Cette flambée s’explique en partie par les hausses du prix du baril et de la marge de distribution mais plus encore par la hausse des taxes. Comme de coutume, nos calculs sont effectués à partir des données UFIP (Ufip.fr) s’appuyant elles-mêmes sur les données ministérielles.
D’emblée, il faut rappeler que le prix du baril a bien augmenté sur un an mais que son impact a été assez largement amorti par la forte appréciation de l’euro relativement au dollar (l’euro valait
1,07 dollar en avril 2017 contre désormais 1,23 en avril 2018). Ainsi le prix du baril est passé en un an de 52,50 € à 57,22 €. L’augmentation sur un an impacte à la hausse le prix du carburant de
3 centimes au litre seulement.
L’augmentation des marges de distribution
La marge de distribution est le terme qui désigne la part du prix au litre facturé qui rémunère le distributeur. Notre association dénonce depuis plusieurs années l’augmentation structurelle des marges de distribution. La France a longtemps été le pays avec une forte concurrence dans la distribution de carburant, du fait des grandes surfaces qui pratiquaient des marges de l’ordre de 6/7 centimes le litre, correspondant aux plus basses d’Europe.
Depuis le début de cette décennie on a assisté à une hausse tendancielle pour atteindre une dizaine de centimes le litre. En outre, cette marge connait parfois des hausses ponctuellement fortes comme on le constate depuis quelques jours.
Pour l’essence, cette marge était de 11 cts/litre en moyenne sur l’année 2017, de 10,5 cts/litre en avril 2017 et de 10,9 cts/litre au dernier trimestre 2017. Elle est passée à 13,9 cts en moyenne depuis le début de l’année (12 cts/litre en avril). 2 à 3 centimes au litre sont ainsi venus s’ajouter cette année au titre de la rémunération de la station-service.
Pour le gazole, la marge était de 11,2 cts/litre en moyenne sur l’année 2017, de 10,8 cts/litre en avril 2017 et de 10,2 cts/litre au dernier trimestre 2017. Elle est passée à 12,6 cts en moyenne depuis le début de l’année (11,5 cts/litre en avril). 1 à 2 centimes au litre sont ainsi venus s’ajouter cette année au titre de la rémunération de la station-service.
L’augmentation des taxes
Les taxes sur le carburant ont beaucoup augmenté du fait de la hausse de la contribution « climat énergie ». La hausse est plus importante pour le diesel car les pouvoirs publics souhaitent effectuer un rattrapage avec la fiscalité de l’essence qui est plus élevée à l’origine. La CLCV avait dénoncé ces mesures de la dernière loi de finances.
Pour l’essence, le montant total des taxes était de 88,9 cts/litre en moyenne sur l’année 2017, de 89,3 cts/litre en avril 2017 et de 89,1 cts/litre au dernier trimestre 2017. Ce montant est de
93,7 cts/litre en moyenne depuis le début de l’année soit environ 5 cts au litre de plus que l’année dernière.
Pour le gazole, la marge était de 75,2 cts/litre en moyenne sur l’année 2017, de 75,5 cts/litre en avril 2017 et de 75,7 cts/litre au dernier trimestre 2017. Elle est passée à 84,1 cts en moyenne depuis le début de l’année soit environ 9 centimes au litre de plus que l’année dernière.
Un impact notable sur le pouvoir d’achat sans effet écologique
On constate ainsi que, outre le baril de pétrole, la hausse de 10 cts/litre du prix de l’essence provient essentiellement des hausses de taxes et de la marge de distribution. La hausse de 15 cts/litre du diesel provient surtout des taxes.
Il apparaît que la hausse des taxes, censée inciter à diminuer la consommation d’énergie fossile, n’a produit pour l’instant aucun effet de la sorte. Dans sa dernière relève de la consommation, l’UFIP remarque ainsi :
« En année mobile, entre le 1er avril 2017 et le 31 mars 2018, la consommation française de carburants a atteint 51,11 millions de mètres cubes, en hausse de 0,1 % par rapport à la consommation des douze mois mobiles précédents. »
On constate alors que la hausse de la fiscalité écologique est avant tout une mesure de rendement fiscal et qu’elle heurte le portefeuille des particuliers.
Ces augmentations de prix ont, en effet, un impact important sur le pouvoir d’achat. Si on considère un ménage disposant de deux véhicules (un au diesel et un à essence) et parcourant 25 000 km à l’année (soit un ménage assez intensif en carburant, environ 1 500 litres de consommation à l’année), la hausse de prix induit une hausse de dépenses de 180 € environ à l’année.
On peut raisonnablement estimer que le seul effet « 2018 » de l’augmentation des prix du carburant (largement causé par les taxes) induit un surplus de dépense compris entre 100 et 225 euros à l’année pour la plupart des ménages ayant une voiture.
Il faut rappeler que cette hausse touche plus durement les ménages très dépendants de l’automobile notamment situés en milieu rural ou en banlieue. De plus, la réduction du nombre de stations-service dans certaines zones urbaines ou rurales à tendance à accentuer ce phénomène de hausse des tarifs.
La CLCV appelle les pouvoirs publics à interrompre leur politique d’augmentation des taxes sur le carburant et les professionnels à modérer leurs marges de distribution.