A l'occasion de la présentation de ses résultats pour le premier semestre 2007, affichant selon ses propres dires " de solides performances ", Danone vient d'annoncer pour le second semestre 2007 une hausse probable du prix de ses produits en rayon, répercutant aux consommateurs la hausse du coût des matières premières. Il y a quelques jours déjà, l'Ania (Association Nationale des Industries Alimentaires), dans un communiqué de presse, préparait les esprits en évoquant " la part qui sera inévitablement répercutée sur le consommateur ", tout en appelant à la concertation entre agriculteurs, industriels et distributeurs pour limiter celle-ci.
Si la hausse du prix de nombreuses matières premières ne peut être contestée, sa répercussion immédiate sur les prix au consommateur soulève en revanche de nombreuses questions.
On ne peut tout d'abord que constater que les professionnels sont bien plus enclins à répercuter sur leurs clients les hausses de cours que les baisses : sur le long terme, les données Insee montrent que depuis plus de 40 ans, les prix agricoles baissent, alors que les prix alimentaires au consommateur final stagnent voire augmentent.
Une comparaison entre l'indice des prix à la production et l'indice du prix à la consommation des produits alimentaires sur ces dix dernières années, nous conduit à constater que la baisse des prix à la production n'est en général pas répercutée sur les consommateurs finaux, et que la hausse continue des prix de vente depuis 10 ans (autour de 15%) est tout à fait déconnectée du prix des produits agricoles.
Pourquoi donc, alors que les baisses des cours des matières premières ne sont jamais répercutées sur les prix aux consommateurs, ces derniers devraient-ils subir de plein fouet des hausses, d'ailleurs prévues de longue date et qui, de ce fait, auraient pu être anticipées par les professionnels par l'ajustement d'autres postes de dépenses ? Cela d'autant plus que, toujours d'après l'Insee, pour les produits alimentaires transformés, 80% du prix au consommateur correspond à des coûts autres que celui des matières premières : salaires, profit, investissements en marketing et distribution, …
La CLCV tient à rappeler que, même si sa part décroît en longue période, l'alimentation représente toujours le troisième poste de dépenses des ménages, qui y consacrent 13% de leur budget. Une nouvelle hausse sensible des prix alimentaires pourrait donc affecter la consommation dans son ensemble, moteur de notre économie. Alors que la réforme de la loi Galland adoptée en août 2005, a permis de freiner l'augmentation continue des prix des produits de marque, due au développement de la pratique des marges arrières, et alors que le gouvernement semble prêt à poursuivre la démarche entreprise pour revenir à un plus juste équilibre des prix, il serait extrêmement regrettable que ces efforts soient réduits à néant par le choix de certains industriels de faire supporter aux consommateurs toute évolution à la hausse de certains éléments de leur structure de coût.