Cette mesure phare du troisième plan Cancer lancé en 2014 par le président de la République était actée depuis le 24 mars 2015. Elle est désormais effective.
Le droit à l’oubli s’applique depuis le 2 septembre 2015. Son objectif : faciliter l’accès au prêt pour les anciens malades du cancer. Il leur permet désormais, dans certains cas, de ne pas déclarer avoir été malades et donc de ne plus subir des majorations de tarifs et des exclusions de garantie lors de la souscription d’une assurance pour un crédit. Une mesure que la CLCV approuve.
Comment va s’appliquer le droit à l’oubli ?
Cette disposition concerne d’abord les enfants : les cancers survenus avant l’âge de 15 ans n’ont plus à être déclarés à partir de 5 ans après la fin du protocole thérapeutique. Autrement dit, un enfant dont le traitement se termine à l’âge de 15 ans n’a aucune déclaration à faire à un assureur à partir de ses 20 ans.
Quant aux adultes anciens malades, quel que soit le cancer, ils doivent attendre 15 ans après la fin du protocole thérapeutique pour bénéficier de ce droit à l’oubli. Et donc ne pas avoir à déclarer leur antécédent de cancer sur le premier questionnaire de santé accompagnant la demande de prêt.
Les adultes qui ont souffert d’un cancer mais qui ne remplissent pas les critères précédents devront continuer à déclarer leur maladie mais pourront quand même bénéficier d’assurances pour un prêt sans majoration de tarifs, ni surprime, ni exclusion de garantie, sans avoir à attendre le délai de 15 ans après la fin de leur protocole thérapeutique. Cette nouvelle disposition ne s’appliquera toutefois qu’à partir du début de l’année 2016.
En effet, d’ici la fin 2015, une première grille de référence sera établie. Elle dressera la liste des différentes pathologies concernées et, pour chacune d’entre elles, le délai après la fin du protocole thérapeutique à partir duquel il n’y aura plus différence de traitement (financier) avec les emprunteurs qui n’ont connu aucun souci de santé. Cette grille sera ensuite régulièrement actualisée en fonction des avancées thérapeutiques.
Toutes ces mesures sont définies par le protocole d’accord qui avait été signé le 24 mars 2015 entre les représentants des sociétés et mutuelles d’assurance et le président de la République et qui a été intégré à la convention AERAS (s’Assurer et Emprunter avec un Risque Aggravé de Santé) le 2 septembre 2015.
Maladie grave et emprunt
La convention AERAS (s’Assurer et Emprunter avec un Risque Aggravé de Santé) concerne les personnes qui ont, ou ont eu, un problème grave de santé et qui souhaitent souscrire un prêt immobilier ou un crédit à la consommation pour lequel une assurance emprunteur serait exigée. Outre les cas de personnes ayant été atteintes d’un cancer, toute personne connaissant ou ayant connu une maladie grave est susceptible de rencontrer de sérieuses difficultés d’emprunt, ou bien est autorisée à emprunter avec des majorations importantes de tarifs auxquelles se rajoutent de nombreuses exclusions de garantie.
En cause : les assurances, qui hésitent fortement à accorder des prêts dans ces situations où elles considèrent qu’il y a un risque aggravé par la maladie.
Afin de pallier cette situation de discrimination, la convention AERAS permet, sous certaines conditions, d’obtenir plus facilement une assurance pour un prêt immobilier ou un crédit à la consommation.
- Crédit à la consommation (achat d’une voiture par exemple) : la convention AERAS vous permet d’en obtenir un sans même avoir à remplir un questionnaire de santé. Il faut cependant ne pas avoir plus de 50 ans et ne pas emprunter pour une durée supérieure à 4 ans. De plus, vous ne devez pas cumuler plus de 17 000 euros de crédit à la consommation (vous devrez ainsi signer une déclaration sur l’honneur de ne pas avoir d’emprunts cumulés d’un montant supérieur à 17 000 euros). Ces conditions étant cumulatives, si l’une d’entre elles n’est pas remplie il vous faudra remplir le questionnaire de santé.
- Prêt immobilier (ou prêt professionnel) : votre assurance va examiner votre demande de manière approfondie et systématique, selon trois niveaux d’examen. Si le premier ne permet pas de vous octroyer une assurance, votre dossier sera examiné à un deuxième niveau par une équipe médicale spécialisée. Enfin, si aucune proposition d’assurance n’est faite à l’issue de ce deuxième examen, votre dossier sera examiné à un troisième niveau, à condition que vos montants cumulés de prêt ne soient pas supérieurs à 320 000 euros et si, à la fin de votre prêt, vous n’avez pas plus de 70 ans. Attention : si une assurance vous est proposée, il se peut qu’il y ait des exclusions de garantie ou une majoration des tarifs.