Aujourd'hui 28 mai, les commissaires européens sont appelés à se prononcer sur l'importation de volailles américaines traitées par des désinfectants chimiques.
Cela peut surprendre mais, dans les abattoirs américains, les carcasses de volailles sont systématiquement plongées dans des bains "antimicrobiens". L'objectif de ce traitement radical : éliminer toutes les bactéries et notamment les salmonelles. On utilise pour cela des dérivés chlorés, analogues à l'eau de javel, et d'autres substances répondant aux doux noms d'orthophosphates et de peroxyacides.
Jusqu'à présent, de telles méthodes étaient interdites en Europe et l'on ne pouvait importer les viandes ainsi décontaminées.
De ce côté-ci de l'Atlantique, les salmonelles sont aussi un problème mais les solutions diffèrent. L'ensemble de la filière mise plutôt sur la prévention. Les éleveurs doivent veiller à la propreté des bâtiments et du matériel et, dans les abattoirs, des règles strictes d'hygiène sont fixées.
Et l'Europe n'a pas à rougir des résultats de cette stratégie. Entre 2004 et 2006, d'après les programmes de contrôle communautaires, des progrès très significatifs ont été accomplis dans de nombreux états membres comme la République Tchèque, la Grèce et le Danemark. Quant aux élevages de reproducteurs, ils ont vu leur taux d'infestation par les salmonelles divisés par trois.
Soulignons aussi que la méthode américaine, bien que très radicale de prime abord, n'est pas la panacée pour le consommateur. On s'interroge bien sûr sur l'impact qu'elle peut avoir sur le goût et la qualité de la viande et, même du point de vue de l'hygiène, les doutes sont permis.
En effet, une fois désinfectée, la viande se présente comme un terrain vierge de tout micro-organisme, prêt à être colonisé en masse par la première salmonelle venue ! Risque d'autant plus grand que le recours aux désinfectants peut conduire les opérateurs à négliger les règles d'hygiène indispensables. D'ailleurs, en janvier 2007, l'association américaine Consumers Union indiquait que l'on trouvait des traces de bactéries pathogènes (salmonelles et campylobacters) dans 83 % des viandes de volailles testées.
Difficile donc d'affirmer que la décontamination chimique offrirait de meilleures garanties pour les consommateurs. Manifestement, c'est avant tout pour entretenir les bonnes relations commerciales avec les Etats-Unis que la Commission s'obstine à vouloir autoriser ces importations.
La CLCV soutient une politique de prévention impliquant l'ensemble des acteurs, des éleveurs aux consommateurs, et nous appelons la France à s'exprimer pour le maintien de l'embargo. Le 2 juin prochain, un comité spécialisé réunissant des représentants des différents états membres rendra un avis sur le sujet.
Si vous non plus vous ne souhaitez pas voir importer des volailles passées à l'eau de javel, exprimez vous en votant dans le cadre de cliquez ici.