protéine toxique (thaumétopoéine) très irritante. Il n’est cependant pas nécessaire de toucher directement une chenille pour être en contact avec ses poils, car ils se détachent très facilement et sont extrêmement volatils. Ils peuvent ainsi être respirés ou entrer en contact avec les yeux.

« Même hors saison, le risque existe : les nids vides contiennent une grande concentration de poils urticants détachés. Les nids se délitent aussi au fil du temps, et le vent dissémine leur contenu irritant. Dans un cas sur deux, les personnes touchées n’ont pas vu de chenilles. Elles ont été exposées à des poils déposés par le vent sur leurs habitats, le pelage d’animaux, du matériel de jardinage, une terrasse... », explique-t-on à l’ANSES.

Quels sont les symptômes ? 

Dans 90 % des cas, le contact avec la peau est bénin. La toxine libérée provoque une réaction semblable à une piqûre d’ortie qui disparaît au bout de 2 ou 3 jours. C’est en cas d’exposition importante que le système immunitaire peut s’emballer, entraînant une perte de connaissance.

Le contact avec les yeux provoque des larmoiements, des rougeurs ou des gonflements de paupières, et dans les cas les plus graves, des lésions de la cornée et des troubles persistants de la vue.

En cas d’inhalation des poils, une gêne respiratoire avec une toux, un nez qui coule, des éternuements voire une crise d’asthme peut survenir.

La mise à la bouche d’une chenille chez les jeunes enfants peut entraîner un œdème du visage et de la gorge et des difficultés pour respirer. En cas de perte de connaissance, d’asthme…, appelez le 15 ou le 112.

Les animaux les plus touchés

Les animaux domestiques (92 % des chiens, 7 % des chats) sont les premières victimes des chenilles processionnaires. À leur contact, qu’elles soient mortes ou vivantes, les conséquences peuvent être dramatiques et aller de l’inflammation jusqu’à la nécrose de toute la région buccale. Un chien peut vivre avec la moitié de sa langue, mais si celle-ci est amputée complètement, il ne pourra plus s’alimenter ni s’hydrater.

Comment repérer leur nid ?

Les chenilles processionnaires ont la particularité de se déplacer en file indienne (d’où le nom de processionnaire) et de vivre en groupe. Elles tissent leurs nids en fils de soie blancs (petits amas blancs et cotonneux dans les arbres) aux extrémités des branches hautes et en sortent la nuit pour manger les feuilles ou les aiguilles. Si celle du chêne reste dans l’arbre jusqu’à devenir papillon, celle du pin descend le long du tronc pour s’enfouir dans le sol et y faire sa chrysalide.

Quelles sont les périodes à risque ? 

Il existe une saisonnalité d’exposition et les deux espèces n’ont pas la même : de janvier à mai (avec un pic en mars) pour les chenilles du pin, et d’avril à août (avec un pic en juin) pour celles du chêne. Des « périodes qui peuvent cependant fortement varier selon les aléas climatiques avec des processions parfois dès octobre », rappelle l’observatoire des chenilles processionnaires.

La période la plus à risque reste celle où les chenilles du pin migrent des arbres au sol. À ce moment, on les retrouve par centaines dans les forêts de pins sur les troncs et à même le sol.

Prévention : quelques recommandations

À ce jour, il n’est ni possible, ni souhaitable (car elles participent à l’équilibre des écosystèmes) de les éradiquer. Seule la mise en place de certaines pratiques permet leur gestion.

Pour se protéger, il est important de :

  • ne pas s’approcher des processions quand elles ont lieu, ne pas toucher les chenilles vivantes ou mortes les troncs d’arbres, ni les nids récents ou vieux.
  • éviter de se promener dans les parcs et les jardins où des arbres sont atteints, surtout lors des jours de vent.
  • ne pas faire sécher son linge à l’extérieur (vent fort) si des arbres sont infestés à proximité et de bien laver les fruits et légumes cueillis et récoltés.
  • porter des vêtements longs dans une forêt de pins (de janvier à mai) ou de chênes (d’avril à août) et de tenir son chien en laisse.
  • poser des nichoirs pour favoriser la présence de prédateurs naturels comme la mésange charbonnière (mangeuse de chenilles processionnaires par excellence) ou les chauves-souris.

Comment réagir en cas d'exposition ?

Si vous pensez avoir été exposé aux chenilles, prenez une douche et changez de vêtement. Vous présentez les symptômes d’une exposition (rougeur, larmoiement, démangeaisons par exemple) appelez un centre antipoison ou consultez un médecin. En cas de perte de connaissance, de réaction allergique, détresse respiratoire…, appelez le 15 ou le 112. Si c’est votre animal de compagnie qui est touché consultez un vétérinaire ou appelez un centre antipoison vétérinaire.

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