Les initiatives d’agriculture urbaine sont nombreuses et variées et ne constituent plus un simple phénomène de mode. La preuve, le CNRS et l’INRA se penchent sur cette production alimentaire de proximité. Même si elle n'est pas capable de subvenir à tous les besoins de la ville (certaines productions, comme les céréales, sont difficilement envisageables), l'agriculture urbaine pourrait bien s'imposer comme un complément, notamment dans les zones très urbanisées. D’autant que d’après la FAO, on pourrait produire jusqu’à 50 kg de légumes et de fruits par m2 et par an en mettant en cultures friches, délaissés urbains, dents creuses, toits, façades…
D’après l’urbaniste Jean-Noël Consales, cet essor va de pair avec celui de la diffusion d’une réelle culture du développement durable, de la prise de conscience des limites de l’environnement et de la nécessité de pratiques plus respectueuses. Il revêt formes variées avec des finalités différentes à découvrir au travers de trois initiatives rapportés par nos structures locales.
L’agriculture urbaine à visée uniquement économique est pour l’instant la forme la moins fréquente en France. Ces entreprises, très éloignées de l'image futuriste donnée par les médias, ont pour vocation de fournir aux urbains des aliments produits en ville ou en périphérie, en complémentarité des exploitations agricoles. Leur atout : la cueillette à maturité, l’hyper-fraicheur, la livraison rapide, l’absence de traitements et le développement de l’économie locale.
Macadam Farm : un projet à vocation économique
C’est le cas par exemple de Macadam Farm dans le Boulonnais. Présenté l’an dernier lors des débats organisés par la CLCV du Pas-de-Calais sur l’agriculture, cette jeune entreprise de production alimentaire en hydroponie change d’échelle après un an de « démonstration ».
Ses produits ont su séduire les restaurateurs des communes environnantes, les acheteurs des enseignes et des magasins primeurs, mais aussi les consommateurs qui ont pu visiter l’unité de démonstration. En effet, Macadam Farm cultive sans pesticides, sans OGM et sans émissions de CO2. Pour plus de durabilité, le mode de production est économe en eau. L’entreprise a également développé un pôle de valorisation des bio-déchets. Ceux-ci sont réutilisés pour nourrir les plantes mais aussi pour produire de l’énergie (chaleur, électricité). En ce qui concerne la qualité gustative des produits, optimisée par le choix des variétés cultivées et par la cueillette à maturité, elle a positivement surpris les premiers mangeurs de ces produits frais et locaux.
En 2017, l’entreprise créera un nouveau site de production à la sortie de Boulogne sur mer, sur un site à l’abandon. Dans l’immédiat, son objectif est de produire 90 à 120 tonnes de fruits et légumes fragiles, dont la qualité risquerait de ne pas résister à un transport long, comme les pousses de salade, les herbes aromatiques, les tomates, les fraises… Les contrats passés avec la restauration et les circuits de commercialisation traditionnels lui permettent de regarder l’avenir sereinement et de pérenniser les emplois aidés.