En Europe, 70 % des consommateurs souhaitent connaître l’origine des aliments qu’ils consomment et la demande est encore plus forte lorsqu’il s’agit de produits à base de viande ou de lait. Côté français, même constat.
La récente enquête sur l’étiquetage des produits alimentaires que nous avons menée avec l’INRA a confirmé la nécessité de donner rapidement suite aux attentes des consommateurs à ce sujet.
Origine mentionnée sur les emballages
Cette étude a montré que les consommateurs souhaitaient avoir accès à davantage d’informations sur les emballages, notamment sur l’origine des produits. Même si, globalement, le prix et l’origine des produits ont été identifiés comme des critères de choix privilégiés.
Cette forte demande de transparence devra être prise en compte lorsque l’expérimentation, en cours, sur l’étiquetage de l’origine de la viande et du lait dans les produits transformés sera évaluée, avant d’être étendue plus largement, comme nous le demandons.
Actuellement, la possibilité d’informer, ou pas, le consommateur sur l’origine du lait et du lait et des viandes utilisés en tant qu’ingrédients est laissée au bon vouloir des fabricants. Et trop souvent, la mention n’apparaît que lorsqu’elle valorise le produit. Ce qui répond plus à une stratégie de communication de la marque ou du distributeur qu’à une réelle volonté d’informer le consommateur.
Depuis 2013, nous demandons que les consommateurs puissent connaître l’origine des principaux ingrédients des plats cuisinés et des préparations à base de viande et de lait afin de rendre la chaîne alimentaire moins opaque et de restaurer leur confiance, largement mise à mal depuis la fraude à la viande de cheval.
Viande et lait : expérimentation pendant 2 ans
Dans ce cadre, nous avons soutenu, auprès de la Commission européenne, du ministre en charge de l’Agriculture et celui en charge de la Consommation, l’expérimentation en France d’un étiquetage obligatoire de l’origine des viandes et du lait dans les produits transformés. L’arrêté permettant la mise en place de cette expérimentation sur deux ans a été publié fin septembre 2016. Elle a commencé en janvier 2017.
Pour le lait utilisé comme ingrédient dans les produits laitiers, les pays de collecte, de conditionnement et de transformation doivent être indiqués sur l’emballage. Si toutes les étapes de production se déroulent dans le même pays, la mention de l’origine peut apparaître sous la forme « Origine : nom du pays ».
L’étiquetage est obligatoire dès qu’un produit laitier contient au moins 50 % de lait. Ce qui veut dire que le consommateur saura d’où viennent le lait, les laits aromatisés, le beurre et les matières grasses laitières à tartiner, la crème, les fromages, les yaourts et autres laits fermentés qu’il achète. Cependant, nous regrettons que tout le rayon des produits ultra-frais ne soit pas concerné par l’expérimentation. C’est, par exemple, le cas des clafoutis qui bien que contenant du lait et de la crème n’atteignent pas le seuil de 50 %.
Pour la viande utilisée comme ingrédient, trois informations doivent être communiquées : le pays de naissance de l’animal, le pays d’élevage et le pays d’abattage. Comme pour le lait, si toutes les étapes ont eu lieu dans un même pays, les professionnels peuvent citer celui-ci une seule fois.
Le seuil à partir duquel l’origine est précisée a été fixé à 8 % (toutes viandes cumulées dans la liste des ingrédients) : un chiffre trop élevé puisqu’il permet à des produits, notamment ceux d’entrée de gamme, de ne pas être concernés par l’étiquetage. Ainsi, certains raviolis « pur bœuf » ou spaghettis bolognaise qui ont été impliqués dans la fraude à la viande de cheval échappent au dispositif. Les produits alimentaires bénéficiant d’une appellation d’origine ne sont pas concernés par l’expérimentation. Ni ceux issus de l’agriculture biologique puisque sous le logo européen, l’origine des matières premières agricoles mises en œuvre figure déjà.
Les produits à base de poisson oubliés
Par ailleurs, depuis décembre 2014, l’étiquetage des produits de la mer et d’eau douce (poissons, coquillages, etc.) doit être plus précis sur la provenance des poissons, crustacés, coquillages, etc.
En Atlantique Nord-Est et en Méditerranées-Mer noire, les sous-zones de pêche doivent ainsi être clairement mentionnées. Exemples : mer de Barents, mers de Norvège, mer Baltique, mer du Nord… ou ouest Méditerranée, centre Méditerranée, etc.).
Or, rien de tel n’est prévu pour les produits transformés à base de poisson. Ni la mention de l’espèce d’ailleurs. Ce que nous regrettons, car, les consommateurs ont déjà plusieurs fois exprimé leurs attentes et doivent pouvoir savoir d’où viennent les produits qu’ils mangent.