24% : voici un chiffre qui devrait amener l’industrie agroalimentaire à s’interroger sérieusement sur ses pratiques. 24 %, c’est la minorité de consommateurs qui lui fait encore confiance d’après un sondage Ipsos de fin 2013.  Ce pourcentage inquiétant illustre la défiance qui s’est peu à peu installée à l’égard de l’alimentation.

Les coulisses de l’agroalimentaire

Il faut dire que les consommateurs ont de quoi se poser des questions sur ce qu’ils mangent. Il y a eu bien sûr le retentissant scandale des lasagnes au cheval et il ne se passe pas une semaine sans qu’un hebdomadaire ou un documentaire ne vienne jeter une lumière crue sur les coulisses de l’agroalimentaire. Risques liés aux antibiotiques dans les élevages,  ingrédients bas de gamme dans les plats cuisinés, dates limites de consommation aberrantes, explosion d’une aquaculture intensive qui dégrade l’environnement, fraude à l’eau sur les poissons : la liste des pratiques douteuses ou carrément scandaleuses est longue. Sans compter que les contrôles officiels ne sont pas à la hauteur des enjeux, ce qui fragilise un peu plus la fiabilité des chaînes alimentaires.

Discours rassurant

Pour rassurer, les pouvoirs publics et les professionnels clament haut et fort que notre alimentation n’a jamais été aussi sûre. C’est sans doute vrai en ce qui concerne les intoxications alimentaires. Mais qu’en est-il des multiples contaminants présents, certes à faibles doses, dans nos aliments ? Quels seront leurs effets à long terme ? A cette question, les agences sanitaires ne sont malheureusement pas en mesure de répondre. N’oublions pas non plus la progression de l’obésité et du diabète liée aux produits trop riches qui saturent les linéaires.

Mais d’ailleurs suffit-il pour restaurer la confiance de montrer que nos aliments ne sont pas dangereux ? Bien sûr que non ! Le faux fromage, ce récent avatar de l’industrie censé remplacer l’emmental dans les plats préparés, est sans doute inoffensif. Pourtant, qui voudrait en manger sachant qu’il s’agit d’un ersatz de fromage obtenu en mélangeant de l’amidon, des gélifiants et des fibres végétales ?

De l’information, pas du marketing

Les consommateurs ont avant tout besoin de savoir ce qu’ils mangent (et boivent), de comprendre ce qu’il y a dans leurs assiettes afin, peut-être, de commencer à l’apprécier. Pour cela, le monde de l’agroalimentaire doit accepter de s’ouvrir et jouer le jeu de la transparence.

A l’heure du web, des réseaux sociaux, de l’hyperréactivité médiatique, l’idée selon laquelle on pourrait fabriquer des aliments en catimini, dans des fermes et des usines comparables à des boîtes noires, puis les vendre pour ce qu’ils ne sont pas à grand renfort de publicité a vécu.

Les professionnels doivent apprendre à fabriquer des produits non pas pour mais avec les consommateurs, c’est-à-dire en tenant compte de leurs nouvelles préoccupations. Voici un tour d’horizon des sujets sur lesquels les consommateurs attendent des professionnels non pas de la communication mais une information, non pas du marketing mais une véritable amélioration des pratiques.

 

Du nouveau sur l’étiquette

Visuel nouveau étiquette Dès la fin de l’année, un règlement européen impose de nouvelles exigences qui vont faire évoluer les pratiques.

Comment l’étiquetage pourrait-il aider les consommateurs à manger plus équilibré ? Quel type d’information sur l’étiquette pour restaurer la confiance?

Le règlement européen de 2011 sur l’information des consommateurs - ou règlement « INCO » -  n’apporte pas à lui seul les réponses à ces questions. Néanmoins, les nouvelles exigences qu’il impose à partir de décembre 2014 vont faire évoluer les pratiques en matière d’étiquetage des produits alimentaires. Tour d’horizon de ce qui va changer sur les étiquettes.

