En France, le plan national EcoAntibio a été mis en place en médecine vétérinaire en 2012 à la demande du ministre de l’Agriculture. Il vise une réduction de 25 % de l’usage des antibiotiques en 5 ans et a permis de sensibiliser les filières d’élevage à une utilisation raisonnée des antibiotiques. Les rapports publiés par l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation (ANSES) il y a quelques jours permettent un premier bilan du plan EcoAntibio.
Depuis 1999, l'ANSES a mis en place un suivi annuel des ventes d'antibiotiques vétérinaires. Cela permet d’évaluer l’utilisation de ces médicaments dans les élevages et de suivre l’évolution des pratiques chez les différentes espèces animales. Cela contribue aussi à évaluer les risques liés à l'antibiorésistance.
En parallèle, l’agence suit aussi depuis 1999 l'exposition des animaux aux antibiotiques (ALEA pour Animal Level of Exposure to Antimicrobials). En effet, une diminution du volume des ventes ne traduit pas forcément une diminution de l'utilisation. Cet indicateur ALEA prend pour cela en compte, en particulier, la posologie et la durée d'administration, mais aussi l'évolution de la population animale au cours du temps.
Premier enseignement des rapports de l’Agence, l’objectif d’une diminution de 25 % de l’usage des antibiotiques sur les animaux en cinq ans est en passe d’être atteint. En effet, sur les années 2014 et 2015, le volume total moyen des ventes est proche de 650 tonnes d’antibiotiques par an, soit une diminution de 28,4 % par rapport à 2011, année de référence pour le plan EcoAntibio.
En ce qui concerne l’exposition des animaux aux antibiotiques, l’ALEA a diminué de 13,6 % en France depuis 1999. Toutes espèces animales confondues (y compris les chiens et chats), l’exposition globale a diminué de 20,1 % en France sur les 4 dernières années (moyenne 2014-2015 par rapport à 2011). Cette baisse est variable mais concerne toutes les filières d’élevage, des bovins (-9,5 %) aux porcs (-24,1 %), en passant par les volailles (-22,1 %) et les lapins (-17,8 %).
Ces bons résultats sont également observés pour les antibiotiques jugés critiques pour la santé humaine, qui constituent souvent les seules alternatives pour le traitement de certaines maladies. Par exemple, l’exposition aux céphalosporines de dernières générations a diminué de 21,3 % entre 2013 et 2014-15, celle aux fluoroquinolones de 22,3 % sur la même période. Là aussi, tous les animaux d’élevage sont concernés par cette baisse.
Pour autant tout n’est pas rose ! Ainsi, d’après le Réseau d’épidémiosurveillance de l’antibiorésistance des bactéries pathogènes animales (RESAPATH), on observerait une tendance générale à la baisse du phénomène de multirésistance (résistance à au moins trois familles d’antibiotiques) ces dernières années pour toutes les espèces, sauf pour les bovins, pour lesquels elle est stable sur la période 2011-2015 mais en augmentation entre 2014 et 2015. Par ailleurs, pour l’ensemble des antibiotiques non critiques, l’année 2015 marquerait le pas dans l’évolution des taux de résistances aux antibiotiques, jusqu’ici à la baisse.
Affaire à suivre au second semestre 2017, puisque l’ANSES a prévu de de publier à cette date un rapport complet sur le suivi du plan EcoAntibio.