Sans pour autant devenir « locavores » (personne consommant de la nourriture produite dans un rayon allant de 100 à 250 kilomètres maximum autour de son domicile), nombreux sont ceux à vouloir consommer des aliments produits près de chez eux.
En particulier pour les produits frais (fruits, légumes), beaucoup souhaiteraient souvent pouvoir les acheter à des petits agriculteurs de leur région. Notamment, parce que « connaître » le producteur permet d’accroître la confiance et de se réapproprier ce que l’on mange. Cela reflète également la volonté des consommateurs de participer au maintien d’une certaine forme d’agriculture, à la préservation des paysages ou au développement des entreprises locales.
En ce qui concerne l’aspect écologique, l’équation est complexe. L’impact environnemental du transport des denrées alimentaires n’est qu’une partie de l’impact environnemental de l’alimentation. D’autres impacts se manifestent, notamment au niveau des différentes étapes de la production agricole et de la transformation (consommation d’eau, d’énergie, de pesticides, émissions de polluants, déchets…). À l’heure où les arguments écologiques ou durables deviennent des arguments marketing, soyez prudent ! Bien sûr, les cerises ou les pêches vendues en plein hiver ont nécessité un transport énergivore par avion, synonyme d’émissions de CO2. Mais, pour certains produits alimentaires moins « exotiques », il est difficile d’être aussi catégorique sur leur impact environnemental sans recourir au calcul précis du cycle de vie. Cette méthode d'évaluation environnementale permet de quantifier les impacts d'un produit depuis la production des matières premières qui le composent jusqu'à son élimination en fin de vie sous forme de déchet, en passant par les phases de fabrication, de distribution et d’utilisation.
« Fabriqué en France » ou « Fabriqué localement »
Méfions-nous des « Fabriqué en France » ou « Fabriqué localement » qui fleurissent sur de nombreux produits ! Si cela flatte la fibre patriotique de l’acheteur potentiel, ces mentions ne sont des « allégations environnementales » que si la marque est capable de fournir aux consommateurs les informations qui pourraient les renseigner sur le fondement et la portée de cet engagement.
Parce qu’elle donne du sens à nos achats, l’idée de consommer des produits locaux, avec le moins d’intermédiaires possible, progresse. Marchés, cueillette chez le producteur, vente à la ferme ou par Internet, en point de vente collectif en ville ou en périphérie, distribution de paniers par les AMAP, mais aussi approvisionnement de la restauration, d’un commerçant ou même de la grande distribution en sont autant de formes qui font la diversité et la richesse des circuits courts d’aujourd’hui. Si cela a d’abord concerné les fruits et les légumes, cette nouvelle façon d’acheter touche désormais aussi les ventes de viandes, de produits laitiers, de soupes…
Les AMAP sont une forme alternative de consommation et de production. Chaque AMAP regroupe des consommateurs autour d’un producteur local. Sur la base d’un contrat d’engagement durable, le producteur s’engage à fournir à ces consommateurs un « panier » par semaine, généralement de légumes. De son côté, le consommateur accepte de payer par anticipation et de participer à la mise en vente de la production. Le prix du panier est fixé de manière à permettre au producteur de couvrir ses frais de production et de dégager un revenu décent.
Certains de ces circuits de vente restent encore souvent inaccessibles aux populations les plus modestes, pour qui la contrainte de prix, d’accessibilité et les habitudes alimentaires peuvent représenter des freins à ces modes de consommation « écocitoyenne ». Par ailleurs, le faible choix ou les quantités de tel ou tel produit dans certaines AMAP peuvent en rebuter ou lasser plus d’un.
La situation évolue. De nombreux exemples montrent que lorsque plusieurs producteurs proposant des produits complémentaires se regroupent, il est possible d’offrir une gamme de produits très variés tout au long de l’année. De même, certains circuits courts arrivent à plus de souplesse en ce qui concerne les quantités à acheter. La création de sites Internet de mise en vente ou la possibilité de choisir le lieu de retrait ou de livraison sont aussi des facteurs qui pourraient aider au développement des circuits courts.
Solid’Arles : un exemple original de circuit court