Plusieurs études épidémiologiques constatent la recrudescence de troubles hormonaux chez l’homme. D’autres suspectent diverses substances chimiques de jouer un rôle dans la survenue de maladies chroniques, comme les cancers hormono-dépendants, l’obésité, le diabète et les maladies cardiovasculaires. Par ailleurs, on observe dans la faune aquatique sauvage la multiplication de problèmes lors de la reproduction. Autant de signes qui laissent à penser que diverses substances chimiques que nous consommons ou utilisons quotidiennement, parfois sans le savoir, ont des effets néfastes sur les systèmes hormonaux et la biodiversité. Ce sont des perturbateurs endocriniens.
Si les critères définissant ce qu’est un perturbateur endocrinien sont clairs pour les scientifiques, il ne semble pas en être de même pour la Commission européenne.
En effet, selon le règlement européen sur les biocides, les actes délégués fixant ces critères auraient dû être adoptés « au plus tard le 13 décembre 2013 ». Quant au règlement sur les pesticides, il prévoyait que ces critères soient soumis au comité permanent de la chaîne alimentaire et de la santé animale « au plus tard le 14 décembre ». Mais, deux ans plus tard, on ne voit toujours rien venir ! Pire, la Commission a décidé d’intégrer dans la procédure la réalisation d’une étude d’impact, dont les résultats ne seront connus que courant 2016 ... retardant d’autant la publication desdits critères !
Lassée d’attendre, la Suède a introduit un recours en justice contre la Commission. Une démarche qui a reçu le soutien du Parlement européen et de plusieurs Etats membres, dont la France. Elle a donc été entendue le 17 novembre 2015 par la Cour de justice de l'Union européenne.
Reste à attendre les conclusions de la Cour, qu’on espère positives. Car en matière de perturbateurs endocriniens, l’inaction risque fort de coûter cher ! Selon une étude publiée le 5 mars 2015 dans la revue scientifique Journal of clinical endocrinology and metabolism, l’exposition humaine aux perturbateurs endocriniens coûterait au moins 157 milliards d'euros par an dans l'Union européenne.
Les perturbateurs endocriniens appartiennent à des familles chimiques très diverses et ont des utilisations multiples : additifs pour les cosmétiques, les détergents, les peintures ou les produits alimentaires, pesticides, fongicides, insecticides, composants des emballages, médicaments, PCB, dioxines, retardateurs de flamme, etc...