Le 6 décembre, les consommateurs apprenaient que la viande de porc irlandaise était contaminée par de la dioxine. C’est 10 % de la production porcine irlandaise qui serait concernée avec des teneurs en dioxine atteignant 80 à 200 fois les seuils réglementaires.
Malgré ces niveaux de contamination, les agences sanitaires se veulent « rassurantes ». Dans son avis du 10 décembre, l’Afssa explique ainsi qu’il s’agit d’une « surexposition limitée dans le temps » qui « apparaît très faible et n’est pas de nature à modifier significativement le risque ». Jusqu’à nouvel ordre, pas de risque avéré pour la santé des consommateurs donc.
Il n’empêche que cette contamination ne doit pas être minimisée. En effet, elle n’est pas limitée aux élevages de porcs mais on a appris avant-hier qu’elle concerne aussi quelques élevages bovins irlandais. Ce rebondissement, qui n’est peut être pas le dernier, n’est guère étonnant puisque c’est apparemment un aliment pour animaux qui est à l’origine de l’incident. On notera au passage que l’aliment en question semble heureusement ne pas avoir été exporté.
Même s’il n’y a pas de risque établi pour les consommateurs, les viandes contaminées sont bel et bien non conformes à la réglementation. Or, si la viande de porc a fait l’objet d’un retrait systématique en Irlande et en France, ce n’est pour l’instant pas le cas pour le bœuf irlandais. Motif : la contamination des bovins est beaucoup plus faible et concerne un plus petit nombre de bêtes. Cette « tolérance » n’est pas sans rappeler les récentes affaires autour de l’huile de tournesol ukrainienne ou de la mélamine dans les produits chinois. Dans ces deux épisodes fâcheux, les pouvoirs publics avaient déjà laissé passer, certes temporairement, des produits non conformes dans la chaîne alimentaire.
Les crises ne sont pas toujours évitables, c’est un fait. Mais les autorités sanitaires peuvent choisir de les gérer avec plus ou moins de rigueur et la CLCV rappelle que les consommateurs sont en droit d’attendre des produits qui respectent la réglementation, a fortiori en matière sanitaire.
(publié le 11/12/08)