Des étiquettes plus lisibles

Dès 1972, un décret français imposait aux étiquettes d’être « facilement visibles et lisibles ». Pourtant, 40 ans plus tard, on trouve toujours des étiquettes illisibles à moins de se munir d’une loupe ! Les associations de consommateurs ont plaidé à Bruxelles pour des exigences plus précises et le règlement INCO devrait permettre aux consommateurs d’y voir plus clair. En effet, il définit enfin une taille minimale de caractère. Fixée à 1,2 millimètre, ce qui correspond grosso modo à la taille du texte que vous êtes en train de lire, elle concernera toutes les mentions obligatoires (listes d’ingrédients, dates limites, poids...). Un progrès notable mais qui n’est pas suffisant, car rien n’est prévu sur le contraste, un élément au moins aussi important pour la lisibilité que la taille. Un texte gris sur un film d’emballage transparent ne sera guère lisible, même si les 1.2 mm requis sont respectés.

Les allergènes en gras

Les allergies sont de plus en plus fréquentes en particulier chez les enfants. Et il n’est pas facile de faire ses courses lorsque l’on est allergique car les listes d’ingrédients sont de plus en plus complexes. Le règlement INCO devrait faciliter un peu les choses. Les allergènes devront en effet être mis en évidence par une impression les distinguant clairement du reste des ingrédients, par exemple avec des caractères plus gros, en gras ou surlignés.

Transparence sur les huiles

Les étiquettes devront être plus précises en ce qui concerne les matières grasses. Les mentions vagues, comme « huile végétale » sans plus d’information, ne sont plus permises par le nouveau règlement. Il impose en effet aux professionnels de déclarer s’il s’agit d’huile de colza, de tournesol, de palme ou autre. Cette obligation devrait inciter les industriels à privilégier, lorsque c’est possible, l’huile de colza, plus intéressante sur le plan nutritionnel.

Par ailleurs, il est prévu que les ingrédients présents sous forme de nano particules (c’est-à-dire de particules extrêmement petites) soient accompagnés de la mention « nano » placée entre crochets. Cela devrait a priori concerner certains additifs.

L’étiquetage nutritionnel obligatoire

L’information nutritionnelle devra être présente sur tous les produits emballés mais seulement à compter de décembre 2016. Cette information obligatoire portera sur la valeur énergétique, les quantités de graisses, d’acides gras saturés, de glucides, de sucres, de protéines et de sel présentes dans 100 g ou 100 ml de produit. Dans les faits, cette mesure n’introduit pas de changement important car de nombreux professionnels présentent déjà une information nutritionnelle sur un mode jusqu’ici volontaire. En fait, le règlement INCO est passé à côté de l’essentiel : la définition d’un étiquetage nutritionnel simple et harmonisé permettant aux consommateurs de repérer aisément les produits les plus équilibrés. En effet, il est illusoire de penser que les consommateurs vont déchiffrer les tableaux nutritionnels lorsqu’ils font leurs courses ! C’est pour l’instant au niveau national que des améliorations peuvent être apportées sur ce point .

Echelle nutritionnelle : les consommateurs favorables, les industriels opposés

Au mois de juin 20144, Marisol Touraine, la ministre de la Santé, a annoncé que le prochain projet de loi de santé publique prévoirait un outil permettant de rendre compréhensible une information nutritionnelle aujourd’hui trop complexe. L’idée est d’aider les consommateurs à repérer les produits les plus équilibrés dans les rayons et de contribuer ainsi à la prévention des problèmes de santé liés à l’excès de sucre, de matières grasses et de sel (obésité, diabète, hypertension).
Un nouvel étiquetage, baptisé « échelle nutritionnelle », a d’ores et déjà été proposé à la ministre. Chaque produit se voit attribuer une note nutritionnelle globale sous la forme d’une lettre associée à une couleur pour plus de lisibilité. La CLCV a soumis ce projet aux consommateurs sur Internet : 84 % d’entre eux y sont favorables. Mais les industriels de l’agroalimentaire qui le jugent « stigmatisant » pour leurs produits y sont farouchement opposés et feront tout pour qu’il ne figure pas dans la future loi de santé publique.
Une pétition en ligne, à laquelle la CLCV s’est associée, a été lancée pour permettre aux consommateurs d’exprimer leur soutien à cet étiquetage. Elle est accessible sur le site de la Société française de santé publique : http://www.sfsp.fr/

