De 1976 à 2009 où il est retiré de la vente, le Mediator a été prescrit à des millions de personnes devant suivre un régime pour des raisons médicales (diabète de type 2, hypertriglycéridémies) ou souhaitant simplement perdre quelques kilos. Fabriqué en France par les laboratoires Servier, le médicament est tenu pour responsable de centaines de décès sans compter les victimes qui souffrent d’effets secondaires.
Un rapport de l’Inspection générale des affaires sociales (Igas) sur le Mediator publié le 15 janvier 2011 revenait de manière détaillée sur la façon dont les laboratoires Servier se sont employés pendant des décennies à faire passer ce coupe-faim pour un médicament adapté au traitement du diabète et des hypertriglycéridémies.
Cette enquête officielle établissait que les laboratoires Servier avaient cherché à masquer « les liens de parenté » existant entre le Mediator et d’autres molécules coupe-faim dont les effets secondaires étaient déjà bien connus. Il existe ainsi une étroite similitude entre le Mediator et l’Isoméride un médicament « anti-obésité » de sinistre mémoire. Rappelons que l’Isoméride a été retiré du marché en Europe et en Amérique du Nord dans les années 1990 en raison de nombreux cas d’hypertension artérielle pulmonaire.
La CLCV aux côtés des victimes
Devant l’ampleur de cette affaire et les pratiques des laboratoires Servier, la CLCV au nom de la défense des intérêts de l’ensemble des consommateurs a décidé d’agir sur le plan pénal contre le fabricant. Nous avons engagé en février 2011 une procédure pénale pour tromperie aggravée devant le tribunal correctionnel de Nanterre. 150 victimes ont demandé à se joindre à l’action menée par la CLCV. Après de multiples reports, la procédure a finalement repris à Paris à l’automne 2019.
Environ 180 millions d’euros pour indemniser les victimes
Le 29 mars 2021 le tribunal de Paris a rendu son jugement : les laboratoires Servier ont été reconnus coupables de "tromperie aggravée" et d’ « homicides et blessures involontaires ». Ils ont été condamnés à 2,718 millions d’euros d’amende et à environ 180 millions d’euros de dommages et intérêts à verser aux 6 500 victimes qui s’étaient portées partie civile, en réparation des préjudices subis. Quatre anciens cadres et experts des autorités de santé accusés de « conflits d’intérêts » avec les laboratoires ont été condamnés à de la prison avec sursis et à des amendes.
La CLCV, qui était partie civile, se réjouit de ce jugement qui indemnise les victimes et reconnaît la tromperie.
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