Cartes de fidélité : à utiliser avec précaution

« Vous avez la carte du magasin ? » Combien de fois vous a-t-on posé la question ? Les cartes de fidélité dans les enseignes sont devenues légions et à chaque passage en caisse, elles vous sont demandées ou proposées. Si elles vous permettent de bénéficier d'avantages, il est néanmoins nécessaire de les utiliser de manière réfléchie.

Une carte de fidélité est censée récompenser votre fidélité. Pour l'obtenir, rien de plus facile. Gratuite ou payante moyennant quelques euros, elle se demande en caisse ou à l'accueil du magasin, en échange de vos coordonnées et parfois certaines de vos habitudes de consommation. Tout est étudié pour qu'en moins de cinq minutes, vous repartiez avec. Ensuite, le principe est simple : à chaque passage en caisse, vous la remettez à l'hôtesse de caisse pour cumuler, en fonction de vos achats, des points, voire des euros au sein d'une cagnotte. Ces derniers vous permettent, au bout d'un certain nombre de passages, d'obtenir des bons d'achat, des cadeaux ou de payer une partie de vos courses avec. Elle donne aussi lieu à des opérations spéciales (invitations à des soldes privés, à des concerts…) et à des services (retouches, livraisons gratuites, envoi d’un magazine…).

Le but : vous faire consommer

Bien évidemment, plus vous dépensez chez le même commerçant, plus vous êtes récompensé et plus vous aurez envie de renouveler vos achats chez lui. « L’objectif des enseignes, à travers ces cartes, est de décourager le plus possible le consommateur d’aller voir ailleurs. Cela crée un sentiment d’engagement, qui est d’autant plus fort lorsque la carte est payante car cela crée le besoin de la rentabiliser. Le client renonce ainsi à son pouvoir de comparer les prix », explique Olivier Gayraud, juriste à la CLCV. Ces cartes orientent également vos choix en augmentant le nombre de points gagnés sur certains produits. Le but des enseignes : écouler leurs stocks et augmenter leur marge sur certains produits. Sans oublier qu’à chaque passage en caisse, elles dressent le portrait de vos habitudes de consommation, proposent des offres ciblées et des réductions sur des produits que vous êtes susceptibles d’acheter, incitant à l’achat.

Méfiance sur vos données personnelles

Cette « générosité » a également un autre revers : l’exploitation de vos données personnelles. Pour éviter d’être assailli par des offres en tous genres, questionnez-vous sur ce qu’il va advenir de vos données personnelles au moment de la souscrire. Vous êtes protégé, en tant que consommateur, par le règlement général sur la protection des données (RGPD). Encore faut-il que vous soyez averti de vos droits. « Lors de la collecte de votre e-mail, de votre numéro de mobile et d’autres informations, le professionnel qui crée votre carte de fidélité doit vous informer sur l’utilisation de vos données personnelles. Vous avez notamment le droit de refuser qu’elles soient transmises à des tiers pour l’envoi d’offres promotionnelles ou de bons de réduction », précise Olivier Gayraud.

Gare au crédit

Certaines cartes sont couplées à un crédit à la consommation, avec une somme disponible immédiatement pour payer vos achats. Il s’agit de crédits renouvelables avec des taux d'intérêt importants de l’ordre de 18 % environ. « Ils sont onéreux et n’ont potentiellement pas de fin, car au fur et à mesure que vous remboursez, la capacité d’emprunt se reconstitue. Il suffit qu’à la caisse, on vous demande si vous souhaitez payer tout de suite ou plus tard, pour que le crédit se déclenche. Il est important de rester prudent, car ce type de carte et de financement augmente fortement le risque de déstabiliser son budget et de se laisser tenter par la surconsommation », indique Olivier Gayraud.

* L'hameçonnage ou phishing en anglais est une technique frauduleuse destinée à leurrer l'internaute pour l'inciter à communiquer des données personnelles et/ou bancaires en se faisant passer pour un tiers de confiance.

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