Dix mois après le scandale des lasagnes au cheval, les consommateurs apprennent que de la viande de cheval impropre à la consommation a été écoulée frauduleusement dans des boucheries équines. Les faits sont graves puisque, parmi les chevaux en question, certains avaient servi d’animaux de laboratoire pour la fabrication de médicaments. La CLCV demande aux autorités d’évaluer rapidement et en toute transparence les risques potentiels liés à cette affaire.
Selon la réglementation en vigueur depuis 2008, tous les chevaux doivent être identifiés individuellement par une puce électronique sous cutanée. De plus, un document d’identification est censé garantir la traçabilité des animaux tout au long de leur vie. Ce système permet, en théorie, de séparer les chevaux propres à la consommation humaine de ceux qui ne le sont pas. Il appartiendra à la justice de déterminer comment cette réglementation, a priori très stricte, a pu être contournée et d’identifier les éventuels acteurs impliqués dans ce trafic.
Suite à l’affaire « Spanghero », la CLCV a fait des propositions concrètes pour prévenir ce type de fraude qui met en péril la fiabilité et la sécurité de notre alimentation. Il s’agit de renforcer les contrôles officiels et les sanctions, de mettre en place un agrément pour les négociants du secteur de la viande et de publier des indicateurs sur la réalité des contrôles officiels.
Malheureusement, mis à part le renforcement des sanctions prévu dans le projet de loi sur la consommation, les autres dispositions font l’objet de demi-mesures, quand elles ne sont pas repoussées aux calendes grecques.
Ainsi, s’agissant de la publication d’indicateurs relatifs aux contrôles officiels, qui sont - faut-il le rappeler- payés par les contribuables, aucun travail sérieux n’a débuté. Il est toujours impossible de suivre de manière précise et documentée les moyens alloués par la puissance publique au contrôle de la chaîne alimentaire et les résultats obtenus.
Nous demandons par ailleurs une meilleure information sur l’origine des produits alimentaires. Si nos demandes ont été en partie entendues par les parlementaires français dans le cadre de la loi sur la consommation, rien n’est en fait acquis. En effet, l’étiquetage alimentaire reste in fine une prérogative de l’Union européenne et, pour l’instant, les propositions de la Commission européenne font la part belle aux intérêts du secteur agroalimentaire. Ainsi, pour les viandes fraîches et surgelées, le pays de naissance des animaux ne sera pas mentionné. Quant à l’étiquetage de l’origine des viandes utilisées en tant qu’ingrédients dans les plats cuisinés, la Commission le considère comme coûteux et complexe.
Cette approche velléitaire ne permettra pas de rétablir la confiance des consommateurs. Une récente étude d’opinion indiquait que 75 % des consommateurs étaient inquiets quant à la qualité de leur alimentation. Dans ce contexte, les professionnels peuvent-ils continuer à jouer le jeu de l’opacité et des promesses du marketing au détriment de l’information et de la transparence ? Ce pari semble aujourd’hui bien risqué pour les filières.