(Publié le 11/08/2015)
Qu’il s’agisse du lait, de la viande, des fruits et légumes, de plus en plus de consommateurs français souhaitent inscrire leurs achats dans une démarche de « patriotisme économique ». D’autant que face à un contexte économique difficile, les différentes filières agricoles les encouragent, dans les médias, à soutenir les producteurs en achetant français.
Un parcours semé d’embûches
Au supermarché, en dehors des produits sous labels officiels (AOC-AOP, IGP, Label Rouge), connaitre l’origine d’une denrée alimentaire se révèle souvent compliqué !
Pour le vins, les œufs, le miel ou l’huile d’olive, pas de problème puisque la loi impose depuis années que l’origine soit indiquée au consommateur. Idem pour les fruits et légumes frais. Cependant, cette indication disparait dès que les fruits et légumes sont vendus en conserve ou surgelés. Peu d’industriels font en effet figurer de leur propre initiative cette information sur les emballages.
Même chose en ce qui concerne les viandes. On accède facilement à des informations sur l’origine lorsqu’on achète des viandes fraîches ou surgelées. Pour viande de bœuf, l’étiquette précise, depuis 1997, où l'animal est né, où il a été élevé et tué. En ce qui concerne les autres viandes (porc, agneau, volailles), depuis le 1er avril 2015, le lieu d'élevage et d'abattage des animaux est mentionné sur l'étiquette.
Mais tout se complique dès que la viande est transformée en saucisses, panée, vendue sous forme de charcuterie ou incorporée dans une préparation ou un plat cuisiné. Dans ce cas, rien n’oblige le fabricant à déclarer l’origine des viandes mises en œuvre. Et malgré la demande des consommateurs, malgré le vote du Parlement en février 2015 réclamant la mise en place d’un étiquetage obligatoire, on ne voit toujours rien venir sur ce sujet au niveau européen.
C’est pourquoi, les professionnels français du secteur de la viande ont mis en place une certification bleu-blanc-rouge volontaire pour les viande entières, les découpes, les hachés, les charcuteries et plats cuisinés à base de viande de bœuf, agneau, cheval, porc, lapins, volailles... Les logos « Viandes de France » garantissant que la viande est issue d’animaux nés, élevés, abattus, découpés et transformés en France peuvent donc guider les consommateurs dans leur choix.
Au rayon marée également, on peut avoir des indications sur l’origine des poissons ou des fruits de mer que l’on achète. L’indication du lieu de pêche ou du pays d’élevage est en effet obligatoire. Cependant, le pavillon national du navire de pêche fait partie des informations facultatives. Là aussi, la filière s’est organisée et a lancé la marque « Pavillon France » pour mettre en valeur les produits de la mer capturés par des navires battant pavillon français.
Autre secteur à faire vibrer la fibre patriotique, le lait. Là encore, l’interprofession a lancé une signature « Lait collecté et conditionné en France » pour guider les consommateurs dans le rayon des briques de lait. Par contre, pour les yaourts et autres produits à base de lait, rien, si ce n’est quelques initiatives individuelles de marques. En effet, alors de 84% des Européens veulent connaître l'origine du lait(*), vendu en tant que tel ou sous forme de produit laitier, l'exécutif européen a jugé inopportun de fournir cette information aux consommateurs.
L’action de la CLCV
Un sondage réalisé en janvier 2013 par la CLCV a montré que 81 % des répondant veulent une information sur l’origine des principaux ingrédients (c’est‐à‐dire ceux représentant la moitié du poids du produit) entrant dans la composition d’un produit alimentaire.
Alors que la Commission européenne propose d’en rester à un étiquetage volontaire, nous poursuivons le travail de lobbying entamé en 2013 pour demander la mise en place d’un étiquetage obligatoire du pays d’origine des ingrédients principaux utilisés dans les produits transformés.
D’autre part, pour la CLCV, les certifications bleu-blanc-rouges volontaires, telles que « Viandes de France », ne peuvent se contenter d’être de simples déclarations d’origine. Leurs cahiers des charges doivent impérativement comprendre des garanties sur de bonnes pratiques de production, respectueuses de l’environnement, des animaux, et des hommes. Faute de quoi elles ne parviendront pas à atteindre leurs objectifs : rassurer les consommateurs et maintenir une agriculture française conforme à leurs attentes.
(*)Eurobaromètre spécial 410 « La politique agricole commune », mars 2014
Attention, aux confusions !
Acheter un produit alimentaire d’origine France ne garantit pas nécessairement que celui-ci soit de qualité supérieure.
Par exemple, la qualité d’une viande savoureuse dépend d’abord de la race et l’âge de l’animal, des conditions d’élevage, d’abattage, de maturation. Le simple fait d’être estampillé « né, élevé et abattu en France » ne suffit pas à transformer une vieille carne en steak savoureux.
Attention aussi aux mentions de type « Fabriqué en France ». Si derrière ces mots il y a bien des emplois français, cela n’implique pas forcément que les matières premières utilisées dans la recette soient nationales ni que le goût soit au rendez-vous.