 

Indication d’origine : encore trop opaque

étal de volailles

La demande des consommateurs est forte, mais ils vont encore devoir patienter.

Concentré de tomates de Chine, pommes du Chili, viande de poulet brésilien, laitages et vins français : des aliments toujours plus nombreux sillonnent la planète avant de finir dans l’assiette des consommateurs.

L’origine des aliments ne nous laisse pas indifférents pour de multiples raisons : par patriotisme économique ou souci de l’environnement ou tout simplement parce que l’on a envie de « savoir d’où ça vient », comme pour se rassurer sur ce que l’on mange. La demande d’information est forte : une consultation en ligne organisée par la CLCV en décembre 2012 a  montré que 81 % des consommateurs souhaitent connaitre l’origine des principaux ingrédients utilisés dans les produits transformés.

En février 2013, éclatait le scandale des lasagnes au cheval et le public incrédule découvrait le périple de la viande utilisée dans ces plats cuisinés. Partie de Roumanie, elle avait été achetée par un négociant néerlandais puis vendue à un industriel français par un intermédiaire chypriote avant de rejoindre une usine de surgelés en Belgique ! La complexité de ces circuits révélée au grand jour n’a rendu que plus criant le besoin de transparence sur l’origine.

Mais les consommateurs vont devoir patienter. En effet, le règlement INCO demande simplement à la Commission d’étudier l’impact d’une extension de l’étiquetage de l’origine. Si les institutions européennes décident ensuite de légiférer, ce qui est loin d’être acquis, des produits comme le lait, le sucre, la farine et les principaux ingrédients des produits transformés, en particulier la viande, pourraient d’ici quelques années être soumis à une indication d’origine.

Le règlement INCO va quand même dans le sens des attentes des consommateurs puisque, dès décembre 2014, les viandes de porc, de volailles, de mouton et de chèvre vont devoir indiquer leur origine. Elles rejoignent ainsi la viande bovine, soumise à cette obligation depuis la crise de la vache folle, mais aussi les fruits, les légumes, le vin, les œufs, le miel ou les huiles.

 

DLC, DLUO : on s’y perd !

DLC DLUO

S’il y a bien un sujet qui suscite la confusion chez les consommateurs, ce sont les dates limites de consommation.

La rubrique que la CLCV leur consacre sur le site www.lepointsurlatable.fr est d’ailleurs l’une des plus consultées. Rappelons qu’il existe deux types de dates :

-     la date limite d'utilisation optimale ou DLUO précédée de "A consommer de préférence avant le : ...". Elle concerne les denrées non périssables : conserves, surgelés, huiles, épicerie sèche (riz, pâtes, semoule, biscuits secs…). Au-delà de la DLUO, le goût et la valeur nutritionnelle se trouvent parfois altérés au fil du temps, mais le produit reste sans danger pour la santé. 

-     La date limite de consommation ou DLC, précédée de la mention "A consommer jusqu’au :", que l’on trouve sur les produits périssables : viande et produits de la mer frais, lait pasteurisé,  yaourts et dessert lactés... Ces denrées ne peuvent être vendues après la DLC. En principe, elles ne doivent pas non plus être consommées car il y a un risque d'intoxication alimentaire.

L’enquête que la CLCV a réalisée en partenariat avec l’ADEME en 2013 a montré que du côté des consommateurs les confusions entre ces deux dates étaient fréquentes avec à la clé du gaspillage et parfois des comportements à risque.

