En 2008, les consommateurs français s’étaient clairement opposés à l’autorisation d’importation de volailles américaines traitées par des désinfectants chimiques. La question pourrait bien revenir sur le tapis très prochainement.
En effet, l’EFSA a rendu en 2014 un avis sur l’utilisation de l’acide peroxyacétique pour décontaminer les carcasses de volailles à l’abattoir. Nous craignons que cet avis plutôt favorable n’aboutisse prochainement à une autorisation pour les professionnels d’utiliser ce produit biocide à l’abattoir, mais aussi que cela permette à des pays tiers (notamment les États-Unis) de commercialiser en Europe de la viande traitée de cette manière. Nos craintes sont d’autant plus fondées qu’il existe un précédent avec l’autorisation de l’acide lactique pour réduire la contamination bactérienne des carcasses de bovins, en 2013.
Pour la CLCV, autoriser ces traitements chimiques en abattoir risque fort à terme de dispenser les filières de production d'avoir une maitrise rigoureuse du risque sanitaire depuis la ferme jusqu'à l'abattoir. Jusqu’à présent l'Europe n'a pas eu à rougir des résultats sanitaires de la stratégie intégrée « de la fourche à la fourchette ». Par contre, dans les états ayant recours à de tels procédés, la décontamination chimique n’offre pas forcément de meilleures garanties pour les consommateurs. En effet, cette possibilité peut amener certains opérateurs à négliger les règles d'hygiène indispensables. Ainsi, aux USA, en 2014, l’association Consumer Report a retrouvé des traces de bactéries pathogènes (E. coli, salmonelles, Campylobacter ...) dans 97% des filets de poulet testés.
À la lecture de l’avis scientifique, si le potentiel décontaminant de l’acide peroxyacérique semble à peu près établi pour E. coli, cela est beaucoup moins évident pour les salmonelles et Campylobacter. Pourtant, ces derniers sont les principaux pathogènes associés à la viande de volaille. De plus, on ne peut pas exclure, à l’heure actuelle, que l'utilisation de l’acide peroxyacétque ne se traduise par l’apparition de résistances.
C’est pourquoi la CLCV a interpelé les autorités françaises et européennes. Pour nous, il est clair que le fait alimentaire ne peut être réduit à une question de maîtrise des risques sanitaires. Ainsi, même si certaines techniques ou procédés sont réputés sans risque, ils doivent être considérés comme inacceptables dès lors que les consommateurs européens les jugent incompatibles avec leur mode de consommation et leur conception de l’agriculture.
Alors que l'Union européenne et les États-Unis sont engagés dans des négociations pour un accord de libre-échange, il est essentiel que la sécurité alimentaire, la protection des consommateurs et le respect de leurs préférences priment sur les considérations commerciales lors des décisions prises par les autorités de l’UE.
Publié le 20/04/2015
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