En 2004, la France était le troisième utilisateur mondial de pesticides. Les consommateurs s’interrogent sur les répercussions de ces produits sur leur santé et sur l’environnement.
Qu'appelle-t-on « pesticides » ?
Les pesticides, ou produits phytosanitaires, sont les substances utilisées pour lutter contre les mauvaises herbes, les moisissures, les insectes ou d’autres animaux qui peuvent nuire à la production agricole.
En France, l’utilisation des pesticides a fortement augmenté à partir des années 60. A l’époque, le mot d’ordre est en effet l’intensification des pratiques agricoles afin d’assurer l’autosuffisance alimentaire. Les produits phytosanitaires étaient une des « solutions techniques » pour accroître les rendements au même titre que la motorisation des exploitations, la fertilisation minérale ou la sélection variétale.
Les pesticides ont bel et bien participé aux gains de productivité spectaculaires de l’agriculture mais au prix d’impacts importants sur l’environnement et parfois la santé des producteurs.
Certains pesticides se sont en effet révélés nocifs, en particulier ceux de la famille des organochlorés, comme le chlordécone à l’origine d’une grave pollution aux Antilles.
La pollution au chlordécone
Le chlordécone a été utilisé aux Antilles de 1981 à 1993 pour la lutte contre le charançon du bananier. Il a entraîné une pollution à grande échelle des sols et des eaux.
Cette substance s’est avérée toxique pour l’homme et on la soupçonne d’être cancérigène. Elle a aussi la propriété de persister dans le sol pendant de longues durées et de s’accumuler au long de la chaîne alimentaire.
Avant d’exploiter une parcelle pour la production de tubercules comme la patate douce, des analyses de sol doivent être menées. Malheureusement, les jardiniers amateurs antillais n’ont pas la possibilité de les faire réaliser simplement.
Par ailleurs, les pesticides sont à l’origine d’une pollution diffuse. D’après l’Inra, leur présence est détectée dans 80% des eaux de surface et dans 57 % des eaux souterraines. Vous pouvez consulter le site de l'Institut Français de l'Environnement pour plus d'information.
Les risques sanitaires
Les pesticides sont par définition des substances biologiquement actives et peuvent donc présenter un risque pour la santé humaine.
Les utilisateurs de ces produits sont les premiers concernés, qu’il s’agisse des agriculteurs ou des jardiniers amateurs. Le risque dépend à la fois de la toxicité éventuelle du produit et de l’exposition de l’utilisateur.
Il est donc fondamental de respecter toutes les précautions d’usage (port de gants, lunettes et masque) lorsque nous manipulons ces substances afin de diminuer notre exposition.
En tant que consommateur, nous sommes également exposés via les résidus de pesticides présents dans notre alimentation.
Des contrôles sont menés chaque année par les administrations françaises et européennes pour mesurer ces résidus.
En 2005, 64% des légumes analysés par la répression des fraudes ne présentaient pas de trace de pesticides. En revanche, 7% des produits dépassent les limites réglementaires et n’étaient donc pas conformes. Les 29% restant sont des légumes où l’on trouve des résidus, mais à des niveaux inférieurs aux limites réglementaires.
Les contrôles portent sur des produits entiers et non lavés. En épluchant et en lavant les fruits et légumes, on limite les risques… mais l’on perd aussi une bonne partie des vitamines et minéraux, souvent concentrés dans la peau des fruits et légumes.
Les limites réglementaires de résidus de pesticides dans l’alimentation
Pour chaque aliment susceptible de contenir des résidus, la réglementation définit une limite maximale de résidus ou LMR. Ces LMR sont fixées pour chacun des pesticides en tenant compte :
- Du risque pour la santé des consommateurs. L’expertise toxicologique permet de s’assurer qu’en dessous des LMR il n’y a pas d’effet identifié sur la santé ;
- Des bonnes pratiques agricoles : si l’agriculteur respecte les doses d’emploi et les délais de traitement avant récolte, les résidus de pesticides sur sa production sont inférieurs aux LMR.
Voir aussi Les résidus des pesticides dans les fruits en 2005 Où en est-on des pesticides dans l'Union Européenne ?
L'évaluation des produits phytosanitaires
Depuis 1991, la réglementation européenne a évolué dans le sens d’un renforcement des exigences.
Tous les pesticides jusque ici autorisés ont été soumis à une nouvelle évaluation plus approfondie et harmonisée au niveau européen. Celle-ci devrait s’achever en 2008 et, à l’issue de ce processus, de nombreuses substances seront interdites.
Ces évaluations comprennent des tests sur plusieurs espèces animales dont les mammifères. Ils permettent de déterminer la toxicité aigüe, c'est-à-dire liée à une exposition unique et forte, et la toxicité chronique, qui est liée à de faibles doses répétées.
Les effets sur l’environnement, la faune et la flore sont également pris en compte.
Par ailleurs, en 2003 et 2004, la convention de Stockholm et le Protocole d’Aarhus ont posé le principe de l’élimination des polluants organiques persistants. Seize substances, dont onze pesticides, et parmi eux le chlordécone, ont ainsi été interdites.
Les évaluations des pesticides comprennnent des tests sur plusieurs espèces animales, dont les mammifères, qui permettent de déterminer la toxicité aigüe, c'est-à-dire liée à une exposition unique et forte, et la toxicité chronique qui est liée à de faibles doses répétées.
Les effets sur l'environnement, la faune et la flore sont également pris en compte.
Vers une réduction de l'utilisation des pesticides ?
En dépit des nouvelles procédures d’évaluation, des interrogations subsistent sur les risques liés aux pesticides.
Aujourd’hui, on connaît mal les effets des mélanges de substances. Pourtant, en 2007, les contrôles officiels montraient que plus de 21% des échantillons analysés (fruits, légumes, céréales et produits transformés) contenaient plusieurs molécules actives.
Par ailleurs, les pesticides sont suspectés de perturber les systèmes hormonaux. Les femmes enceintes et les nourrissons seraient les plus exposés à ce type de risque. La question des effets à long terme de ces résidus sur la santé n'a pas trouvé à ce jour de réponse claire, faute de données et d'études scientifiques suffisamment approfondies.
Compte tenu de ces interrogations, les professionnels, agriculteurs et acteurs du monde agricole, doivent améliorer leurs pratiques pour réduire l’exposition des consommateurs à ces substances. Les collectivités locales, les gestionnaires des réseaux de transport, qui figurent parmi les utilisateurs, sont aussi appelés à agir dans ce sens. Dans le cadre du Grenelle de l’environnement, les collectivités se sont notamment engagés à réduire, puis à supprimer, l’emploi de pesticides dans les cours d'écoles.
Le plan Écophyto, mis en place par le ministère de l'Agriculture et de la Pêche suite au Grenelle de l'environnement, vise à réduier de 50% l'usage des produits phytosanitaires en agriculture, à l'horizon 2018, si possible. Il s'agit à la fois de réduire l'usage de ces produits et de limiter l'impact de ceux qui resteront indispensables pour protéger les cultures des parasites, des mauvaises herbes et des maladies.
Mais faire évoluer les pratiques suppose de soutenir le développement d’alternatives viables techniquement et économiquement. La lutte biologique, la rotation et l’association des cultures, les techniques de travail du sol sont autant de pistes sur lesquelles la recherche doit progresser. Les pesticides n’ont en effet plus vocation à être la première solution technique mais plutôt le dernier recours pour protéger les cultures.