L’actuel tableau nutritionnel, obligatoire dès la fin de l’année sur les produits alimentaires emballés et déjà présent sur plus de 75 % d’entre eux, est totalement incompréhensible pour les consommateurs. Vu les chiffres de l’obésité et des maladies qui y sont associées dans notre pays, il est grand temps de doter les Français d’un système d’étiquetage nutritionnel complémentaire afin qu’ils puissent faire de meilleurs choix alimentaires dès l’acte d’achat.
C’est d’ailleurs ce que la loi de santé publique votée en janvier dernier a prévu. Le dispositif sera unique (les différentes marques et distributeurs ne pourront pas opter pour des affichages différents). Mais il restera facultatif, puisque la réglementation européenne ne permet pas pour l’instant de le rendre obligatoire.
Avant de décider de sa forme, une expérimentation en magasin sera menée cet automne.
En lice, 4 systèmes concurrents
Deux d’entre eux sont synthétiques. C’est-à-dire qu’ils sont basés sur un code couleur traduisant la qualité nutritionnelle globale du produit. Les méthodes de calcul utilisées pour déterminer ces deux scores nutritionnels ont été jugées par l’ANSES de bonne qualité et leurs résultats relativement proches. Pourtant ils émanent de deux sources très différentes.
Le Nutri-Score est en effet l’évolution du système proposé par le président du Programme national nutrition santé (PNNS), Serge Hercberg. Il a les faveurs de nombreux scientifiques et positionne la qualité globale de l’aliment sur une échelle de couleurs.
Le second, baptisé SENS, est proposé par la Fédération du commerce et de la distribution, qui regroupe la plupart des grandes enseignes, et a été développé par Nicole Darmon, directrice de recherches à l'INRA. Il est lui aussi basé sur un code couleur, mais il s’accompagne d’indications de fréquences de consommation.
Les deux autres logos existent déjà : il s’agit des « Traffics lights » anglais (feux tricolores) et du système « GDA - NutriRepères » (Repères nutritionnels journaliers), très utilisé par l’agroalimentaire. Ils sont de type descriptif, c’est-à-dire qu’ils décrivent les teneurs en sucre, en gras et en sel des produits alimentaires. En clair, ils ne font que reprendre les données du tableau nutritionnel.
3 mois d’expérimentation en magasin
A partir de septembre, cinq groupes de dix supermarchés participeront à l’expérimentation. Dans quatre d’entre eux, dans plusieurs rayons, les produits porteront le logo de l’un des 4 systèmes en lice. Le cinquième groupe de magasins servira de témoin.
Auparavant, le ministère aura réalisé une étude qualitative pour analyser comment réagissent les consommateurs face à ces logos.
Les résultats de l’évaluation sont attendus en décembre 2016, permettant au ministère de la Santé de décider début 2017 du système qu’il recommande.
Une inconnue demeure : le délai de 3 mois pour réaliser les tests sera-t-il suffisant pour que l’un 4 dispositifs sorte du lot ?