Des définitions variables
Si le concept semble avoir conquis l’Amérique du Nord et commence à fleurir en Europe, la notion même d’agriculture urbaine fait débat au sein de la communauté scientifique. Pour certains, il s’agit d’abord et avant tout d’exploitations professionnelles, essentiellement situées en périphérie des villes. D’autres utilisent au contraire ce terme pour les formes de production agricoles intra-urbaines – toits, jardins productifs –, portées par des non-professionnels. Quant aux tenants de la troisième voie, ils intègrent sous ce vocable toutes les formes de cultures urbaines qui contribuent à l’alimentation et au bien-être des citadins.
Potagers sur les toits, fermes verticales hydroponiques voire high tech, jardins ouvriers du siècle dernier, cultures en containers, ou encore bunkers agricoles… Vous l’aurez compris, tout est possible !
Des problèmes demeurent
Les objectifs de l’agriculture urbaine souvent mis en avant sont de pallier au manque de terres agricoles et de rendre les villes moins dépendantes des zones de production alimentaire. Pourtant, tout n’est possible dans une « ferme urbaine » ! En particulier, certaines productions sont difficilement envisageables, comme les céréales, une catégorie d'aliments pourtant essentiels à notre alimentation ou l'élevage et ses pâturages, eux aussi gourmand en surface.
Même si elle n'est pas capable de subvenir à tous les besoins de la ville, l'agriculture urbaine pourrait s'imposer comme un complément, notamment dans les zones très urbanisées. En fournissant par exemple, des fruits et légumes fragiles, dont la qualité risque de ne pas résister au transport, comme les pousses de salade, les herbes aromatiques, les tomates, les fraises…
Où en est-on en France
En France les initiatives foisonnent. Mais, on est loin des projets pharaoniques figurant dans certains magazines d’architecture. Et bien souvent, si les collectivités publiques s’y intéressent et en facilitent l’implantation, c’est pour d’autres raisons que la seule production alimentaire. En effet, les expériences de « fermes urbaines » peuvent remplir au cœur de nos villes une multitude de services, comme ceux consistant à renforcer la sociabilité, la solidarité entre habitants d’un même quartier. Ce sont aussi souvent des lieux d’éducation environnementale, d’éducation alimentaire, de sauvegarde de la biodiversité ou encore de gestion des déchets. Et à ce titre, ils ont un véritable rôle à jouer.
Reste à savoir si le concept peut être plus qu’une mode passagère. Car, au-delà de l’aspect éducatif, le développement d’un tel modèle d’agriculture doit être économiquement viable pour durer. Or, pour l’instant, rien ne prouve qu’en France il soit plus rentable de produire certains légumes, sous serre, en hydroponique en plein cœur de ville où le foncier est cher, que dans une région agricole située à l’autre bout de la France.