La France est le plus grand utilisateur de pesticides en Europe. Cependant, il y avait jusqu’à présent assez peu de données nationales d’imprégnation de la population par ces substances. Or la contamination des aliments et de l’environnement par des résidus de pesticides est soupçonnée d’avoir des effets graves sur la santé (cancers, perturbation du développement du fœtus, du système reproducteur...). Grâce à des analyses de sang, d’urine et de cheveux prélevés en 2006-2007, l’étude de l’InVS est en quelque sorte une photographie de l’imprégnation de la population française et de son exposition chronique à des substances chimiques qui ont été ou sont toujours utilisées par le monde agricole et les particuliers.
Premier constat, les mesures d’interdiction et de restriction d’usage de certaines substances semblent avoir montré leur efficacité. C’est en particulier le cas des pesticides organochlorés (DDT, chlorophénols notamment utilisés comme antimite ou désodorisant...) interdits depuis de nombreuses années et dont les concentrations observées sont relativement basses d’après les scientifiques.
Même chose en ce qui concerne les PCB, dont la concentration sanguine a été divisée environ par trois en France entre 1986 et 2007. Cependant, l’héritage historique de la pollution par les PCB est encore présent. Ainsi, environ 13 % des femmes en âge de procréer (18-45 ans) et moins de 1 % des adultes ont encore une concentration de PCB totaux supérieure aux seuils critiques définis par l’ANSES.
En ce qui concerne les pesticides organophosphorés et pyréthrinoïdes, la situation parait plus préoccupante. En effet, les concentrations urinaires observées pour les produits de dégradation de ces substances seraient parmi les plus élevés en référence à des pays comparables.
À l’origine de cette imprégnation, il y a ce que nous mangeons bien sûr ! Les fruits et les légumes insuffisamment lavés, les céréales traitées lors du stockage sont des sources de contamination par des résidus de produits de traitement. Les viandes et les produits de la pêche qui ont une forte tendance à la bioaccumulation sont aussi des voies d’exposition fortes.
Cependant, notre environnement n’est pas étranger à la présence de résidus dans notre sang ou nos urines ! En particulier, l’étude rappelle que les insecticides que nous utilisons dans les logements, les produits utilisés au potager ou pour traiter les plantes vertes ainsi que les traitements antipuces des animaux domestiques peuvent influencer de façon importante les quantités de biomarqueurs détectées. De même, le fait de résider à proximité de parcelles agricoles où ont lieu des traitements augmente l’exposition aux substances.