Si les aliments consommés sont source d’un grand nombre de nutriments qui aident les bébés à grandir en bonne santé, ils peuvent également contenir un certain nombre de substances chimiques telles que des contaminants, des additifs alimentaires, des phytoestrogènes, des stéroïdes sexuels d’origine animale, des résidus de pesticides, etc.
Afin d’en savoir plus, l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation a entamé un très important travail pour estimer l’exposition alimentaire des enfants de moins de 3 ans non allaités à 670 substances (contaminants environnementaux, minéraux et produits phytopharmaceutiques principalement), en France métropolitaine. En effet, les tout-petits consomment des aliments spécifiques (laits en poudre infantiles, préparations de type Blédine, petits pots …) pour lesquels il y a très peu de données de contamination. Pourtant les bébés constituent une population plus sensible pour laquelle ces substances peuvent avoir des conséquences sur les étapes du développement.
16 substances jugées préoccupantes
A l’issue de cette vaste enquête, couvrant plus de 95 % du régime alimentaire des tout-petits, l’agence de sécurité sanitaire des aliments considère que l’alimentation des moins de 3 ans est globalement saine. En effet, pour 97 % des près de 670 substances analysées, le risque sanitaire peut être écarté. En revanche, ce n'est pas le cas pour 16 substances.
Pour 9 d’entre elles, la situation est même jugée préoccupante par les experts. Il s’agit en particulier de métaux lourds tels que l'arsenic que l'on trouve principalement dans le riz et les céréales infantiles, le plomb véhiculé par l'eau et les légumes ou le nickel, détecté dans des produits à base de chocolat. Dans une moindre mesure, l’ANSES évoque les dioxines contenues dans le lait de vache et les PCB provenant des poissons.
Par ailleurs, l'agence estime nécessaire de réduire les expositions et de poursuivre les recherches sur 7 autres substances, pour lesquelles des dépassements ont été observés mais pour un très faible pourcentage de la population. Il s’agit par exemple de l’aluminium, du cadmium, du mercure, du cobalt ou de la génistéine (un phytoestrogène) pour les enfants consommant du soja.
Une alimentation adaptée pour réduire le risque
Face à ce constat, l'ANSES rappelle aux parents qu’il convient de varier le régime alimentaire des enfants afin de limiter la consommation des aliments les plus contaminés. En particulier, les scientifiques de l’agence recommandent de suivre les recommandations du PNNS (Programme national nutrition santé), et de ne commencer la diversification alimentaire qu'à partir de 6 mois et dans tous les cas, jamais avant 4 mois révolus. En effet, l’étude montre qu’en quittant le régime strictement lacté, les enfants sont plus exposés et à plus de substances.
Concernant le lait de vache, les travaux ont mis en évidence sa consommation pour plusieurs enfants âgés de moins d’un an. Or, non seulement cette pratique ne couvre pas les besoins nutritionnels des enfants de moins d’un an, mais elle conduit à observer des niveaux d’exposition nettement plus élevés en PCB. De la même façon, les laits végétaux à base de soja ne sont pas adaptés aux moins de 3 ans et peuvent les exposer à des quantités trop importantes de phytoestrogènes.
En ce qui concerne la consommation de poisson, une autre source possible de contaminants, les experts recommandent de consommer deux portions de poisson par semaine, dont une à forte teneur en EPA-DHA (saumon, sardine, maquereau, hareng, truite fumée), en variant les espèces et les lieux d’approvisionnement (sauvage, élevage, lieux de pêche…). Ils recommandent également de limiter la consommation de poissons prédateurs sauvages (lotte ou baudroie, loup ou bar, bonite, anguille, empereur, grenadier, flétan, brochet, dorade, raie, sabre, thon…), et d’éviter, à titre de précaution, celle d’espadon, marlin, siki, requin et lamproie, en raison du risque lié au méthylmercure.