Le Parlement européen vient à nouveau d’inviter la Commission à rendre obligatoire l’étiquetage du pays d’origine des viandes et des produits laitiers dans les produits transformés. Mais la résolution adoptée le 12 mai 2016 à une large majorité n’est pas contraignante et la Commission européenne a rappelé qu’elle n’avait pas l’intention de légiférer en ce sens. La raison : un surcoût de production de 20 % à 50 %. Des chiffres contestés par les associations européennes de consommateurs et de nombreux eurodéputés qui ont étudié la question.
Forte demande
Or, d’après une enquête européenne, 70 % des consommateurs souhaitent connaître l’origine de leurs aliments. Et la demande est encore plus forte lorsqu’il s’agit de produits alimentaires à base de viande ou de lait.
C’est pourquoi, depuis 2013, la CLCV demande que les consommateurs puissent connaître l’origine des principaux ingrédients des plats cuisinés et des préparations à base de viande et de lait.
Actuellement, la possibilité d’informer ou pas le consommateur sur l’origine est laissée au bon vouloir des fabricants. Et trop souvent, dans notre pays, l’origine n’est mentionnée que lorsqu’elle valorise le produit, par exemple, sous la forme d’un des logos « Viandes de France ». Dès lors, cette indication répond plus à une stratégie de communication qu’à une réelle volonté d’informer.
Initiative française
Mais si elle refuse de légiférer à l’échelle de l’Europe, la Commission pourrait toutefois autoriser la France à tester un étiquetage obligatoire de l’origine des viandes et du lait dans les produits transformés. Cette demande lui a officiellement été notifiée, la Commission devrait répondre mi-juin.
Face à la levée de boucliers d’un certain nombre d’industriels du secteur, nous avions adressé à Jean-Claude Juncker, président de la Commission européenne un courrier soutenant l’initiative française. Nous considérons en effet que le projet de décret français est pleinement conforme au règlement européen sur l'information du consommateur (INCO) et qu’il permet de répondre enfin à ce que les consommateurs français attendent.
Mais si nous sommes favorables à cette mise en transparence, nous avons aussi écrit au ministre de l’Agriculture, pour attirer son attention sur le fait que les consommateurs ne peuvent se satisfaire de la déclaration de l’origine de l’ingrédient principal, c’est-à-dire celui qui représente plus de 50 % de la recette. Car cela reviendrait à ne livrer l’information que sur peu de produits (yaourts, saucisses, etc.) et à ne pas la donner pour les plats cuisinés, les lasagnes, les raviolis, les sauces à base de viande, les clafoutis, les crèmes brûlées… C’est pourquoi nous serons extrêmement vigilants à ce que le décret, qui doit définir les modalités de mise en œuvre de l’étiquetage, permette bien une information loyale et transparente du consommateur pour tous les produits à base de viande et de lait.