Contrairement à ce qu’ont longtemps affirmé les professionnels de l’agroalimentaire, des nano ingrédients* sont bel et bien présents dans nos aliments. Le registre des nano tenu par le ministère de l’environnement et l’ANSES liste en effet plusieurs nanoparticules utilisées dans la fabrication de produits alimentaires. Il s’agit essentiellement d’additifs : des agents texturants comme le chlorure de calcium, des colorants comme le dioxyde de titane ou l’oxyde de fer et différentes formes de silice utilisée comme antiagglomérant.
Cette situation est problématique car il est admis que les « nanos » ont, en raison de leur taille, des propriétés particulières et devraient donc faire l’objet d’une évaluation sanitaire spécifique afin d’écarter une éventuelle toxicité. Alors que la mise au point des méthodes nécessaires à cette évaluation fait encore l’objet de travaux de recherche, les nanos sont déjà largement présentes dans notre quotidien, y compris dans nos assiettes.
Certes à l’heure actuelle aucune alerte sanitaire liée aux nanos n’a été recensée mais il est anormal que l’on se pose la question des risques éventuels après leur mise sur le marché. Nous demandons donc que les règlements qui définissent les procédures d’autorisation dans le domaine de la chimie (règlement REACH), de l’agroalimentaire, des cosmétiques et de la santé soient adaptés afin de prendre en compte les spécificités des nanos.
En ce qui concerne l’information du consommateur, il est prévu que les ingrédients nanos présents dans les aliments soient étiquetés à compter du 13 décembre 2014. Il est évident que cet étiquetage doit concerner l’ensemble des additifs et pas seulement les nouveaux, comme proposé dans un récent projet de réglementation de la Commission européenne heureusement battu en brèche par le parlement.
A l’issue du débat public sur les nanotechnologies de 2010, le gouvernement français s’était engagé « en faveur de l'étiquetage des produits mis à disposition du grand public et contenant des substances à l'état de nanoparticules ». Cet engagement ne doit pas rester lettre morte et nous demandons aux pouvoirs publics de garantir une information complète des consommateurs quant à la présence d’ingrédients « nanos » dans les produits alimentaires.
* Les termes « nanotechnologie » ou « nanomatériaux » ou encore « nano » désignent un éventail très large de techniques qui ont pour point commun l’utilisation de matériaux ou de composants dont les dimensions sont infiniment petites, de l’ordre du nanomètre c’est-à-dire du milliardième de mètre.