On les accuse de tous les maux ces lipides ! Et il est vrai que lorsqu’ils sont présents en trop grandes quantités dans l’alimentation quotidienne des adultes, ils sont responsables d’obésité ou encore de diabète de type 2. Mais chez l’enfant, il se pourrait bien que cela soit différent !
Des chercheurs de l’INSERM (Institut National de la Santé et de la Recherche Médicale) ont suivi jusqu’à l’âge adulte une cohorte d’enfants nés entre 1984 et 1985. Ils ont relevé leurs apports nutritionnels aux âges de 10 mois et deux ans, puis tous les deux ans jusqu’à 20 ans.
A 20 ans, le poids, la graisse sous cutanée, la composition corporelle et le taux de leptine(*) des participants ont été mesurés. Après avoir tenu compte de critères susceptibles de biaiser les résultats (catégorie socioprofessionnelle, allaitement maternel…), les chercheurs ont relevé des associations significatives entre l’alimentation des participants au début de leur vie et le résultat de plusieurs des mesures réalisées lorsqu’ils avaient atteint l’âge de 20 ans. Ainsi, la masse grasse était plus importante au niveau abdominal chez les personnes ayant eu de faibles apports en lipides au début de la vie. De même, leurs taux de leptine étaient plus importants, suggérant une résistance à cette hormone, caractéristique des personnes obèses.
D’après les chercheurs, ces résultats ne sont pas surprenants. En effet, au cours de cette période précoce, l’organisme s’adapte pour prévoir l’environnement à venir.
Par peur de l’épidémie de surpoids et d’obésité qui touche nos pays depuis plusieurs années, de nombreux parents ont tendance à limiter les apports en lipides dans l’alimentation de leurs « bouts de choux ». Or c’est peut être l’inverse qu’il faudrait faire : ne pas restreindre les lipides chez les jeunes enfants, et les diminuer ensuite progressivement.
(*)La leptine est une hormone qui participe à la régulation des réserves de graisses de l'organisme et à celle de l'appétit, en contrôlant la sensation de satiété