C’était mieux avant ! Cette phrase nous l’avons toutes et tous entendue. Si elle est bien souvent caricaturale, elle paraît pertinente sur un point : la robustesse de certains produits du quotidien semble avoir décliné avec le temps. Cette absence de durabilité tient en une expression, « l’obsolescence programmée ».
Obsolescence programmée : kesako ?
L’obsolescence programmée est définie par l’article L.213-4-1 du code de la Consommation comme « l’ensemble des techniques par lesquelles un metteur sur le marché vise à réduire délibérément la durée de vie d’un produit pour en augmenter le taux de remplacement. » Une démarche absurde d’un point de vue environnemental car elle nécessite d’extraire toujours plus de matières premières pour fabriquer des produits neufs. Elle est aussi pénalisante pour le pouvoir d’achat des consommateurs, en les incitant à renouveler rapidement leurs appareils.
La pratique concerne tous types de produits : appareils électroménagers, collants en nylon, smartphones ou encore véhicules automobiles.
Une pratique punie par la loi
En France, l’obsolescence programmée est un délit assorti d’une peine de deux ans de prison et d’une amende plafonnée à 300 000 €. Apple a été une des premières entreprises à faire l’objet de plaintes devant les tribunaux pour l’obsolescence programmée de ses smartphones. Devant les pressions exercées par certaines associations, la multinationale a reconnu avoir ralenti volontairement les performances de ses anciens appareils, sans préciser pour autant qu’il s’agissait d’inciter à l’achat des derniers modèles hors de prix. Le droit français nécessitant de nombreuses preuves pour caractériser l’acte délibéré du producteur, il est peu probable que cette société soit condamnée rapidement pour cet agissement.
Des mesures pour lutter contre l’obsolescence programmée
Depuis 2015, des mesures sont prises pour lutter contre la pratique de l’obsolescence programmée, comme l’obligation pour les producteurs et les vendeurs d’informer les consommateurs sur la disponibilité des pièces détachées des produits. Cette obligation tend à rendre attractifs les produits réparables. L’actuel projet de loi économie circulaire prévoit de renforcer ce dispositif en instaurant au 1er janvier 2021 un indice de réparabilité semblable à l’étiquette énergie. La lettre A pourrait représenter un produit très facilement réparable et possédant une plus longue durée de vie et d’utilisation et la lettre G un produit très difficilement réparable.
200 000 emplois potentiels
Selon un rapport présenté en 2017 au Parlement européen 200 000 emplois locaux pourraient être créés en Europe en luttant contre l’obsolescence programmée et en favorisant la réparation. « Des études récentes montrent que si les entreprises européennes privilégiaient le réemploi de leurs ordinateurs plutôt que leur recyclage, l’Europe pourrait créer 10 500 emplois non délocalisables tout en économisant chaque année l’émission de près de 6 millions de tonnes de gaz à effet de serre et 44 millions de m3 d’eau, sans compter les matières premières » explique le rapport.
En France, l’obsolescence programmée créé des emplois. Dans les Deux- Sèvres « Les Ateliers du Bocage » récupère les déchets électroniques et répare ce qui peut l’être. Cette entreprise d’insertion propose dans le cadre de dispositifs conventionnés des contrats de travail aux personnes éloignées de l’emploi. Autre initiative, les ressourceries collectent les objets, notamment électroniques, pour les réparer et les revendre sans but lucratif. Elles embauchent des personnes qui sont en difficultés professionnelles.
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