Plusieurs enseignes proposent à leurs clients des distributeurs permettant d’acheter en vrac juste la quantité nécessaire du produit. La France compte plus de 400 magasins spécialisés vrac, 88% de magasins bio équipés d’un rayon vrac et 70% des grandes et moyennes surfaces équipées d’un rayon dédié, selon le Réseau Vrac.
Qu’est-ce qu’on achète en vrac ?
Une large gamme de produits est disponible : légumineuses, fruits secs, oléagineux, céréales… Mais aussi vinaigre, huile, bière ou jus. Les produits alimentaires proposés aujourd’hui en vrac sont en majorité bio. Notez que ce mode d’achat ne concerne pas que l’alimentaire, vous pouvez acheter en vrac de la lessive ou des produits ménagers par exemple. Selon une enquête Nielsen de décembre 2018, 37% des Français déclarent acheter des produits en vrac au-delà des fruits et légumes. Selon l’étude, les produits achetés sont majoritairement des fruits oléagineux (noix, noisettes…) (58%), puis des fruits secs (47%), des légumes secs (32%), des céréales (28%), des céréales à cuire (24%), des pâtes (24%) et du riz (23%).
En moyenne 24% moins cher
Nous avons relevé les prix de 89 références de produits en vrac*, que nous avons comparés avec le prix au kilo des produits emballés équivalents. Il s’agit uniquement de produits certifiés bio. Les relevés ont été réalisés dans 5 enseignes (Leclerc, Monoprix, Bio C Bon, Biocoop et Carrefour Market) entre le 1er et le 20 juin 2020. Ils ne sont pas représentatifs des prix moyens du marché mais donnent un aperçu des prix pratiqués par les distributeurs. En moyenne, pour les références étudiées et pour toutes catégories confondues, les produits en vrac sont 24 % moins chers que les produits emballés. Ce sont les graines qui présentent le plus grand écart de prix, elles sont en moyenne 45% moins chères en vrac qu’emballées. Les résultats sont différents en fonction des enseignes. Leclerc est celle avec l’écart de prix le plus faible entre les produits en vrac et les produits emballés.
Nous avons noté que selon l’enseigne, le consommateur sera plus ou moins gagnant s’il achète le produit en vrac plutôt qu’emballé. Par exemple, les flocons d’avoine en vrac sont 30% moins chers que ceux emballés chez Biocoop et seulement 6% moins chers chez Leclerc. Les lentilles corail en vrac sont 27% moins chères que celles emballées chez Bio c Bon alors que l’écart de prix chez Monoprix est de 5%.
Si dans la majorité des prix relevés, les aliments vendus en vrac sont moins chers que ceux vendus emballés, nous avons trouvé 7 références au même prix et 6 plus chères. Étonnant, s’il n’y a pas d’emballage cela ne devrait-il pas revenir moins cher ? Les professionnels compenseraient- ils d’éventuelles pertes de produits, par exemple lors de la manipulation en magasin pour remplir les distributeurs ou par le consommateur en se servant, par une augmentation du prix en vrac ?
* Consultez le détail des relevés de prix ici
Le prix du vrac : le bio moins cher selon un étude de l’INC
Une étude réalisée à plus grande échelle en 2021 par l’Institut National de la Consommation (INC) dans 511 magasins (hyper et supermarchés, magasins bio, épiceries spécialisées) et sur 8 produits vient confirmer et compléter nos constats. Les produits bio en vrac sont pour la plupart moins chers que les produits équivalents préemballés : -15% pour les amandes, -22% pour le riz blanc, -22% pour le savon liquide par exemple. Cependant, c’est plutôt l’inverse pour les produits non bio, qui sont en moyenne plus chers en vrac : +50% pour les lentilles vertes, + 84% pour le riz blanc, +54% pour la lessive liquide. Cette différence s’explique, selon l’INC, par la politique des enseignes. En effet, les magasins bio souhaitent proposer le vrac moins cher mais pour les hyper et supermarchés, c’est plus compliqué car les prix des produits emballés sont déjà très bas, d’où la difficulté de proposer du vrac encore moins cher. Enfin, les magasins bio sont globalement plus intéressants que les autres types de magasins pour les produits en vrac.
Dans le cadre de l’étude, des professionnels ont été interrogés (distributeurs, producteurs...) pour éclairer la construction des prix. Le coût de production est le même pour un produit qui sera vendu en vrac ou emballé mais le coût d’emballage est moins cher pour les produits en vrac car les emballages utilisés sont plus grands. Cependant, la gestion du vrac en magasin nécessite plus de main d’œuvre (remplissage des silos, nettoyage, etc.) et des équipements particuliers (silos, distributeurs de produits liquides, etc.). Les risques de perte de produits sont aussi plus importants. Tout cela contribue à augmenter le coût de revient. Pourtant, les distributeurs ont déclaré ne pas augmenter leur marge sur le vrac pour coller à l’attente des consommateurs d’avoir des prix moins élevés en l’absence d’emballages.
Jetez un œil à l’origine des produits !
Acheter en vrac rime souvent avec la volonté de réduire son impact sur l’environnement en réduisant ses emballages. Mais attention si vous réduisez vos déchets, côté bilan carbone l’addition peut être lourde. Nous avons relevé les origines des produits vendus en vrac. S’il est compréhensible que certains produits comme le riz basmati, dont la production n’existe pas en France voire en Europe, proviennent d’Inde ou du Pakistan, pour d’autres produits cultivés en France, c’est plus difficile à comprendre : lentilles corail, flocons d’avoine…
Pour les produits issus de l’Agriculture biologique, la réglementation impose l’indication de l’origine sous la forme « UE », « non UE », « UE/ non UE », ou le nom du pays. Résultat : la transparence sur l’origine n’est pas la même en fonction des enseignes. Ainsi, Monoprix fait le choix systématique de ne pas indiquer les pays exacts mais plutôt les mentions « UE » et « non UE », ce qui n’éclaire pas du tout le consommateur ! Les autres enseignes étudiées indiquent le plus souvent le ou les pays exacts, à l’exception de certains produits pour lesquels on trouve aussi les mentions « UE » ou « Non UE ».
Pour une meilleure information des consommateurs, la CLCV considère que le pays exact devrait être indiqué, comme cela existe déjà pour les légumes et fruits. Nous encourageons les distributeurs à jouer le jeu de transparence de l’information sur l’origine.
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