L’examen au permis de conduire est le premier examen de France en nombre de candidats. En 2018, c’est 1,6 million de candidats qui ont présenté le code et près de 2 millions qui ont passé la conduite. Pour décrocher le permis, l’auto-école est un passage obligé pour les futurs candidats. L’enquête de la CLCV réalisée en 2013 pointait du doigt le non-respect par certaines auto-écoles de leur obligation d’affichage des prix, l’inégalité géographique des candidats face au coût du permis mais également des taux de réussite à la conduite bien trop hétérogènes.
Six ans après, la situation a-t-elle évoluée ? Nous sommes retournés sur le terrain enquêter. D’avril à juillet 2019, nous avons relevé les tarifs de 665 auto-écoles dans 45 départements. Il faut au candidat au minimum 20 heures de conduite pour pouvoir se présenter à l’examen, hors boîte automatique. C’est donc ce forfait que nous avons comparé.
Affichage des tarifs imparfait
Si elles sont obligées d’afficher des tarifs visibles depuis l’extérieur depuis 1987, un nombre non négligeable d’auto-écoles enquêtées (14 %) n’applique pas la prescription. Et quand il y a un affichage, il est incomplet dans un tiers des cas. S’il veut comparer les prix, le consommateur n’a pas d’autre choix que d’entrer dans les locaux où il risque de se retrouver face à un professionnel au discours commercial rodé et ainsi perdre toute possibilité de signer en connaissance de cause.
L’arrêté du 19 juin 1987 réglemente l’affichage intérieur et extérieur des tarifs d’une auto-école. L’affichage visible depuis l’extérieur doit comporter au minimum :
. la dénomination précise, la durée et le prix TTC par unité des leçons théoriques et pratiques, des tests de contrôle ainsi que le prix TTC des présentations aux examens théoriques et pratiques,
. la dénomination précise et la durée des prestations composant le forfait le plus couramment pratiqué par l’établissement ainsi que le prix global TTC de ce forfait.
Le prix est une information essentielle dans le choix d’une auto-école, d’autres données le sont également… Mais leur affichage n’est pas obligatoire. Il s’agit par exemple du délai de présentation à l’examen ou le taux de réussite à l'examen. Malheureusement les professionnels ne font pas de zèle au détriment d’une information claire. Moins de 3 % des professionnels affichent le délai de présentation. À peine mieux pour le taux de réussite qui n’est affiché que dans 3 % des cas.
Prix du forfait 20 heures : le grand écart
Les auto-écoles déterminent librement leurs tarifs. Leurs charges (loyers, impôt…) diffèrent selon qu’elles soient situées dans une grande ou une petite ville, à Paris ou en région. Les tarifs sont donc très variables d’un département à l’autre. Pour le forfait 20 heures de conduite, soit le minimum légal, nos enquêteurs ont relevé des tarifs allant du simple (699 € à Lille) à plus du double (1 700 € à Paris).
Le forfait 20 heures est un produit d’appel. Il suffit rarement à obtenir son permis. Les leçons de conduite supplémentaires prises à l’unité, après un échec plombent la facture. Leur prix varie de 36 € dans le Nord à 70 € sur Paris. Le consommateur doit prendre toutes ces informations en compte avant d’arrêter son choix sur un établissement.
Même si 20 heures de conduite constituent le minimum pour présenter l’examen, le nombre d’heures nécessaires pour obtenir son permis est davantage de l’ordre de 30 heures. Il est donc nécessaire que les professionnels adaptent leur affichage à cette réalité en indiquant systématiquement le coût du forfait 20 heures et du forfait 30 heures.
Un affichage des tarifs standardisé et baisse de la TVA
Face aux variations observées, que ce soit dans le forfait ou dans l’heure de conduite, il est nécessaire de standardiser la présentation des tarifs pour en améliorer leur compréhension et leur comparabilité. Les forfaits 20 heures et 30 heures doivent indiquer précisément leur contenu (le nombre de leçons en simulateur, la durée effective de la conduite) ainsi que les autres éléments essentiels de la formation (le coût de l’heure supplémentaire, le taux de réussite/nombre moyen de leçons nécessaires).
Comme le préconise un rapport parlementaire de février 2019, nous soutenons la mise en place, dès que la réglementation le permettra, d’une TVA réduite pour le permis de conduire, actuellement de 20 %, afin d’en renforcer l’accessibilité. Conduire est un service essentiel au même titre que les transports en commun ou l’énergie. Nous demandons également que la future plateforme dédiée aux choix de son auto-école exerce un contrôle strict des informations transmises par les auto-écoles ainsi qu’une actualisation régulière pour garantir l’efficacité de la comparaison.
20 heures de conduite pas forcément sur route…
Selon les auto-écoles le forfait 20 heures de conduite n’a pas toujours le même contenu. Il peut s’agir de 20 heures de conduite sur route, 15 heures de conduite sur route et 5 heures dans un simulateur ou de 20 heures de conduite sur route avec des heures d’enseignement pratique en plus. Cette information n’est pas toujours donnée clairement au consommateur alors que cela influe sur le tarif.
Retrouvez l'intégralité de notre enquête en cliquant sur Enquête : tarifs des auto-écoles
Permis de conduire : un taux de réussite très variable
Avec une moyenne nationale de 57,94 % en 2017, le taux de réussite à l’épreuve de conduite de la catégorie B, première présentation, affiche des disparités très marquées sur notre territoire, y compris entre deux départements voisins.
La seule comparaison des départements de la région parisienne permet déjà de révéler des résultats contrastés :
- Paris : 45,57 %
- Seine et Marne : 58,91 %
- Yvelines : 47,83 %
- Hauts-de-Seine : 53,93 %
- Val d’Oise : 57,38 %
Plusieurs facteurs peuvent expliquer en partie ces variations comme la motivation du candidat qui ne bénéficie pas d’une offre de transports alternatifs importante ou les difficultés de circulation chroniques de la capitale.
Consultez notre carte : Taux de réussite aux examens du permis de conduire catégorie B (1ère présentation92.98 KB
Bien qu’il s’agisse d’un diplôme national, Il semble statistiquement nettement préférable de passer l’épreuve pratique du permis B en Lozère (76,39 %) plutôt qu’à Paris (45,57 %) !
Il n’est pas question de remettre en cause le niveau d’exigence actuel de l’examen du permis de conduire. Mais les différences de résultat parfois très marquées à l’épreuve pratique posent la question de l’harmonisation de l’évaluation lors de l’épreuve de conduite voire de l’homogénéité de la valeur du permis de conduire.
Crédit photo :Adobestock pict ridet
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