Suite au scandale de la viande de cheval retrouvée en lieu et place du bœuf dans de multiples plats cuisinés, les consommateurs sont choqués. Leur confiance, déjà très relative, dans l’industrie agroalimentaire s’en trouve profondément ébranlée.
Il y a de quoi car cette tromperie d’une ampleur considérable n’est pas sans rappeler les pratiques douteuses du Moyen-Age : « mouillage » du lait, ajout de cendres dans la farine ou fraude sur la viande.
Ce scandale affecte des marques dont la notoriété est très forte comme Findus et Picard au même titre que des produits de marque « distributeur » ou des produits « discount ». Dans ce contexte, il devient difficile pour les consommateurs de savoir à qui se fier…
La CLCV demande aux pouvoirs publics français et européens de faire toute la lumière sur cette affaire dans les meilleurs délais et d’en tirer les conséquences au plan réglementaire. S’il est encore trop tôt pour établir les responsabilités des uns et des autres, quelques enseignements majeurs peuvent déjà être tirés.
La reconnaissance mutuelle qui permet à tous les états membres de l’Union européenne d’échanger librement leurs denrées suppose que les pratiques des professionnels et des autorités de contrôle soient réellement harmonisées afin de garantir un même niveau de fiabilité des produits.
Alors que, pour des raisons de rentabilité financière, les filières agroalimentaires sont toujours plus complexes et internationalisées, il est indispensable que les mesures de contrôle et de traçabilité soient adaptées et considérablement renforcées.
L’exigence de traçabilité, inscrite dans les textes européens depuis 2000 pour la filière bovine (2005 pour l’ensemble des produits alimentaires), ne suffit pas pour assurer une bonne gestion de crise. Lorsqu’une alerte est lancée, une mobilisation rapide et coordonnée des pouvoirs publics et des professionnels s’impose. Est-il normal, que les retraits des produits et l’identification des acteurs en cause aient pris plus de trois semaines ? Rappelons en effet que la détection de viande de cheval dans des produits à base de bœuf au Royaume-Uni remonte au 15 janvier! Comment se fait-il que les autres états membres, dont la France, n’aient pas réagi beaucoup plus tôt ?
Nos chaînes alimentaires sont vulnérables car une fraude ou une défaillance en un point donné peuvent en cascade concerner des millions de consommateurs à travers l’Europe. Ces points de fragilité devraient être répertoriés et faire l’objet d’une vigilance accrue.
Les autocontrôles, qui constituent une obligation pour tous les professionnels du secteur sont nécessaires mais ils ne constituent pas une panacée, loin de là. Il est indispensable de maintenir une pression de contrôle officiel pour assurer la fiabilité de notre chaîne alimentaire.
Dès que les premiers éléments d’enquête seront disponibles, la CLCV saisira la justice pour que les responsables soient sanctionnés. Face à une telle atteinte aux principes fondamentaux de protection et d’information du consommateur, motivée par une course effrénée à la rentabilité, la CLCV demandera des sanctions exemplaires.
(Publié le 11/02/2013)