Il faut dire que les industriels ne font rien pour clarifier les choses. Ils ont tendance à raccourcir certaines dates pour accélérer l’écoulement de leurs produits. On a ainsi pu constater qu’un même yaourt pouvait présenter des dates limites plus longues en outre-mer qu’en métropole ! Une loi a d’ailleurs été votée en 2013 pour mettre un terme à ces pratiques aberrantes mais il reste beaucoup à faire pour obliger les professionnels à être plus transparents sur la façon dont ils fixent les dates limites.

 Et demain ?
L’étiquetage est en train d’évoluer avec l’irruption des nouvelles technologies dans notre quotidien. Il existe déjà plusieurs applications qui permettent en scannant les codes-barres d’accéder sur son téléphone portable à une notation de la qualité des produits.  Ultime raffinement, on peut même créer son barème personnalisé selon que l’on est plus attentif à la présence d’allergènes, à l’impact environnemental, ou à la nutrition.
Ces nouveaux outils préfigurent sans doute ce que sera l’étiquetage de demain mais posent aussi de nombreuses questions. En effet, l’information fournie n’est pas toujours fiable en particulier lorsqu’il s’agit de l’impact social ou environnemental des produits qui restent très difficiles à évaluer. Par ailleurs, tout le monde n’est pas équipé ou à l’aise avec ces technologies et il est important de veiller à ce que l’information directement accessible sur les emballages demeure complète et compréhensible par tous.

 

Produits de la mer : attention aux dérives !

Aquaculture nourrissage poissons

Jusqu’ici réputés sains, les produits de la mer sont désormais sur la sellette.

Comme la viande, le poisson a récemment été montré du doigt pour des pratiques discutables dans les élevages ou dans les industries de transformation. Mais, à partir de décembre 2014, le consommateur devrait être un peu mieux informé.

Etiquetage plus complet

Pour la vente à l’étal ou aux rayons des surgelés, un étiquetage plus complet est prévu en application de la nouvelle politique commune de la pêche. Afin d’éviter les confusions ou les tromperies, les étiquettes devront non seulement indiquer la dénomination commerciale mais aussi le nom scientifique de poissons, coquillages, crustacés et algues.

En ce qui concerne l’origine, finies les indications aussi vagues qu’Atlantique Nord-Est, cette immense zone de pêche s’étendant sur des milliers de km2. La zone de capture sera mentionnée de façon intelligible puisqu’on trouvera par exemple l’indication « Manche » sur les étiquettes. Les poissons d’élevage et sauvages devront être clairement distinguées et pour ces derniers le type d’engin de pêche sera précisé.

Plats cuisinés : rien ne change

Si tout cela va dans le sens d’une information plus transparente, dès que le poisson est incorporé dans des produits transformés (plats cuisinés, bâtonnets, surimi…), toutes ces indications tombent à l’eau. En effet, contrairement à ce que souhaitaient la CLCV et l’ensemble des associations de consommateurs européennes, le législateur a considéré que la mention de l’espèce et son origine pouvaient disparaître lorsque le poisson est un ingrédient et que le nom du produit ne fait pas référence à une espèce particulière.

Cela laisse l’opportunité aux fabricants de rester très vagues, au point que les consommateurs ne savent pas toujours ce qu’ils mangent (voir les résultats de notre enquête sur les produits à base de poisson). Pourtant, de l’aveu même des eurodéputés, l’indication obligatoire de l’origine des viandes et poissons contenus dans les plats cuisinés contribuerait à limiter les risques de fraude alimentaire.

 

Panés, brandades, surimis... : sait-on au moins ce que l'on mange ?

