Dès 2010, la CLCV avait alerté les pouvoirs publics et les consommateurs sur les risques que la multiplication des boissons énergisantes et l’augmentation de leur concentration en caféine pouvaient entraîner. Aux USA, une étude scientifique publiée en 2008 en identifiait déjà les impacts [1] : augmentation des cas d’intoxication à la caféine et croissance rapide des usages combinés d’alcool et de caféine avec les effets délétères associés.
Mais la communication des fabricants de boissons énergisantes continue à banaliser leur consommation. Sur le site web de Red Bull, on apprend par exemple que « Red bull energy shot se glisse partout. Il est parfait pour votre sac de sport, le tiroir de votre bureau, votre boîte à gants, votre poche. Et comme il se consomme à température ambiante vous pourrez le boire à n’importe quel moment. »
Coca Cola organise des soirées étudiantes parrainées par sa boisson Burn ce qui incite évidemment les jeunes à associer boissons énergisantes et alcool. Pourtant, selon l’Anses, les boissons énergisantes diminueraient la perception, mais pas la réalité, de l'intoxication alcoolique et l’Agence déconseille donc ce type de mélange. Malheureusement, ces préoccupations de santé publique ne semblent pas entrer en ligne de compte dans la stratégie de communication des fabricants.
Par ailleurs, le marketing des professionnels tend à associer ces boissons à la pratique sportive. Ainsi Dark Dog et Red Bull multiplient les sponsorings d’athlètes et de compétitions en tous genres alors même que ces breuvages ne sont pas des boissons de l’effort. Il y a quatre ans déjà, la société française de nutrition du sport alertait sur le fait que la présence de caféine augmentait le risque de tachycardie et de troubles du rythme cardiaque à l’effort.
Sans attendre les résultats définitifs des évaluations en cours à l’Anses, la CLCV demande que soit rendu obligatoire un étiquetage spécifique déconseillant de manière visible le mélange de ces produits avec l’alcool. Il est par ailleurs indispensable que la confusion entre ces boissons et celles réellement destinées aux sportifs soit levée.
A cet effet, nous demandons que cesse le sponsoring d’événements sportifs et d’athlètes. Une mention réglementaire indiquant clairement que ces boissons ne sont pas adaptées à des efforts intenses et à la pratique sportive devrait être prévue. Nous demandons également qu’une réflexion soit engagée sur l’instauration, par voie réglementaire, de teneurs maximales en caféine pour les boissons énergisantes. En effet, si les concentrations et les doses de caféine n’atteignent pas encore les sommets observés aux USA, il nous paraît important d’agir pour prévenir toute forme d’escalade dans ce domaine.
[1] Reissig, C.J., et al., Caffeinated energy drinks—A growing problem. Drug Alcohol Depend (2008), doi:10.1016/j.drugalcdep.2008.08.001