En France, le premier poste de gaspillage alimentaire se situe au niveau des consommateurs. Il y a donc de forts enjeux à les accompagner pour changer leurs comportements.

Réduire le gaspillage alimentaire est complexe puisqu’il résulte d’un ensemble de comportements quotidiens et automatiques. Des comportements que l’on retrouve aussi bien lors de l’achat, du stockage, de la préparation des repas, ou encore de la gestion des déchets.

Le gaspillage alimentaire est une pratique que nous avons du mal à assumer, et nous éprouvons parfois de la culpabilité ou de la honte. Malgré ces émotions négatives, ce gaspillage est élevé chez les Français. Autre problématique, nous sous-estimons d’environ 40 % la quantité de nos déchets alimentaires et nous avons souvent l’impression d’en produire moins que nos voisins.

« Changer les comportements : un enjeu important »

Il est important de comprendre les freins et motivations des Français à changer leurs comportements pour réduire le gaspillage alimentaire. C’est tout l’objectif du projet Sensi Gaspi, qui allie recherche et action en accompagnant des familles dans la réduction de leur gaspillage.

Observation, apprentissage, échanges et action

Durant 15 mois, 21 familles volontaires parisiennes, montpelliéraines et saint-christolennes (Gard) ont participé aux différentes étapes du projet.

L’état des lieux initial : identifier les causes du gaspillage

Elles ont d’abord eu la visite à domicile et un entretien avec Delphine Labbouz, chercheuse en psychologie sociale. Elle a été suivie de 15 jours d’auto-observation de leurs habitudes et de leurs émotions en lien avec le gaspillage alimentaire. Cela a permis aux familles de prendre du recul et d’analyser leurs pratiques, d’identifier les principaux éléments jetés et les causes, de mieux comprendre leur fonctionnement, leurs limites, leurs émotions et leurs envies.

Les ateliers collectifs : agir et créer de nouvelles habitudes

Les ateliers collectifs ont été l’occasion pour les familles de partager des moments conviviaux avec d’autres familles ayant les mêmes valeurs. Les échanges ont été riches et constructifs. Ils ont créé une dynamique positive en permettant aux familles de comparer leurs expériences et partager leurs initiatives (recettes, technique de conservation, …)

Les familles ont construit une liste de gestes pour réduire le gaspillage alimentaire. À l’issue du premier atelier collectif, une nouvelle grille d’auto-observation a été remise à chaque famille. Durant 15 jours, les participants se sont engagés à noter les aliments jetés et les émotions ressenties. Dans un dernier atelier, elles ont fait un bilan sur les habitudes qu’ils ont réussi ou non à instaurer dans leur quotidien et d’échanger leurs astuces.

Bilan : une évolution positive des habitudes

La comparaison des données issues des entretiens et des questionnaires entre le début et la fin du projet montre une évolution positive des habitudes de planification, stockage, cuisine et gestion des restes, avec des gestes réalisés plus fréquemment. De nouvelles habitudes pour réduire le gaspillage alimentaire ont été mises en place par les familles.

Elles ont désormais davantage l’habitude de prévoir les menus des repas de la semaine, faire une liste de course, ranger le réfrigérateur en mettant devant les produits à consommer rapidement et adapter les quantités en fonction du nombre de personnes à table.

Nous avons observé une diminution de la fréquence de gaspillage alimentaire déclarée par les familles entre le début et la fin du projet, pour tous les aliments, sauf les fruits et légumes qui restent encore souvent gaspillés.

Des outils pour changer les comportements

Les différentes étapes du projet Sensi-Gaspi se sont avérées efficaces pour changer les comportements et réduire le gaspillage alimentaire :

 Accompagner pour changer les habitudes

Le manque de planification des repas a été identifié lors de l’état des lieux comme une des causes principales du gaspillage alimentaire. Pour y remédier, les familles ont co-construit une liste de gestes pour changer d’habitudes à toutes les étapes : planification, mais aussi courses, stockage des aliments, cuisine et gestion des restes.

Pour mieux planifier, anticiper et s’organiser, les familles ont besoin d’être accompagnées. Avec le programme Sensi-Gaspi, elles ont partagé des informations, des connaissances pratiques et des recommandations simples, réalisables et concrètes. Des éléments qui ont augmenté leur sentiment de contrôle personnel et d’auto-efficacité. Aujourd’hui elles se sentent capables de réduire leur gaspillage alimentaire car elles savent comment faire concrètement et elles ont pu mesurer l’impact positif de leurs actions sur la réduction des aliments jetés.

Retrouvez tous les conseils dans le guide pratique pour la réduction du gaspillage alimentaire :  Guide pratique.pdf

 Utiliser la dynamique de groupe

Lors des ateliers collectifs le fait d’appartenir à un groupe et d’échanger avec d’autres personnes investies dans la même démarche, que les motivations ou les raisons sont différentes, a eu un réel impact positif. Il a permis aux familles de se situer par rapport aux autres, d’identifier leurs marges de manœuvre et de valoriser leurs pratiques actuelles. La dynamique de groupe est importante pour aider certaines familles à se lancer dans la démarche de réduction du gaspillage alimentaire, pour se remotiver lorsque cela paraît trop difficile ou pour renforcer leur engagement.

Un questionnaire sur les pratiques alimentaires

En parallèle des évaluations et des ateliers un questionnaire sur les pratiques alimentaires (planification des menus sur la semaine, attitude face aux restes de repas…) a été mis en ligne et complété par 1153 consommateurs. Il en ressort qu’il est important d’accompagner les personnes dans la réduction du gaspillage sans les culpabiliser : « tu penses à ceux qui souffrent de la faim ? », « tu jettes ton argent par la fenêtre ! »…

Il faut centrer la communication sur les bénéfices qui entraînent la réduction du gaspillage : réduction de l’impact environnemental, économies financières, amélioration de la santé, cuisine de meilleure qualité… Pour donner envie au consommateur d’agir il est important de mettre en avant les émotions positives ressenties en réduisant le gaspillage alimentaire : joie, satisfaction, plaisir, fierté, sentiment de maîtrise et d’autonomie.

Pour en savoir plus, consultez la synthèse du projet  Synthèse.pdf



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