Enquête poissonsLa CLCV s’est penchée sur les étiquettes de 70 produits à base de poisson afin d’évaluer leur qualité.
Premier constat : dans la moitié des cas, on ne sait pas quel poisson on consomme puisqu’on trouve sur les étiquettes des mentions aussi vagues que « poissons » ou « poissons blancs ». De plus, la matière première est le plus souvent de la chair de poisson et non du filet de poisson.
Deuxième constat : l’étiquetage des quantités de poisson est obscur. Ainsi, pour comparer la quantité de poisson, il faut souvent calculer soi-même les pourcentages. Un manque de transparence qui se comprend mieux quand on sait que certains produits, les soupes notamment, ne contiennent que 15 à 20 % de poisson !
Retrouvez cette enquête sur www.lepointsurlatable.fr
 

Peut-on encore manger du poisson sans risque ?
Présence de polluants dans l’eau des mers ou des rivières, poissons d’élevage à la dioxine, pratiques critiquables dans les élevages de Panga : les contaminants chimiques (PCB, résidus de pesticides, dioxines, métaux lourds) sont présents à des niveaux variables dans tous les poissons.
Pour limiter notre exposition, il n'y a pas d'autre solution que de varier notre alimentation. Par exemple, en alternant les poissons maigres et les poissons gras (plus susceptibles d’être contaminés), en consommant des poissons sauvages et des poissons d’élevage et en diversifiant les provenances.
De plus, comme le précise l’agence de sécurité alimentaire, certaines populations sensibles (par exemple les femmes enceintes, les jeunes enfants) doivent restreindre leur consommation de certains types de poisson tels que l'anguille, la carpe, le bar, la bonite, l’empereur, la dorade, le thon....

Comment consommer responsable ?
Consulter les listes régionales des espèces non menacées par la surpêche, (re)découvrir des espèces moins connues mais tout aussi goûteuses sont des solutions pour consommer du poisson durable. De même qu’acheter des produits de la mer sous label ! Sauf qu’en la matière, il n’y a pas grand-chose hormis des initiatives privées.
Pour les produits de la pêche, il existe le label MSC mais celui-ci ne concerne que très peu de produits en France. Pas mieux pour le secteur de l’aquaculture, alors que celui-ci est souvent montré du doigt pour ses impacts sur l’environnement. On dispose tout au plus de certifications privées (ASC, GlobalGap) et de démarches volontaires (Aquacultures de nos régions).
La solution ? Un écolabel européen pour les produits de la pêche et de l’aquaculture. La Commission européenne y réfléchit, mais sans grand enthousiasme. Quant à la France, elle devrait lancer d’ici quelques mois son propre écolabel pour les produits de la pêche. Il pourrait servir de base à une norme internationale définissant la pêche maritime durable.

 

Fruits et légumes : le zéro défaut n’est plus la règle

 

Patate

Des professionnels s’essayent à la vente de fruits et légumes « moches » ou « biscornus », mais les obstacles restent nombreux.

Pommes légèrement tachées, tomates de formes irrégulières, carottes cassées et de tous calibres : au cours des derniers mois, on a vu se multiplier des ventes de fruits et légumes « moches » dans plusieurs enseignes de la grande distribution. D’habitude, ces produits qui ne répondent pas aux cahiers des charges des professionnels n’arrivent pas jusqu’au consommateur.

Mais l’exigence du « zéro défaut » a des conséquences importantes. Les produits imparfaits sont perdus lorsqu’ils ne peuvent être valorisés sous forme de produits transformés (soupes, confitures, jus…). De plus, les producteurs peuvent être amenés à traiter davantage pour éviter toute attaque de parasites susceptible de nuire à l’aspect visuel de leur production.

Partant de ces constats, des professionnels s’essayent donc à la vente de fruits et légumes « moches » ou « biscornus ». Mais les obstacles sont nombreux, à commencer par les producteurs eux-mêmes qui craignent que cette offre de produits hors normes ne tire les prix de l’ensemble des fruits et légumes vers le bas.

