Notre association se préoccupe du bien-être animal depuis longtemps. Déjà dans les années 90, nous nous étions penchés sur le lien entre les conditions de transports des animaux et la qualité de la viande mise en vente, dans le cadre d’un rapport pour la Direction générale de l’alimentation (DGAL).
Ces derniers mois, plusieurs vidéos ont montré les conditions indignes dans lesquelles les animaux étaient parfois abattus. Les médias s’en sont fait l’écho. Cela a conduit à la mise en place d’une commission d’enquête parlementaire sur les conditions d’abattage en France. Lors de ces travaux, la CLCV a été auditionnée le 2 juin 2016.
Une meilleure formation du personnel
A l’occasion de cette audition, nous avons expliqué que la formation initiale et continue des personnels sur la chaîne d’abattage aux questions du bien-être animal était nécessaire afin d’éviter les dérives résultant inévitablement de la routine.
D’autre part, pour éviter le climat de suspicion générale, nous sommes favorables à la mise en place de caméras de vidéo-surveillance, dans le respect des réglementations en vigueur. Cela se fait d’ailleurs dans d’autres pays (Royaume-Uni, Pays-Bas).
La fonction de responsable du bien-être animal protégée
La réglementation européenne prévoit que les abattoirs désignent un responsable du bien-être des animaux, qui est garant de la bonne application des mesures relatives au bien-être des animaux. Nous avons demandé que sa formation soit allongée et renforcée, par exemple par l’étude de cas et qu’il soit effectivement présent sur les postes allant de la réception des animaux jusqu’à l’abattage et ce, dans tous les établissements, quelle que soit leur taille. Nous considérons par ailleurs que ce responsable devrait bénéficier du statut de lanceur d’alerte, tel que défini par le projet de loi sur la corruption et que nous souhaitons voir transposé à d’autres secteurs que celui de la finance. Cela afin d’être en mesure de dénoncer les mauvais comportements dans un établissement et d'exiger une modification des pratiques.
Vers un label bien-être animal ?
Si un « label » sur le bien-être animal devait être mis en place, il devrait être porté par l’institution et non laissé à des initiatives privées ou émanant d’associations, comme cela est le cas, par exemple, en Allemagne. Celui-ci devrait par ailleurs couvrir tous les aspects de la vie de l’animal et pas uniquement les conditions d’abattage. Bien sûr, pour être crédible, il doit s’appuyer sur un cahier des charges et un plan de contrôle solides, et des contrôles par une tierce partie indépendante.
Plus de transparence lors des contrôles
Seul un dispositif public indépendant de contrôle des abattoirs est à même de garantir aux consommateurs une sécurité sanitaire maximale. Or, à plusieurs reprises, de graves lacunes dans l’inspection vétérinaire en abattoir ont été mises en évidence dans notre pays. Une situation pour le moins inquiétante. Nous souhaitons donc que les inspections soient renforcées et que celles-ci se fassent de manière inopinée de façon à maintenir une pression de contrôle officiel assurant la fiabilité de notre chaîne alimentaire.
Il importe donc que le ministère de l’Agriculture et l’ensemble des professionnels entendent les évolutions de la société et prennent toutes les mesures qui s’imposent pour que les pratiques en abattoir évoluent de manière à ce que le bien-être fasse partie des exigences incontournables au même titre que l’hygiène. L’incidence sur le coût final de la viande mise en vente serait faible au regard de la décomposition des prix depuis l’élevage et jusqu’à l’assiette du consommateur.