Avec l’application du règlement européen de 2006 sur les allégations « nutrition santé », le marketing de l’industrie agroalimentaire est aujourd’hui sur la sellette. L’Agence européenne de sécurité alimentaire (Aesa) s’est en effet attelée à une tâche colossale : évaluer la crédibilité scientifique de plus de 4000 allégations « santé » présentes sur le marché alimentaire européen. Le travail progresse lentement puisqu’un peu plus de 900 avis ont été rendus et la fin de l’exercice n’est pas attendue avant fin 2011.
Mais les premiers résultats sont sans appel pour les professionnels : 75% des allégations génériques sont injustifiées. En ce qui concerne les promesses les plus audacieuses, relatives à la santé des enfants ou la prévention des maladies, ce sont même 80% d’entre elles qui ont pour l’instant été retoquées !
Sentant le vent tourner, Danone, leader sur le marché des « alicaments », a amorcé un rétropédalage spectaculaire : l’entreprise vient de retirer ses deux dossiers phares déposés à l’Aesa, Actimel et Activia, et de revoir le contenu de sa communication sur leurs supposés effets.
Pour la protection des consommateurs, il s’agit là d’avancées importantes qui devraient logiquement conduire à la disparition dans les rayons de nombreuses mentions farfelues. Mais au préalable, il reviendra à Bruxelles d’établir des listes d'allégations autorisées qui devraient évidemment exclure celles qui ne sont pas considérées comme fiables par l’Aesa. Or, au train où vont les choses, la publication de ces listes n’est pas pour demain.
Pour la CLCV, il est inacceptable que plusieurs centaines de produits dont les experts ont jugé qu’ils n’apportaient pas de réels bénéfices pour la nutrition et la santé continuent, pendant des mois voire des années, à revendiquer de telles vertus. Au fur et à mesure de la publication des avis de l’Aesa, les allégations injustifiées doivent être retirées du marché dans les meilleurs délais.
Il est tout aussi prioritaire de mettre un terme aux tentatives actuelles de détricotage du règlement sur les allégations de 2006. Sous la pression de l’industrie agroalimentaire, le 16 mars dernier, une commission de l’europarlement a tout bonnement proposé de supprimer les profils nutritionnels, un dispositif permettant d’éviter que les produits notoirement déséquilibrés puissent recourir aux allégations.
Les eurodéputés auront à se prononcer sur cette proposition au mois de mai et la CLCV les appelle à maintenir ces règles, sans quoi les professionnels pourront continuer à expliquer que les barres chocolatées participent au tonus des enfants ou que les biscuits fourrés contribuent à leur fournir du calcium.
(Publié le 16/04/10)