C’est vers la fin des années 80 que la pêche au chalut en eau profonde a pris son essor en Europe. En effet, suite à la baisse des captures d’espèces traditionnelles, plusieurs flottilles industrielles françaises, portugaises, britanniques et espagnoles se sont lancées dans la capture d’espèces vivant à des profondeurs que les progrès technologiques permettaient d’atteindre (lingues bleues, grenadiers de roches, sabres, empereurs…). Mais très rapidement, les experts du monde marin se rendent compte que les écosystèmes profonds sont peu connus et leur faune vulnérable.
Suite au déclin constaté de la ressource, une première série de mesures de régulation est actée au début des années 2000 : interdiction de pêcher des espèces comme l’empereur et tous les requins profonds, quotas, protection des aires de reproduction de la lingue bleue, interdiction de la pêche profonde dans certaines zones pour protéger les coraux profonds, les grandes éponges…
Pour autant, cette méthode de capture reste contestée. Et on ne compte plus les passes d’armes sur ce sujet entre scientifiques, ONG environnementales, professionnels de la pêche et politiques de tous bords lors des discussions sur la pêche en Europe. Jusqu’à ce 30 juin 2016 où le Parlement européen, le Conseil, et la Commission ont enfin trouvé un accord sur le projet de règlement encadrant la pêche profonde.
Ce compromis prévoit d'interdire le chalutage profond au-delà de 800 mètres de profondeur. Cette profondeur est ramenée à 400 mètres dans les zones « d'environnement marin vulnérable ». D’autre part, dans les eaux autorisées, la pêche en eaux profonde ne pourra être pratiquée que si la zone a déjà été exploitée par le passé entre 2009 et 2011. Les mesures de contrôles seront renforcées, tout comme les sanctions en cas d'infraction. Des mesures concernent aussi la collecte de données lors des campagnes de pêche.
Toutefois, les zones maritimes concernées par l’accord sont réduites aux eaux européennes et à la zone Atlantique Centre-Est. En particulier, les eaux internationales de la zone de pêche Atlantique Nord-Est en sont exclues, alors qu’un certain nombre d’armements européens y sont présents.
Cet accord informel doit maintenant être approuvé par la commission des pêches du Parlement européen et par le Conseil. Un vote en plénière devrait intervenir en novembre 2016.