De plus, ces produits inhabituels ne se vendront que s’ils ont du goût. C’est pour cela que quelques professionnels de la filière fruits et légumes, regroupés au sein d’une structure baptisée « 3 couleurs »,  cherchent à valoriser ces oubliés de la grande distribution. Ils proposent des produits avec des imperfections, qu’ils appellent d’ailleurs « Les gueules cassées », mais qui sont savoureux. 

Avec un prix attractif, quelques bobos, mais de la qualité, ces fruits et légumes sont un peu les « dégriffés » d’un rayon où tout est lisse mais souvent bien fade.

 

 

Fraises et tomates : le goût pas vraiment au rendez-vous

Dégustation fraises tomates à Saint-Omer 62

 Au mois de juin 2014, la CLCV a proposé à plus de 1000 consommateurs de noter le goût des fraises et des tomates vendues en grande distribution. Une cinquantaine de dégustations « à l’aveugle » ont été organisées un peu partout en France avec des panels de consommateurs dans une ambiance à la fois studieuse et conviviale.

Les résultats globaux sont décevants, en particulier pour les tomates qui ne sont appréciées que par 27 % des consommateurs. Pour les fraises, les résultats sont meilleurs avec 43 % des participants satisfaits du goût, mais là aussi, les marges de progrès sont importantes puisque 39 % considèrent que les fraises testées n’étaient « ni bonnes, ni mauvaises ».

Au final, choisir les catégories de tomates ou de fraises les plus chères ne permet pas d’avoir des produits plus savoureux. Ainsi, la fameuse gariguette n’a pas été jugée plus satisfaisante que la moyenne des fraises.

 

Bien-être animal : la fin de l’indifférence ?

Bien-être animal

En France, même si on est encore loin de l’engouement des Européens du Nord pour le bien-être animal, cette préoccupation prend de l’ampleur. Cependant, au quotidien il s’avère très difficile de savoir dans quelles conditions ont été élevés, transportés et abattus les animaux puisqu’il n’existe pas de « label bien-être animal ».

Le choix des consommateurs peut néanmoins contribuer de façon déterminante à des pratiques plus respectueuses du bien-être des animaux de ferme. Et cela commence à se voir dans les rayons ! Ainsi, les consommateurs boycottant de plus en plus les œufs de poules en cages, la production d’œufs Bio aurait connu un taux de croissance annuel de 16 % en moyenne sur les cinq dernières années d’après l'Institut technique de l'aviculture. Monoprix a d’ailleurs renoncé à commercialiser des œufs provenant de poules élevées en cages. De même, de grandes marques de l’agroalimentaire n’utilisent plus ces œufs pour leurs recettes et certaines l’affichent sur les emballages.

Récemment, pas moins de 60 000 Français ont signé la pétition européenne de CIWF, une association de défense du bien-être des animaux de ferme pour demander de meilleures conditions d’élevage pour les porcs.

La Commission européenne se préoccupe elle aussi du bien-être animal. C’est sous son impulsion que depuis 2012, les poules pondeuses ne sont plus confinées dans des cages métalliques exigües mais logent dans des « cages enrichies » plus vastes. Le secteur porcin est lui aussi concerné et depuis 2013 les truies gestantes, c'est-à-dire qui attendent des petits, ne sont plus confinées dans des stalles individuelles et bénéficient de  plus d’espace et de « confort ».

Nos conseils : pour la volaille ou le porc, on peut privilégier les produits portant la mention « élevé en plein air » ou « élevé en liberté ». Cela concerne les produits labellisés Bio, Label Rouge ou AOP.

Pour les œufs, un chiffre imprimé sur l’œuf permet de connaître le mode d’élevage. Il précède les lettres indiquant le pays d’origine (FR pour la France). Le consommateur soucieux du bonheur des poulettes optera donc pour des œufs de plein air, numérotés 0 (agriculture biologique) ou 1 (agriculture conventionnelle), voire des œufs de poules élevées au sol 2. Il évitera les œufs numérotés 3 qui viennent de poules élevées en cages.