Je m’appelle Safia Patillon, j’ai rejoint la CLCV un peu par hasard, en recherchant des solutions face à mon bailleur. Nous avions de nombreux problèmes dans la résidence. Le chauffage ne fonctionnait que par intermittence, les infiltra- tions progressaient, et nous étions victimes de squatteurs. La résidence se dégradait rapidement et malgré les demandes des locataires, le bailleur n’agis- sait pas.
En effectuant quelques recherches sur internet pour trouver une solution, j’ai découvert les associations de locataires. Après une rencontre avec la présidente La CLCV du Val-de-Marne, j’ai obtenu des informations, et nous avons créé avec quelques voisins un collectif reconnu par le bailleur.
Le bailleur nous (locataires) rappelle sans cesse nos devoirs, mais oublie toujours le plus important : nous avons des droits. Cela peut paraître évident, mais il est toujours nécessaire de le rappeler. Les administrateurs lo- cataires sont là pour défendre les intérêts des locataires, bien souvent mis de côté.
Comment êtes-vous devenue administratrice locataire ?
D’actions en actions sur ma résidence en tant que représentante de mon groupement de locataires, et bien décidée à ce que les problèmes de ma résidence se résolvent, je me suis impliquée davantage avec la CLCV. J’ai pu apprendre sur le rôle de représentant des locataires à mon niveau, et comment faire entendre nos droits. De fil en aiguille la CLCV m’a proposée de devenir administratrice auprès de mon bailleur. Dans un premier temps, cela constituait un important défi pour moi. Représenter une résidence est une chose, mais représenter l’ensemble des locataires d’un bailleur comme Logial (près de 9000 logements sur des dizaines de communes) en est une autre. J’ai été élue, et au fur et à mesure j’ai appris les principaux sujets à vérifier en tant qu’administratrice, que ce soit lors des attributions dans les CALEOL, le vote du budget en conseil d’administration, et le rôle de la concertation locative en CCL. En plus de ma fonction d’administratrice-locataire, je suis chargée de mission logement au sein de la CLCV du Val-de-Marne.
Quelle est votre plus grande réussite ?
Pour moi, chaque petite chose réalisée est une réussite. Face au nombre de locataires sans voix ou qui ne sont pas entendus par leur bailleur, il faut défendre leurs droits. Chaque vote lors d’un conseil d’administration est une
réussite. Chaque prise de position lors d’une CALEOL pour défendre un dossier est une réussite. Rencontrer un locataire, lui donner un conseil, l’écouter, le suivre, l’aider dans son dossier est une réussite. J’ai la chance par mon rôle de représentante des locataires d’avoir des liens en direct avec le bailleur, ce simple fait de mettre le bailleur et le locataire en contact est déjà une réussite. La réussite, c’est la bonne gestion d’un litige, d’un sinistre. C’est grâce à la collaboration des personnes autour de moi, le locataire, le bailleur, mes collègues de la CLCV fort de leurs expériences, et les bénévoles que nous améliorons notre quotidien.
C’est bientôt les élections des représentants des locataires, quels conseils donneriez-vous aux futurs administrateurs locataires ?
Pour devenir et être administrateur, il y a un côté engagé, militant, que l’on ne doit pas oublier. Il faut toujours garder à l’esprit ce pour quoi nous sommes élus et ceux pour qui nous sommes présents. Nous siégeons au conseil d’administration, et même si notre voix n’est pas majoritaire, et au-delà de la fonction, nous sommes élus par les locataires. Ils attendent de nous un soutien fort, une représentativité sur les sujets majeurs : limiter l’augmentation des loyers, vérifier la bonne réalisation des travaux et leur coût, respecter les dossiers de demande de logement en CALEOL. Les locataires veulent aussi de l’écoute et des missions de terrain !
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