C’est quoi l’habitat participatif ?

Encadré par la loi Alur depuis 2014, l’habitat participatif repose sur une démarche citoyenne. Il permet à des groupes de personnes, qu’elles se connaissent ou pas au départ, de réaliser un projet immobilier en commun. Celles-ci se réunissent pour trouver un terrain, une grande maison ou un immeuble à construire ou à réhabiliter, avant de concevoir des logements avec des espaces privatifs et communs à partager. Tous les cohabitants gèrent ensemble leur habitat au quotidien et entretiennent leur lieu de vie.

« Si les dimensions écologiques, de lien social et de solidarité sont présentes dans la majorité des projets, on retrouve également la notion de pouvoir d’agir collectif. C’est un mouvement de fond : on constate une hausse d’habitats participatifs depuis le début des années 2000 avec 100 à 130 projets par an en France sur ces dernières années. », explique Ludovic Parenty, coordinateur national de l’association Habitat Participatif France

À qui s’adresse-t-il ?

L’habitat participatif, c’est choisir d’habiter autrement avec ses voisins en accord avec ses valeurs et aspirations. Il est ouvert à tous, quels que soient l’âge, le niveau de ressources, le milieu social et l’activité socio-professionnelle, en famille ou en solo. « Même si les projets sont intergénérationnels, on constate que les personnes les plus engagées et initiatrices sont plutôt âgées de 50 à 55 ans et proviennent de la classe moyenne. On retrouve aussi beaucoup de femmes et des familles monoparentales. Aujourd’hui, on cherche à développer différents projets pour élargir les publics. », indique Ludovic Parenty.

Qu’en attendre ?

Un logement sur-mesure. Les cohabitants disposent à la fois d’espaces privés et d’espaces communs. Les parties privatives peuvent être adaptées en fonction de chacun en matière de design, d’agencement, d’espace ou d’impact écologique. Les cohabitants sont entièrement maîtres de l’aménagement de leurs logements, des espaces partagés, du choix des matériaux, de la façon de s’organiser et de coopérer.

 Un lieu de vie social et solidaire. L’habitat participatif encourage la solidarité, l’intergénérationnel et le vivre-ensemble avec une prise en compte du vieillissement et du soutien à la parentalité. Des logements qui émergent aussi bien en milieu urbain que rural, « même si on constate une hausse des projets ruraux aujourd’hui », explique Ludovic Parenty.

 Une réponse aux défis environnementaux avec la mise en commun. Les participants établissent des règles de gestion durable pour leur logement en choisissant ensemble la mise à disposition d’une ou plusieurs voitures et d’objets à partager, d’une laverie, d’une terrasse, d’un jardin et d’un potager communs, d’un appartement réservé aux invités… Cette mutualisation des services et des espaces permet également la réalisation d’économie.

 Des prises de décision communes. L’habitat est autogéré. Toutes les décisions relatives à l’habitat et au vivre ensemble sont prises en groupe.

 Un accès au logement plus abordable et non spéculatif. Différents montages financiers et juridiques sont possibles allant de la copropriété classique jusqu’à des formes de propriété collective ou même de logement social. Des dispositifs anti-spéculatif et une régulation des entrées et sorties du projet peuvent être prévus.

Comment s’y préparer ?

Un habitat partagé demande des valeurs communes, de la souplesse, une grande communication et de la patience. « Il faut compter en moyenne 4 ans pour l’aboutissement d’un projet. C’est bien sûr plus long sur un projet neuf qu’une réhabilitation. De nombreuses réunions et discussions sont indispensables au montage du projet, que cela soit sur les aspects financiers, juridiques, sur le choix des espaces communs et privés, des matériaux, de la gestion par la suite… Tout est discuté en amont, pendant et après la mise en place du projet. Bien souvent, les groupes sont accompagnés par des associations ou des professionnels de l’habitat participatif et peuvent bénéficier de l’appui d’une collectivité locale. », mentionne Ludovic Parenty. 

Pour trouver un projet en voie d’élaboration, des informations, rejoindre un projet en cours, mieux vaut passer par des réseaux dédiés. Ainsi, l’association « Habitat participatif France » répertorie l’ensemble des projets sur le territoire métropolitain (plus de 1100 aujourd’hui).

Un mouvement citoyen en hausse

La France en est encore au stade de ses premiers pas pour ce type de projets immobiliers, contrairement à d’autres pays européens. En Suisse, on estime à 5 % le parc immobilier construit sur ce mode, soit 130 000 logements. En Norvège, les chiffres tournent autour de 15 %, dont 40 % à Oslo. En Allemagne, dans certaines villes comme Tübingen, plus de 80 % des logements neufs sont construits en habitat participatif. *

* Habitat participatif : un cadre juridique pour habiter autrement | Ministère de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires (ecologie.gouv.fr)

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