Depuis le 1er janvier 2017, la loi d'avenir pour l'agriculture, l'alimentation et la forêt (LAAAF) interdit la vente des pesticides chimiques les plus à risque dans les rayons en libre-service. Le consommateur ne peut donc pas se servir
lui-même. Dans les magasins, enseignes spécialisées ou non, les pesticides chimiques doivent être placés dans un espace dédié, non directement accessible à la clientèle. Un conseiller doit obligatoirement être présent pour assurer leur commercialisation après avoir délivré les conseils d’utilisation spécifiques. Seuls les produits dits « biocontrôlés », dont la liste est clairement définie, peuvent être commercialisés en libre-service.
La CLCV, avec son réseau de bénévoles, a réalisé, du 31 mars au 31 mai 2017, une enquête « client mystère » afin de s’assurer du respect de la réglementation : 158 contrôles ont été effectués dans les principales enseignes françaises
de 32 départements, 79 % d’enseignes spécialisées (Mr. Bricolage, Bricomarché, Castorama, Jardiland, Truffaut, etc.) et 21% de grandes surfaces disposant d’un espace dédié au jardinage.
Principal enseignement : 44 % des enseignes sont en infraction avec la réglementation puisqu’elles proposent à la vente, dans leur espace libre-service, des produits dangereux qui ne devraient être vendus que par un vendeur spécifiquement formé. La grande distribution est la plus mauvaise élève avec 49 % des produits contrôlés interdits d’espace libre-service, contre 30 % dans les enseignes spécialisées.
Dans les espaces dédiés avec vendeur - quand il y en a un -, dans 36 % des cas, ont été complètement passés sous silence des éléments essentiels comme la présence du chien, du potager, les protections à prévoir (masque, gants, …) ou la méthode d’utilisation (pulvérisation par temps sec, nombre d’utilisation, …).
Face à ces résultats, la CLCV demande au ministre le renforcement des contrôles et la suppression des espaces en libre-service avec, a minima, la mise sous-clé obligatoire de tous les pesticides ; la prise d’engagement officielle par l’ensemble des enseignes qui vendent ces produits de les retirer des rayons avant l’interdiction de 2019, et la formation des vendeurs pour que de vrais conseils soient fournis à chaque consommateur. Par ailleurs, une interdiction totale de la vente de ces produits (hors bio-contrôlés) sur Internet s’avère indispensable.
Pour rappel, 66 600 tonnes de produits phytosanitaires sont utilisées en France chaque année, selon les industriels de la filière. La France est le deuxième plus gros consommateur de ces produits en Europe, après l’Espagne. Les pesticides suscitent à la fois des questions et des inquiétudes chez les consommateurs. Depuis plusieurs années, la CLCV dénonce le fait que les particuliers puissent acheter et utiliser ces produits dont l’utilisation nécessite des connaissances et des précautions. Les pesticides chimiques présentent à la fois un risque sanitaire et environnemental.
Consulter et télécharger le dossier de presse :
Dossier de presse - enquête pesticides (CLCV, juillet 2017) (PDF, 1,2 Mo)