Le Bisphénol A (BPA) est présent dans un grand nombre de contenants alimentaires. La question des risques pour la santé de cette substance fait l’objet d’une vive controverse scientifique. À juste titre, les consommateurs s’interrogent.
Qu’est ce que le BPA ?
Le Bisphénol A ou BPA est une substance chimique de synthèse, utilisée depuis plus de 50 ans. Ses principales utilisations sont la fabrication de plastique de type polycarbonate, un plastique transparent, rigide et résistant et celle de résines époxydes.
Où trouve-t-on du BPA ?
Le BPA est employé dans de nombreux objets de la vie courante (CD, lunettes, pièces auto) mais aussi dans des emballages alimentaires en polycarbonate (biberons, cuiseur-vapeur, cuves de mixeur ou de blender, boites de stockage, bouilloires, bonbonnes d’eau, ...) ou dans le revêtement intérieur de certaines boîtes de conserve ou canettes.
Certains emballages et contenants alimentaires en polycarbonate peuvent être identifiés grâce à un pictogramme dans lequel est inscrit le chiffre 7. Cependant, la présence de ce marquage, mis au point pour faciliter le recyclage, n’est pas obligatoire. De plus, on trouve dans cette catégorie d’autres matières plastiques que le polycarbonate. Il ne s’agit donc pas d’un indicateur fiable à 100%. En revanche, la présence du sigle PC est fiable et confirme qu'il s'agit bien de ploycarbonate.
Les risques sanitaires
Le BPA peut migrer en quantités infimes de l’emballage vers l’aliment où il se retrouve alors à l’état de traces. Compte tenu des données toxicologiques disponibles et des quantités de BPA en jeu, les experts ont longtemps considéré que ce phénomène ne posait pas de risque sanitaire.
Mais de nouvelles études semblent indiquer que le BPA pourrait, à de très faibles doses, mimer l’action de certaines hormones. Il serait ainsi susceptible de perturber divers processus biologiques en particulier au cours du développement du fœtus ou des jeunes enfants.
Plusieurs agences sanitaires en Europe, Amérique du Nord, Nouvelle-Zélande et Australie se sont saisies de la question. Récemment, des chercheurs de l’INRA ont montré que le BPA pouvait passer à travers la peau et l’Agence européenne de sécurité alimentaire a indiqué que « des études menées sur des animaux en développement suggèrent d’éventuels effets toxiques du BPA ». Toutefois, en raison d’insuffisances méthodologiques, ces études ne permettraient pas de revoir le calcul des doses de BPA tolérables dans les aliments.
Quelles solutions ?
Dans ce contexte de forte incertitude, l’interdiction des biberons au BPA, votée en France en mai 2010, a été une première mesure de précaution destinée à réduire l’exposition des nourrissons.
Cette mesure a été suivie le 1er juin 2011 par l'interdiction de fabriquer, d’importer et de mettre sur le marché dans l’Union européenne des biberons contenant du BPA.
Le 12 octobre 2011, les parlementaires français ont également adopté la proposition de loi interdisant l'utilisation du Bisphénol A dans les conditionnements et ustensiles alimentaires à partir du 1er janvier 2015 et dès le 1er janvier 2013 pour ceux destinés aux enfants de moins de 3 ans. Il serait souhaitable que ces mesures soit étendues au niveau européen.
D’autre part, la CLCV demande qu’un étiquetage des produits contenant du Bisphénol soit mis en place, comme le préconise l’ANSES depuis 2010. Ainsi les consommateurs pourront choisir en toute connaissance de cause leurs conditionnements et ustensiles à usage alimentaire.
Cependant, la multiplicité des sources d’exposition requiert une approche plus large : il convient d’identifier les utilisations du BPA qui sont les plus préoccupantes. Cet inventaire doit évidemment se focaliser en priorité sur l’exposition des femmes enceintes et des jeunes enfants, en particulier par voie alimentaire.
Des solutions de substitutions aussi sûres que possible au BPA devront ensuite être recherchées. La CLCV soutient les efforts engagés par l’Anses dans ce sens et souhaite qu’une expertise indépendante compare de façon approfondie les alternatives existantes. En effet, à l’heure actuelle, un grand nombre d’études ont été menées sur le BPA mais les matériaux de remplacement ont rarement fait l’objet de la même attention. Un important effort de recherche est donc nécessaire pour éviter qu’à terme les remèdes se révèlent pire que le mal.
Comment limiter les risques ?
La migration du Bisphénol A est favorisée lorsque la température des aliments est élevée, lorsque ceux-ci sont acides ou lorsqu’on chauffe les récipients.
C’est pourquoi nous recommandons aux consommateurs de ne plus acheter, ni d’utiliser de récipients en polycarbonate pour la cuisson vapeur et le réchauffage au four micro-ondes ou d’appareils électroménagers destinés à la cuisson ayant une cuve en polycarbonate (par exemple les cuiseur vapeur). Pour cette dernière catégorie, il existe des alternatives –certes un peu plus chères- en matériaux plus inertes tels que l’inox ou le verre. Pour le reste, on peut tout à fait conserver ou réchauffer les aliments dans des plats ou des récipients ou des assiettes en verre, en faïence, en inox...
Pour les aliments en conserve, on peut se tourner vers les conserves en bocaux de verre (même si les capsules de ceux-ci sont souvent recouverts d’une résine contenant du BPA) et les briques cartons de type UHT. D’ailleurs ces dernières commencent à être utilisées par les fabricants pour des conserves acides comme la sauce ou la pulpe de tomate.
Quelques conseils pour utiliser les récipients alimentaires en plastique
Même si certaines matières plastiques (le polypropylène par exemple) ont une assez bonne compatibilité avec un usage alimentaire, il convient de respecter quelques conseils pour les utiliser en toute sécurité.
- Lorsque les récipients en plastique sont usagés (traces d’effritement, de dégradation, de coloration...), ne les utilisez plus et mettez les au recyclage. En effet, des molécules de dégradation peuvent alors contaminer les aliments.
- Utilisez les récipients en plastique uniquement pour l’usage pour lequel ils sont prévus. Des pictogrammes précisant les conditions d’utilisation sont parfois présents sur le récipient lui-même ou sur l’emballage lors de l’achat. Il convient de les respecter.
- Plus généralement, évitez de récupérer les boites de glaces ou autre contenant même à usage alimentaire pour conserver et réchauffer vos restes alimentaires.
- Quant aux bouteilles d’eau en plastique, il convient de ne pas les stocker longtemps à la lumière et à la chaleur. En particulier lorsqu’on les réutilise par exemple au bureau ou lors d’une pratique sportive.