Les débats européens sur l’amélioration de l’étiquetage alimentaire avancent à tout petits pas. Le 16 juin 2010, deux ans et demi après que la Commission a publié son projet de règlement sur « l’information des consommateurs sur les denrées alimentaires », le Parlement s’est enfin prononcé sur ce texte.
Les organisations de consommateurs européennes - dont la CLCV sont intervenues auprès des eurodéputés pour demander des étiquetages lisibles et pratiques. Mais l’industrie agroalimentaire a pesé de tout son poids dans les débats et le bilan est en demi-teinte. Et avec ça les industriels veulent faire croire qu’ils se préoccupent de la santé des consommateurs !
Etiquetage nutritionnel obligatoire
Parmi les avancées, les eurodéputés ont soutenu le principe d’un étiquetage nutritionnel obligatoire répondant ainsi à la demande d’une majorité des consommateurs. Dans une enquête menée en 2006, la CLCV avait en effet constaté que 90% des personnes sondées souhaitaient que cette information soit obligatoire. Les parlementaires européens ont précisé que la teneur en calories du produit exprimée aux
100 grammes devrait apparaître en face avant. En revanche, le système de « code couleurs » alertant sur des niveaux excessifs de sel, sucre et matières grasses a été écarté. Ce dispositif facilitant la comparaison entre produits a en effet suscité une levée de boucliers de secteurs entiers de l’industrie.
Autre enjeu majeur : la lisibilité des étiquettes. Dans sa proposition initiale, la Commission avait jeté un pavé dans la mare en requérant une taille de caractère d’au moins 3 millimètres. Le Parlement est revenu sur cette disposition et propose simplement de réfléchir, à l’avenir, à des principes directeurs sans caractère contraignant.
Mention d’origine étendue
Les eurodéputés ont en revanche pris en compte une attente forte de tous ceux qui souhaitent savoir d’où viennent les aliments qu’ils achètent. L’indication de l’origine, jusqu’ici limitée à la viande bovine, aux fruits et légumes frais, au miel et à l’huile d’olive, devrait ainsi être élargie à toutes les viandes et aux produits laitiers ainsi qu’à tous les aliments composés d’un seul ingrédient. Par ailleurs, pour les produits transformés, l’origine de la viande et du poisson utilisés en tant qu'ingrédients devra aussi être mentionnée.
Quant à d’éventuels ingrédients issus des nanotechnologies, ils devront être indiqués dans la liste des ingrédients, le Parlement ayant adopté sur cette question les mêmes exigences que celles requises pour les produits cosmétiques.
De ce vote, on retiendra enfin que le lobby de l’industrie agroalimentaire a pour l’heure échoué dans sa tentative de détricoter la réglementation européenne sur le marketing nutrition santé. Un amendement proposait en effet de supprimer purement et simplement les règles interdisant aux produits trop riches en gras, sucre ou sel de se parer de vertus « santé ». Cet amendement a été rejeté de justesse.
Mais le feuilleton continue, puisque le Conseil, c'est-à-dire les Etats membres, doit dans les mois à venir se prononcer à son tour sur ce projet de règlement sur l’étiquetage.
Pas de colle dans la viande
Le 19 mai 2010, le Parlement européen a rejeté l’utilisation d’un additif jouant le rôle de « colle » dans les préparations de viandes et dans les viandes pré-emballées. L’additif en question, la thrombine, avait auparavant été retoqué par le comité « environnement » du Parlement. Ce sujet avait suscité de la part de nos internautes de nombreuses réactions : l’idée qu’on puisse utiliser la thrombine (une enzyme issue de sang de bœuf ou de porc) pour « coller » des chutes de viande et en faire des « vrais-faux » steaks ne les a pas séduits ! Elle n’a pas non plus emballé les eurodéputés réunis en session plénière à Strasbourg. Même si certains y voyaient une « bonne » solution pour mettre sur le marché des produits carnés « moins chers », les parlementaires européens ont rejeté le projet par 370 voix contre 262 (une petite voix de plus que la majorité nécessaire). Ouf !
Publié le 17-03-2011