D’un niveau qui oscille usuellement entre 20 et 30 euros la tonne cette marge a atteint un niveau record depuis le début de l’année, avec une moyenne de 52 euros la tonne sur les huit premiers mois de l’année et 63 euros les trois premières semaines d’août. Le tableau ci-dessous montre que l’année 2015 devrait battre tous les records depuis au moins dix ans concernant le niveau de cette marge. Par ailleurs, on constate que cette marge s’est accrue à partir de l’été 2014 quand le prix du baril a commencé sa chute.
Evolution marge de raffinage
Cotation Rotterdam euros/tonne - source UFIP
Marge de raffinage euros tonne |
|
2015 sur 8 mois |
52 euros |
2014 |
22 |
2013 |
18 |
2012 |
34 |
2011 |
14 |
2010 |
25 |
2009 |
15 |
2008 |
39 |
2007 |
31 |
2006 |
26 |
2005 |
35 |
Source Ufip
Les principaux acteurs du raffinage annoncent ainsi un très net renforcement de leur rentabilité sur ce secteur. Pour Total par exemple, sur le premier semestre 2015, le résultat opérationnel net ajusté du secteur raffinage raffinage-chimie est à 2,4 milliards d’euros, soit le triple du résultat du premier semestre 2014.
Les consommateurs bénéficient depuis un an d’une baisse du prix de l’essence ce qui est positif. Mais cette baisse aurait pu être plus importante si la marge de raffinage était restée à un niveau raisonnable. Depuis le début de l’année, on peut estimer que, sans augmentation excessive de la marge de raffinage, le prix du carburant aurait été moins cher de 3 à 4 centimes
Ce phénomène peut avoir deux explications. Premièrement, il est probable que les industriels aient profité de la chute du prix du baril pour retrouver une plus forte rentabilité. Ce reflexe peut s’entendre dans un contexte où le raffinage a vécu des bonnes et des mauvaises années. Mais il a atteint une ampleur et une durée désormais excessive.
Deuxièmement, cette forte hausse de la marge peut traduire un problème plus structurel. Les capacités de raffinage européennes ayant diminué de 11 % entre janvier 2007 et janvier 2015, on ne peut exclure que ces diminutions aient contribué à « re-tendre » le marché et, comme en 2007-2008, provoqué une hausse brutale de la marge. Les résultats semestriels de Total montrent ainsi une très forte croissance du taux d’utilisation de leur raffineries (85 % au S1 2015 contre 72 % au S1 2014)
Notre association a écrit le 31 mars au ministre de l’économie pour l’alerter estimant que « le gouvernement à un rôle jouer, tant au niveau national que communautaire, dans un domaine qui relève des politiques industrielle et énergétique mais qui a aussi un impact sur le pouvoir d’achat des consommateurs. Une négociation avec les grands groupes du secteur serait souhaitable pour permettre à minima un maintien des capacités pour les années à venir ». Par un courrier du 24 avril,, le ministre nous répondu suivre avec grande attention la situation du raffinage. Il estimait que ce secteur « traverse une période desurcapacités » ainsi qu’ « un accroissement de la concurrence internationale » et qu’ « il en résulte des pertes dans le secteur du raffinage que la baisse récente du prix du baril n’a fait qu’atténuer ».
En partenariat avec RTL, retrouvez François Carlier dans l'émission RTL Conso Matin :
http://www.rtl.fr/actu/economie/petrole-qui-profite-vraiment-de-la-baisse-du-baril-7779666873