Depuis plusieurs années, la vente de produits alimentaires en circuits courts ou de proximité connaît un bel essor. AMAP, Ruche qui dit Oui, vente directe, achats sur Internet, halles de producteurs, marchés, magasins spécialisés, grandes surfaces… : les consommateurs ont à disposition plusieurs moyens pour consommer local. C’est dans ce contexte que s’inscrit le locavorisme : une pratique plutôt à la mode qui consiste à consommer de la nourriture produite dans un rayon allant de 100 à 250 kilomètres maximum autour de son domicile. Les personnes qui s’y adonnent sont appelées « locavores ».
En mangeant local, les consommateurs ont l’impression de revenir à l’essentiel, à l’authentique. Dans un contexte de méfiance généré par les différents scandales alimentaires, ils veulent se rassurer sur la qualité des produits qu’ils achètent et se réapproprier ainsi ce qu’ils mangent. Les producteurs engagés en circuits courts consomment en effet souvent peu d’intrants ou sont en agriculture biologique. La commercialisation de produits locaux rapproche les uns et les autres et s’affirme comme un facteur de cohésion sociale.
Pour la plupart des consommateurs, consommer local est associé à un meilleur bilan carbone car les denrées alimentaires achetées à proximité parcourent peu de kilomètres. Manger local est donc vu comme obligatoirement meilleur pour l’environnement. Ce n’est pas forcément le cas. En effet, si les produits alimentaires locaux parcourent effectivement de courtes distances, ils sont en général transportés par la route sans que la logistique ne soit forcément optimisée. De ce fait, ramenées au kilomètre parcouru, les émissions de CO2 peuvent être plus importantes pour une tonne de produits vendus au marché que pour la même quantité livrée au supermarché.
C’est pourquoi, la CLCV rappelle aux consommateurs que les mentions « Fabriqué en France » ou « Fabriqué localement », si elles flattent la fibre patriotique des acheteurs potentiels, ne garantissent pas forcément que les produits sont meilleurs pour l’environnement.
Cependant, la consommation de produits locaux reste un élément de réponse incontournable au défi de l’alimentation durable, ne serait-ce que parce qu’elle contribue au maintien de l’agriculture vivrière sur les territoires.
Devenir « locavore » paraît a priori séduisant. Toutefois, il semble difficile de consommer uniquement des aliments produits ou cultivés à environ « 200 km à la ronde ». En effet, à titre d’exemple, un habitant du Nord, trouvera difficilement dans ce périmètre du café, du thé, du chocolat, du comté, de la moutarde, du riz, de nombreux fruits d’été comme les pêches, les abricots, etc. Dans le Sud, il sera difficile de se procurer du lait, du sucre de betteraves, etc. De plus, nous savons aussi qu’il est impossible de manger 100 % local pour ceux d’entre nous qui achètent des aliments préparés ou cuisinent peu.
Si devenir exclusivement « locavore » semble relever de l’utopie, nous pouvons tout de même réapprendre à consommer des produits de saison, rechercher des producteurs près de chez soi et privilégier les productions françaises.