C’est le clap de fin d’une histoire débutée il y a un peu plus de dix ans : celle de la régulation de la publicité dans les programmes destinés aux enfants.
Résumé des épisodes précédents
En France, l’interdiction du marketing alimentaire télévisé à destination des enfants ou son strict encadrement n’avait jamais été mis en place jusqu’à ce jour, malgré un certain nombre de plaidoyers, dont celui de la CLCV.
Il avait juste été décidé de mettre des messages à caractère sanitaire dans les publicités (vous savez, les fameux bandeaux noirs avec « Pour votre santé, évitez de grignoter entre les repas » etc.). Puis en 2009 et en 2013, les professionnels des médias télévisés et de l’industrie agroalimentaire avaient signé une charte d’engagement visant à promouvoir une alimentation et une activité physique favorables à la santé dans les programmes et les publicités diffusés à la télévision.
Mais, malgré ces mesures d’autorégulation, dans notre pays, le marketing alimentaire à destination des enfants et adolescents se portait plutôt bien comme le montrent les études de Santé Publique France. Tout comme l’obésité !
Ce que prévoit cette loi
Contre toute attente, et en dépit des atermoiements du ministère de la culture, le 7 décembre 2016, le Sénat a adopté à l’unanimité la proposition de loi relative à la suppression de toute la publicité commerciale dans les programmes de la télévision publique destinés aux enfants de moins de 12 ans. Concrètement, à partir de janvier 2018, aucun message commercial ne pourra être diffusé dans les quinze minutes qui précédent ou suivent les émissions destinées au moins de 12 ans. Bien sûr, elles ne seront pas non plus entrecoupées de publicités. Cela concerne toutes les chaînes du groupe France Télévision et les sites Internet qui s’y rattachent (en particulier Zouzou et Ludo).
Cette interdiction vise toutes sortes de produits : les produits alimentaires mais aussi les jouets ! Une seule exception : les messages génériques pour des biens et services relatifs à la santé et au développement des enfants ou des campagnes d'intérêt général.
Le texte oblige également le CSA à rendre compte, chaque année, aux parlementaires, de ses travaux sur la publicité télévisuelle dans les programmes pour enfants diffusés sur les chaînes publiques et privées.
Un premier pas … mais qui ne règle pas tout
Bien évidemment, la CLCV se réjouit de voir enfin avancer ce dossier sur lequel elle intervient depuis des années.
Ce texte semble aussi être en phase avec les attentes des Français puisque, selon un sondage IFOP, 87 % des parents y sont favorables. Des chiffres à rapprocher de ceux publiés, fin mai 2015, par Santé Publique France, et selon lesquels les 3/4 des parents d’enfants âgés de 4 à 17 ans étaient favorables à une réglementation qui interdirait la publicité pour des boissons ou des aliments trop gras, salés ou sucrés au cours des programmes télé à destination de leurs enfants ou adolescents.
Pour autant, tout n’est pas réglé. En effet, les enfants regardent d’autres chaînes que celles de l’audiovisuel public et sont présents devant les écrans autant en « prime time » que dans les écrans “jeunesse” du matin. De plus, les jeunes passent de plus en plus de temps devant les écrans d’ordinateurs, tablettes ou smartphones, délaissant peu à peu les médias traditionnels. Et là, l’offre est colossale et certains sites recourent abondamment à la publicité.
A quand donc « Interdiction de la publicité dans les programmes pour enfants » Saison 2 ?