« Bonjour,
Après la publication de votre étude sur la qualité des fruits d’été, je souhaite, en tant que producteur, réagir et apporter quelques précisions.
Le fait que les consommateurs soient aussi peu satisfaits de la qualité des pêches et des abricots s’explique par les pratiques qui ont cours notamment chez les agriculteurs et les expéditeurs.
S’agissant des pêches par exemple, il faut savoir qu’elles sont cueillies 3 ou 4 jours avant d’être mûres (il suffit de quelques jours pour changer du tout au tout la maturité des fruits). Cette cueillette très précoce permet d’avoir des fruits qui pourront résister aux étapes suivantes. Ils sont en effet cueillis et transportés dans de grandes caisses que l’on déverse ensuite sur des tapis roulants. Des machines se chargent alors de les trier en fonction de leur calibre. L’emballage est également mécanisé. Il est clair que des fruits mûrs ne sauraient résister à un tel traitement. Seul un calibrage et un emballage à la main et directement sur le verger permettent de travailler avec des fruits quasi-mûrs.
J’ajoute qu’entre le verger et le supermarché, la chaîne logistique est très efficace : il suffit de 48 heures pour amener les fruits dans les rayons. Il est donc a priori possible d’écouler rapidement des fruits cueillis plus mûrs sans qu’ils arrivent en mauvais état dans les rayons. Mais la priorité de la grande distribution est aujourd’hui de disposer de produits (de cailloux) faciles à travailler et pas de satisfaire les papilles des consommateurs !
En ce qui concerne le prix, je suis convaincu sur la base de mon expérience que le surcoût final d’une cueillette plus tardive et manuelle resterait marginal pour le consommateur. Je produis des Kiwis de grande qualité (calibrés et conditionnés à la main) que j’exporte vers la Suisse et le nord de l’Europe. Je les vends 15% plus chers que les fruits « tout venant » ce qui ne représente que 2 ou 3 centimes d’euros de plus par Kiwi.
Bernard Azam »